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				      مورخان، 
				11سپتامبر و ارتش سری گلادیو 
				
				
				http://www.mondialisation.ca/les-historiens-le-11-septembre-et-les-armees-secretes-de-gladio/5383429 
				
				
				Les historiens, le 11-Septembre et les armées secrètes de Gladio
				
				
				Par Dr. 
				Daniele Ganser 
				
				
				Mondialisation.ca, 22 mai 2014 
				
				
				
				
				journalof911studies.com 
				
				  
				
				
				Les historiens d’aujourd’hui et de demain font face à un énorme 
				défi : relater les événements du 11 septembre 2001. Ce qu’ils 
				écriront sera enseigné dans les livres d’histoire. Mais que 
				raconteront-ils ? Est-ce Ben Laden qui a envoyé 19 musulmans 
				attaquer par surprise les USA ? Ou bien écriront-ils que 
				l’administration du Président George W. Bush est responsable de 
				l’attaque, soit en la concevant elle-même, soit en la laissant 
				délibérément se produire de façon à générer un choc au sein de 
				la population américaine et à créer un prétexte pour augmenter 
				drastiquement les dépenses militaires et pour attaquer 
				l’Afghanistan et l’Irak ? 
				
				
				J’ai étudié la plupart des données relatives aux événements du 
				11-Septembre, et je suis convaincu qu’une nouvelle enquête est 
				nécessaire. Mais lorsque j’ai remis en cause la narrative 
				officielle du 11/9 dans mon pays natal, la Suisse, j’ai dû faire 
				face à de vigoureux reproches de la part de nombreuses 
				personnes. On m’a par exemple demandé pourquoi un gouvernement, 
				quel qu’il soit, devrait attaquer sa propre population ou, chose 
				un peu moins criminelle, laisser délibérément un groupe étranger 
				mener une telle attaque ? Tandis que les dictatures brutales 
				comme le régime de Pol Pot au Cambodge, sont connus pour le peu 
				de considération qu’ils portent à la vie et à la dignité de 
				leurs concitoyens, on est amené à penser qu’une démocratie 
				occidentale ne se permettrait jamais un tel abus de pouvoir. Et 
				si des éléments criminels au sein d’une démocratie occidentale, 
				en Amérique du Nord ou en Europe, avaient perpétré un tel crime, 
				les élus ou les médias ne s’en rendraient-ils pas compte et ne 
				le dénonceraient-ils pas ? Est-il concevable que des criminels à 
				l’intérieur d’un gouvernement puissent mener des opérations 
				terroristes contre des citoyens innocents, lesquels soutiennent 
				ce même gouvernement au travers des impôts qu’ils paient tous 
				les ans ? 
				
				
				Est-il possible que personne ne le remarque ? Voilà des 
				questions difficiles, même pour des chercheurs spécialisés dans 
				l’histoire des guerres secrètes. En fait, il existe des exemples 
				historiques de telles opérations menées par des démocraties 
				occidentales. Dans cet article, je ne traiterai pas directement 
				du 11-Septembre, mais plutôt de ce que l’Histoire peut nous 
				apprendre. Je vous propose d’examiner certaines des informations 
				les plus récentes concernant les guerres secrètes durant la 
				Guerre froide. Il existe bel et bien une stratégie militaire 
				secrète qui utilise le terrorisme contre les populations 
				civiles. Cela s’appelle la « stratégie 
				de la tension. » Et une telle stratégie a 
				effectivement été mise en oeuvre par des démocraties 
				occidentales. 
				
				
				
				La stratégie de la tension 
				
				
				Il est sans doute correct de dire que parmi les presque 7 
				milliards d’êtres humains vivant sur Terre, moins de 1 % a un 
				jour entendu parler de « stratégie de la tension ». Et parmi 
				eux, peu nombreux sont ceux capables d’en citer quelques 
				exemples historiques. 
				
				
				Il s’agit d’une stratégie de l’ombre, connue seulement de 
				quelques militaires et d’officiers des services secrets (et de 
				quelques criminels) qui l’ont mise en place, de quelques 
				officiers de police et de juges qui l’ont combattue, et de 
				certains journalistes et chercheurs qui ont écrit à son sujet. 
				
				
				Fondamentalement, la stratégie de la tension vise à toucher le 
				côté émotionnel des gens et a pour but de répandre au maximum la 
				peur parmi le groupe visé. 
				
				
				La « tension » se réfère à la détresse émotionnelle et à la peur 
				psychologique, alors que « stratégie » correspond à la technique 
				permettant d’amener à cette détresse et à cette peur. Un 
				attentat terroriste dans un lieu public comme une gare, un 
				marché, un car de ramassage scolaire, est un exemple typique de 
				procédé auquel la stratégie de la tension fait appel. Après 
				l’attaque – et c’est là un élément essentiel – les agents 
				secrets qui l’ont commis imputent le crime à leurs opposants 
				politiques en effaçant les preuves ou en en créant de fausses. 
				
				
				Notez bien que l’objectif ultime de la stratégie de la tension 
				n’est pas de tuer ou de blesser des personnes lors d’un attentat 
				terroriste, comme le pensent la plupart des gens. Les cibles 
				sont à la fois l’opposant politique, qu’il faut discréditer par 
				cet attentat, et ceux qui ne sont pas touchés physiquement, mais 
				qui ont connaissance de l’attentat et qui sont amenés à avoir 
				peur pour leur vie et celles de leurs proches. 
				
				
				Étant donné que l’objectif de la stratégie de la tension est de 
				discréditer l’opposant et de créer la peur, les véritables 
				cibles ne sont pas les personnes qui sont tuées, que leur nombre 
				soit de quelques dizaines ou de plusieurs milliers, mais les 
				millions de gens qui ne sont pas atteints physiquement, mais 
				sont plongés dans la détresse émotionnelle. 
				
				
				La stratégie de la tension forme une partie de ce que l’on 
				appelle communément « la guerre psychologique » (Psychological 
				warfare, ou PSYWAR en anglais – NdT). Comme 
				l’indique l’expression, cette forme de guerre ne s’attaque pas 
				aux corps des êtres humains, aux tanks, navires, satellites ou 
				maisons dans le but de les détruire, mais vise les esprits, le 
				psychisme. Laissons de côté le fait que les philosophes, 
				psychologues, neurologues ou théologiens ne sont jamais parvenus 
				à définir complètement ce qu’est l’ « esprit », et partons du 
				principe, dans le cadre de cet article, qu’il s’agit simplement 
				de la capacité humaine à penser et à ressentir. Si des personnes 
				peuvent accéder à nos pensées et à notre ressenti sans que nous 
				le remarquions, elles peuvent exercer un énorme pouvoir sur 
				nous. 
				
				
				Mais si nous nous apercevons que notre psychisme est manipulé au 
				travers d’une guerre psychologique, cette technique perd alors 
				une partie de ses effets. 
				
				
				La guerre psychologique a joué un rôle central dans la Seconde 
				Guerre mondiale et toutes celles qui lui ont succédé. Elle a été 
				utilisée par les commandements américains en Europe, aux 
				Amériques, en Asie, en Australie et en Afrique. On la désigne 
				parfois sous le vocable populaire de « propagande », mais la 
				propagande est seulement une des formes de guerre psychologique. 
				La stratégie de la tension en est une autre, bien moins connue. 
				Le Département américain de la Défense définit la guerre 
				psychologique comme «  l’utilisation 
				planifiée de la propagande et d’autres actions psychologiques 
				dans le but premier d’influencer les opinions, les émotions, les 
				attitudes et les comportements de groupes étrangers hostiles, de 
				manière à contribuer à l’accomplissement d’objectifs nationaux. »[1] 
				
				
				La guerre psychologique peut prendre des formes très différentes 
				et apparemment sans liens – tracts, affiches ou reportages à la 
				télévision, tous conçus pour formater la pensée et les 
				sentiments du groupe visé. Ou bien, elle peut se manifester sous 
				la forme d’une attaque terroriste menée par des agents secrets 
				et dont on fait porter la responsabilité à un opposant 
				politique. 
				
				
				Inutile de préciser que la stratégie de la tension, version 
				terrorisme, celle qui tue des personnes innocentes, est une 
				forme de guerre psychologique bien plus brutale et radicale que 
				le largage de tracts depuis un avion survolant un territoire 
				ennemi. Mais ces deux formes de guerre psychologique ont en 
				commun le fait de viser l’esprit, les émotions et les pensées 
				des gens. 
				
				
				Je vais maintenant donner quelques exemples historiques de 
				stratégie de la tension ayant utilisé le terrorisme. 
				
				
				À ce jour, les informations les plus pertinentes sur la 
				stratégie de la tension sont sans aucun doute celles provenant 
				d’Italie, où des juges, des parlementaires et des universitaires 
				continuent de mettre en commun leurs efforts pour essayer de 
				comprendre et de détailler cette stratégie secrète. 
				
				
				
				Le juge Casson et l’attentat terroriste de Peteano 
				
				
				Le juge italien Felice Casson a redécouvert cette stratégie lors 
				de son enquête sur plusieurs attaques terroristes survenues en 
				Italie dans les années 1960, 1970 et 1980. D’après Casson, 
				l’affaire la mieux documentée dans laquelle la stratégie de la 
				tension a été utilisée s’est produite dans le village italien de 
				Peteano. C’est là que le 31 mai 1972, trois membres de la police 
				paramilitaire italienne, les Carabinieri, ont été attirés vers 
				une Fiat 500 abandonnée par un appel anonyme et ont été tués 
				lorsqu’ils ont ouvert le coffre du véhicule en déclenchant la 
				bombe qui s’y trouvait. 
				
				
				Pendant des années, cet attentat terroriste a été mis sur le 
				compte des Brigades rouges, une organisation terroriste 
				d’extrême gauche en Italie. Mais lorsque le juge Casson a 
				rouvert cette affaire, il a découvert que c’était en réalité le 
				néofasciste catholique Vincenzo Vinciguerra, un militant 
				anticommuniste, qui avait commis ce crime. 
				
				
				Casson a également découvert, à sa grande surprise, que 
				Vinciguerra n’avait pas opéré seul, mais qu’il avait été protégé 
				par des membres des services secrets militaires italiens, 
				appelés aujourd’hui SISMI (Servizio 
				per le Informazioni e la Sicurezza Militare).[2] 
				
				
				Le juge Casson a procédé à l’arrestation de Vinciguerra, lequel 
				a confirmé lors de son procès en 1984 qu’il avait été 
				relativement aisé pour lui d’échapper à la justice et de se 
				cacher, étant donné qu’une large portion de l’appareil 
				sécuritaire italien, y compris le SISMI, partageait ses 
				convictions anticommunistes, et avait par conséquent soutenu en 
				silence ces crimes afin de discréditer la gauche italienne et 
				tout particulièrement le Parti communiste (PCI), lequel était 
				relativement fort à l’époque. Après l’attentat à la bombe, 
				Vinciguerra se souvient que « c’est 
				tout un mécanisme qui s’est mis en route… Les carabiniers, le 
				ministre de l’Intérieur, les services de douane, et les services 
				secrets civils et militaires ont accepté de fait les raisons 
				idéologiques derrière cette attaque. » 
				
				
				Casson a mis en évidence le fait qu’au travers de ce crime et 
				d’autres pour lesquels on avait accusé les Brigades rouges – 
				l’ennemi politique par excellence – c’était en fait le Parti 
				communiste italien qui avait été discrédité. Les chefs des 
				services secrets militaires et les politiques ont avancé 
				qu’après ce crime, le “danger communiste” justifiait 
				l’augmentation des dépenses militaires et la réduction des 
				libertés civiles dans l’intérêt de la sécurité de l’État. De 
				cette façon, la stratégie de la tension, comme celle mise en 
				oeuvre par l’acte terroriste de Pataneo, a permis de propager la 
				peur dans toute l’Italie, de discréditer un opposant politique, 
				et de mettre en place des mesures de sécurité conservatrices. Ce 
				fut très efficace, puisque personne ne savait à l’époque que les 
				services secrets étaient derrière cette attaque.[3] 
				
				
				« En 
				ce qui concerne les services de renseignement, l’attentat de 
				Peteano fait partie de ce qui a été surnommé la stratégie de la 
				tension, » a expliqué le Juge Casson à la BBC lors 
				d’une interview en 1991. 
				
				
				La tension créée à l’intérieur du pays a servi à promouvoir des 
				tendances sociales et politiques extrêmement réactionnaires et 
				conservatrices. Alors que cette stratégie était mise en oeuvre, 
				il était nécessaire de protéger ceux qui étaient effectivement 
				derrière, puisque des preuves les impliquant étaient peu à peu 
				découvertes. 
				
				
				Des témoins ont dissimulé des informations pour couvrir les 
				extrémistes de droite.[4] 
				
				
				Vinciguerra faisait partie de l’organisation fasciste italienne, 
				Ordine Nuovo (Nouvel Ordre) qui cultivait d’étroites relations 
				avec le SISMI. Un haut membre d’Ordine Nuovo, Clemente Graziani, 
				a affirmé dans un livre paru en 1963, qu’en tant que catholique, 
				il était de son devoir de combattre par tous les moyens les 
				communistes impies, y compris par des opérations de “tension” 
				qui, à première vue peuvent paraitre brutales et immorales. Il 
				expliqua que les communistes s’étaient eux aussi engagés dans 
				des méthodes sales, et que si Ordine Nuovo n’utilisait pas le 
				terrorisme pour les combattre, ils ne seraient jamais vaincus : 
				« le 
				terrorisme a évidemment l’inconvénient de tuer aussi des 
				personnes âgées, des femmes, des enfants, » a fait 
				remarquer Graziani. Il a ajouté que « des 
				opérations de cette nature sont encore considérées comme des 
				crimes méprisables et abjects, et surtout inutiles pour vaincre 
				un conflit. Mais les standards de la guerre révolutionnaire 
				renversent ces principes moraux et humanitaires. Ces formes 
				d’intimidation terroriste sont aujourd’hui considérées non 
				seulement comme acceptables, mais absolument nécessaires. »[5] 
				
				
				
				Autres attentats terroristes 
				
				
				Peteano n’est pas un cas isolé en Italie, mais fait partie d’une 
				longue série d’attentats terroristes qui a débuté en 1969. Le 12 
				décembre de cette année-là, quatre bombes explosaient sur les 
				places publiques à Rome et Milan, tuant 16 civils innocents et 
				en blessant 80 autres ; la plupart des victimes sont tombées à 
				Milan, Piazza Fontana. Après le massacre, comme le veulent les 
				règles de la stratégie de la tension, les services secrets 
				militaires italiens, le SID, a posé des bombes dans la villa de 
				l’éditeur gauchiste bien connu, Giangiacomo Feltrinelli, de 
				façon à pouvoir accuser de terrorisme les communistes et 
				d’autres membres de l’extrême gauche.[6] Ce 
				n’est que des années plus tard qu’on a appris que Feltrinelli 
				n’avait absolument rien à voir avec ce crime et qu’en réalité, 
				l’extrême droite italienne, dont Ordine Nuovo, avait perpétré 
				ces atrocités dans le but de promouvoir la stratégie de la 
				tension. 
				
				
				Les attentats les plus meurtriers eurent lieu en 1974, environ 
				deux ans après celui de Peteano. 
				
				
				Le 28 mai, une bombe explosait lors d’une manifestation 
				anti-fasciste à Brescia, où s’étaient rassemblées plus de 3000 
				personnes, tuant 8 personnes et en blessant 102 autres. Pour 
				couvrir les traces des poseurs de bombe d’extrême droite, la 
				place avait été nettoyée au jet d’eau plusieurs heures avant que 
				les magistrats enquêteurs ne puissent se rendre sur la scène de 
				crime pour protéger les preuves. Une commission du Sénat italien 
				a plus tard fait observer que « les 
				enquêtes menées immédiatement après le massacre étaient 
				caractérisées par un tel nombre d’erreurs incroyables que cela 
				laissait sans voix. »[7] Puis, 
				le 4 août, une bombe explosait dans le train express Italicus 
				reliant Rome à Berlin, tuant 12 civils innocents et en blessant 
				48 autres. 
				
				
				Mais l’attaque la plus meurtrière eut lieu en 1980, un samedi 
				après-midi chaud et ensoleillé qui se trouvait aussi être le 
				premier jour des grandes vacances d’été en Italie. Une explosion 
				massive ravagea la salle d’attente de seconde classe à la gare 
				de Bologne, tuant 85 personnes lors de la déflagration et 
				faisant 200 blessés. 
				
				
				
				La raison de ces attaques 
				
				
				Cette série d’attentats terroristes jeta le discrédit sur les 
				communistes italiens et propagea la terreur parmi la population 
				italienne, étant donné que personne ne savait qui allait être le 
				prochain sur la liste. Il était impossible de protéger 
				l’ensemble des infrastructures de transport, sans parler des 
				places publiques, et il était donc clair pour tous les 
				spécialistes en sécurité de l’époque que les sociétés 
				démocratiques seraient toujours vulnérables à ce genre 
				d’attentats terroristes. « Il 
				fallait s’en prendre aux civils, au peuple, aux femmes, aux 
				enfants, aux anonymes sans lien avec un quelconque jeu 
				politique, » a déclaré le néofasciste Vincenzo 
				Vinciguerra après son arrestation, lorsqu’il détailla la 
				stratégie de la tension à laquelle il avait lui-même participé. 
				
				
				« La 
				raison en est très simple, » a-t-il ajouté : « [ces 
				actions] étaient censées forcer les gens, le peuple italien, à 
				se tourner vers l’État pour demander plus de sécurité. C’était 
				la logique politique derrière tous ces massacres et les 
				attentats à la bombe qui restèrent impunis, du fait que l’État 
				ne peut pas s’accuser lui-même, ou se déclarer lui-même 
				responsable pour ce qui s’est passé. »[8] 
				
				
				
				Les révélations sur Gladio 
				
				
				Le juge italien Felice Casson, qui avait redécouvert la 
				stratégie de la tension, voulait savoir pourquoi des individus 
				au sein même du gouvernement et des services secrets italiens 
				avaient soutenu cette stratégie criminelle. 
				
				
				Après l’arrestation de Vinciguerra, le poseur de bombe de 
				Peteano, il décida d’en savoir plus. « Je voulais  faire la 
				lumière sur ces années de mensonges et de mystères, c’est tout.  
				[Je voulais] que l’Italie, pour une fois, connaisse la vérité. »[9] À 
				l’été 1990, le juge Casson a demandé l’autorisation au premier 
				ministre italien Giulio Andreotti de pouvoir fouiller dans les 
				archives des services secrets militaires (SISMI) à Rome. 
				
				
				Permission lui fut accordée, et Casson fit une découverte 
				sensationnelle : il découvrit que sous le nom de code « Gladio » 
				(glaive), se cachait une armée secrète qui avait été mise en 
				place par les services de renseignement militaires italiens en 
				étroite collaboration avec la CIA dans les années qui avaient 
				suivi la Seconde Guerre mondiale. Cette armée secrète devait 
				fonctionne comme une unité de guérilla en cas d’invasion et 
				d’occupation de l’Italie par l’armée soviétique. Les données 
				mises à jour par Casson indiquaient que cette mystérieuse armée 
				Gladio était liée à l’OTAN et qu’en l’absence d’invasion de la 
				part des Soviétiques, elle semblait avoir manipulé la politique 
				italienne au travers d’un certain nombre d’actions secrètes 
				pendant la guerre froide dans le but d’affaiblir les communistes 
				italiens. 
				
				
				Casson informa par voie confidentielle une commission 
				parlementaire de ses recherches qui allaient bien au-delà de son 
				enquête initiale. Ce fut une surprise totale pour les Sénateurs, 
				et le 2 août 1990, le premier ministre et chef de l’exécutif 
				italien, Giulio Andreotti, ordonna « d’informer le parlement 
				dans les 60 jours à venir au sujet de l’existence, des 
				caractéristiques et des raisons d’être d’une structure parallèle 
				occulte dont on dit qu’elle a opéré au sein de nos services de 
				renseignements militaires, avec l’objectif de conditionner la 
				vie politique du pays. »[10] 
				
				
				Le 24 octobre 1990, Andreotti remit un rapport de 10 pages 
				intitulé « Ce 
				qu’on appelle le ‘SID parallèle’ –  ou Affaire Gladio » 
				à la Commission d’enquête du Sénat dirigée par le sénateur 
				Gualtieri. Le rapport d’Andreotti confirmait l’existence d’une 
				armée secrète à l’intérieur des services secrets militaires, 
				connue sous le nom de code de “Gladio”. Andreotti ajouta que 
				cette structure existait toujours et était opérationnelle. Ne 
				voulant pas endosser seul toutes les conséquences de ces 
				accusations de conspiration, Andreotti insista le jour même 
				devant le parlement sur le fait que « chacun 
				des chefs de gouvernements avait été mis au courant de 
				l’existence de Gladio. »[11] Cette 
				affirmation mettait notamment en cause l’ex-premier ministre 
				Bettino Craxi (1983-1987) et surtout Francesco Cossiga, un 
				ancien premier ministre (1978 – 1979) qui occupait le poste de 
				président en 1990. 
				
				
				Les hauts magistrats furent obligés de prendre position. Craxi 
				affirma qu’il n’avait pas été informé, jusqu’au moment où il fut 
				confronté à un document sur Gladio portant sa propre signature 
				en tant que premier ministre. Cossiga expliqua qu’il était « fier 
				d’avoir pu garder le secret pendant 45 ans. »[12] 
				
				
				Dans son rapport, Andreotti confirmait les découvertes de 
				Casson, et expliquait que Gladio était la branche italienne 
				d’une armée secrète “Stay-Behind” 
				mise en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par la 
				CIA et le SIFAR, dans le cadre d’un réseau international de 
				groupes clandestins de résistance dans les pays de l’OTAN, pour 
				combattre une éventuelle invasion soviétique. En cas d’invasion, 
				les armées Stay-Behind devraient 
				organiser un mouvement de résistance et opérer derrière les 
				lignes ennemies. Ces armées étaient supervisées et coordonnées 
				par deux centres top-secret de guerre non conventionnelle de 
				l’OTAN nommés Allied 
				Clandestine Committee (ACC) et Clandestine 
				Planning Committee (CPC). 
				
				
				Andreotti raconta qu’ « une fois constituée cette organisation 
				de résistance secrète, l’Italie était appelée à participer… aux 
				tâches du CCP (Clandestine 
				Planning Committee) fondé en 1959, opérant au sein 
				du SHAPE [Supreme 
				Headquarters Allied Powers Europe,  de l'OTAN]… 
				; en 1964, les services secrets italiens intégrèrent également 
				l’ACC (Allied 
				Clandestine Committee).[13] 
				
				
				Ayant à faire face à des protestations acerbes de la presse 
				italienne, Andreotti affirma que les services secrets italiens 
				en général, et les membres de Gladio en particulier, n’avaient 
				rien à voir avec le terrorisme que l’Italie avait subi durant la 
				Guerre froide 
				
				
				Il expliqua que « les 
				individus présélectionnés n’ont pas de casier judiciaire, ne 
				font partie d’aucun mouvement politique et ne participent en 
				aucune manière à un quelconque mouvement extrémiste. 
				»[14] 
				
				
				Vinciguerra, le poseur de bombe de Peteano, qui s’était trouvé 
				au coeur de la stratégie de la tension, dément ces affirmations. 
				Dès la tenue de son procès en 1984, il avait déclaré : « Avec 
				l’attentat de Peteano et tous ceux qui ont suivi, plus personne 
				ne devrait douter de l’existence d’une structure active et 
				clandestine, capable d’élaborer dans l’ombre une telle stratégie 
				de tueries. Cette structure, » poursuivait-il, « est 
				imbriquée dans les organes mêmes du pouvoir. Il existe en Italie 
				une organisation parallèle aux forces armées, composée de civils 
				et de militaires, et à vocation antisoviétique, c’est-à-dire 
				destinée à organiser la résistance contre une éventuelle 
				occupation du sol italien par l’Armée rouge. » Sans 
				citer le nom de Gladio, Vinciguerra était clairement en train de 
				parler de l’armée secrète, plusieurs années avant que le premier 
				ministre Andreotti confirme son existence. Vinciguerra la 
				décrivit en 1984 comme « une 
				organisation secrète, une super organisation disposant de son 
				propre réseau de communications, d’armes d’explosifs et d’hommes 
				formés pour s’en servir. » Il insista sur le fait 
				que cette « super-organisation, 
				en l’absence d’invasion soviétique, avait reçu de l’OTAN l’ordre 
				de lutter contre un glissement à gauche du pouvoir dans le pays. 
				Et c’est ce qu’ils ont fait, avec le soutien des services 
				secrets de l’État, du pouvoir politique et de l’armée. »[15] 
				
				
				Les précédents chefs des services de renseignements italiens 
				furent choqués par les révélations du premier ministre 
				Andreotti, qui avait révélé ce que beaucoup considéraient comme 
				l’un des plus grands secrets. Le Général Vito Miceli, chef du 
				Renseignement italien de 1970 à 1974, protesta dans la presse 
				italienne : « J’ai 
				été emprisonné parce que je refusais de révéler l’existence de 
				cette super-organisation secrète, et voilà qu’Andreotti s’amène 
				devant le Parlement et raconte tout ! »[16] 
				
				
				La presse italienne se montra très critique à propos des 
				révélations sur Gladio et sur le fait que la CIA avait joué un 
				rôle central dans cette opération secrète. Le quotidien La 
				Stampa commenta : « Aucune 
				raison d’État ne peut justifier que l’on entretienne, couvre ou 
				défende une structure militaire secrète composée d’éléments 
				recrutés sur des critères idéologiques – dépendant ou, au 
				minimum, sous l’influence d’une puissance étrangère -, et 
				servent d’instrument pour un combat politique. Il n’y a pas de 
				mot pour qualifier cela, si ce n’est ‘haute trahison’ ou ‘crime 
				contre la Constitution.’ »[17] 
				
				
				Le parti communiste italien (PCI), convaincu que c’était lui et 
				non des troupes étrangères, qui était la vraie cible des armées 
				Gladio durant toute la période de la Guerre froide, fut 
				particulièrement scandalisé : « Avec 
				ce mystérieux SID parallèle, fomenté pour faire obstacle à un 
				impossible coup d’État de la gauche, nous avons surtout risqué 
				de nous exposer à un coup d’État de la droite… Nous ne pouvons 
				pas croire à cela…, que ce super-SID ait été accepté comme un 
				outil militaire destiné à opérer ‘dans le cas d’une occupation 
				ennemie’. Le seul véritable ennemi est et a toujours été le 
				parti communiste italien, c’est-à-dire un ennemi de l’intérieur. » [18] 
				
				
				
				Le rôle de la CIA 
				
				
				Aux États-Unis, cette affaire a été parfaitement ignorée par les 
				médias. Dans l’un des rares articles traitant du sujet, le Washington 
				Post, titrant « “CIA 
				Organized Secret Army in Western Europe; Paramilitary Force 
				Created to Resist Soviet Occupation” (La CIA 
				organise une armée secrète en Europe de l’Ouest ; des forces 
				paramilitaires créées pour résister à une occupation 
				soviétique), expliquait qu’un officier du renseignement avait, 
				sous couvert d’anonymat, déclaré : « Cette 
				opération concerne uniquement  l’Italie. Nous n’avons aucun 
				contrôle sur elle. S’il y a des allégations selon lesquelles la 
				CIA est impliquée dans des activités terroristes en Italie, 
				elles sont totalement dépourvues de sens. »[19] 
				
				
				Il est extrêmement difficile de faire des recherches et de 
				clarifier les détails des opérations de stratégie de la tension, 
				car personne n’est prêt à confirmer publiquement qu’un tel a 
				ordonné ceci, ou qu’un autre a participé à une opération 
				terroriste qui a fait des victimes parmi les civils innocents et 
				a jeté l’effroi parmi la population visée avant d’accuser un 
				ennemi politique de l’avoir perpétrée. Si, comme dans le cas de 
				l’Italie, différents services de renseignement sont impliqués, 
				en l’occurrence le SISMI italien et la CIA américaine, alors la 
				tâche devient encore plus ardue, car les services commencent à 
				s’accuser et à se contredire mutuellement. 
				
				
				À la différence de l’officier anonyme du renseignement US cité 
				par le Washington 
				Post qui accusait implicitement les Italiens pour la 
				campagne de terreur subie par leur pays, le chercheur Philip 
				Willan a affirmé que le gouvernement US et sa communauté du 
				renseignement en étaient responsables : « Il 
				est loin d’être aisé de déterminer qui était responsable des 
				décisions au jour le jour quant à la stratégie de la tension. 
				Mais il ne fait pratiquement aucun doute que la responsabilité 
				globale pour cette stratégie repose sur les épaules du 
				gouvernement et des services secrets des États-Unis… Des 
				questions restent à propos de l’adoption de méthode ayant amené 
				à la mort de centaines de victimes innocentes. »[20] 
				
				
				Lors d’une émission télévisée italienne en 1990, l’amiral 
				Stansfiels Turner, directeur de la CIA entre 1977 et 1981, ne 
				voulut pas confirmer les déclarations de Willan et refusa 
				obstinément de répondre aux questions sur Gladio. Par respect 
				pour les victimes des nombreux massacres, le journaliste italien 
				qui menait l’interview insista pour que Turner clarifie ce 
				qu’était la stratégie de la tension. Turner arracha alors son 
				micro et cria : « j’ai 
				dit, pas de questions sur Gladio ! » et l’interview 
				prit fin.[21] 
				
				
				Certains officiers de la CIA se sont montrés plus bavards sur 
				les stratégies secrètes durant la Guerre froide et sur les 
				opérations illicites de la CIA. L’un d’eux s’appelle Thomas 
				Polgar, retraité en 1981 après une carrière de 30 ans à la CIA. 
				Questionné sur les armées secrètes de Gladio en Europe, Polgar 
				confirma que les armées secrètes Stay-Behind étaient 
				coordonnées « par 
				une sorte de groupe de planification de guerre non 
				conventionnelle lié à l’OTAN. » Polgar insista sur 
				le fait que « tous 
				les services secrets nationaux avaient été impliqués à un degré 
				ou à un autre, » ajoutant qu’« en 
				Italie dans les années 1970, certaines personnes étaient allées 
				un peu plus loin que la charte définie par l’OTAN. »[22] 
				
				
				Des membres du Parlement italien décidèrent de creuser 
				davantage. Huit sénateurs, la plupart appartenant au parti 
				démocratique de gauche (PDS pour Partito 
				Democratico della Sinistra), qui avait remplacé 
				l’ancien PCI après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, 
				poursuivirent leur enquête sur Gladio et la stratégie de la 
				tension. 
				
				
				Sous la présidence du sénateur Giovanni Pellegrini, ils 
				entendirent des témoins, prirent connaissance des documents et 
				présentèrent un rapport de 326 pages en 2000.[23] Les 
				anciens communistes conclurent que pendant la Guerre froide, 
				l’armée secrète Gladio avait, avec la CIA, les services secrets 
				militaires et certains néofascistes italiens, combattu les 
				communistes et les socialistes italiens de peur de trahir l’OTAN 
				« de 
				l’intérieur. » Le rapport expliquait que « ces 
				massacres, ces bombes, ces opérations militaires avaient été 
				organisés, promus, ou soutenus par des hommes à l’intérieur des 
				institutions italiennes, et comme cela a été découvert plus 
				récemment, par des gens liés aux structures de renseignement des 
				États-Unis. »[24] 
				
				
				D’après les importantes découvertes du Sénat italien, la 
				stratégie de la tension avait donc ét�� mise en oeuvre par des 
				membres appartenant aussi bien aux communautés de sécurité 
				nationale italiennes qu’américaines, dont la CIA et le SISMI, 
				qui avaient établi des liens avec des extrémistes pour poser les 
				bombes. Le Général Giandelio Maletti, ancien chef des services 
				de contre-espionnage italiens, l’a confirmé en mars 2001, 
				quelques mois seulement avant les attentats terroristes du 11 
				septembre 2001. 
				
				
				Lors d’un procès contre des membres d’extrême droite accusés 
				d’être impliqués dans le massacre en 1969 de Piazza FOntana à 
				Milan, le Général Maletti a déclaré : « La 
				CIA, appliquant les directives de son gouvernement, voulait 
				créer un nationalisme italien capable de stopper ce qu’elle 
				voyait comme un glissement à gauche, et pour cette raison, elle 
				peut avoir utilisé le terrorisme d’extrême droite… L’impression 
				générale était que les Américains étaient prêts à tout pour 
				arrêter le glissement de l’Italie à gauche. » Et il 
				a ajouté : « N’oubliez pas que Nixon était au pouvoir et que 
				c’était un homme étrange, un politicien très intelligent, mais 
				aussi quelqu’un qui prenait des initiatives peu orthodoxes. »[25] 
				
				
				
				Enquêtes aux États-Unis 
				
				
				Aux États-Unis, mis à part le travail souvent ignoré et pourtant 
				important de Jeffrey Mackenzie Bale[26], 
				il n’y a eu pratiquement aucunes recherches au sujet des 
				opérations de stratégie de la tension en Italie sponsorisées par 
				les USA. Arthur Rowse, un ancien employé du Washington 
				Post, est l’un des autres rares Américains à avoir 
				parlé de ce phénomène. Dans la conclusion d’un de ses précieux 
				articles, il dressait les “leçons de Gladio” dans ces termes : 
				« Aussi 
				longtemps que le public américain restera dans l’ignorance de ce 
				chapitre noir des relations étrangères américaines, les agences 
				qui en sont responsables ne subiront que peu de pression pour 
				modifier leurs méthodes. » Il ajoutait : « La 
				fin de la Guerre froide… a changé peu de choses à Washington. 
				Les USA… attendent toujours un véritable débat national sur la 
				fin, les moyens et les coûts de notre politique nationale de 
				sécurité. »[27] 
				
				
				La découverte en Italie des armées Stay-Behind de 
				l’OTAN en 1990 et le débat qui s’en est suivi sur la stratégie 
				de la tension eut des implications internationales importantes. 
				Alors que le détail de cette opération émergeait, le Timesde 
				Londres conclut que « cette 
				histoire semble sortie tout droit d’un roman policier. »[28] Pendant 
				un bref instant, le public a pu entrevoir le monde secret du 
				terrorisme, les mensonges, les opérations secrètes [cover-ups]. 
				La presse britannique conclut que « Gladio, avec sa stratégie de 
				la tension, était l’un des secrets politico-militaires les mieux 
				gardés et les plus néfastes depuis la Seconde Guerre mondiale. »[29] 
				
				
				
				La réponse de l’OTAN 
				
				
				En révélant que l’OTAN coordonnait le réseau international 
				secret dont Gladio était seulement l’une des branches, Andreotti 
				avait mis une grosse pression sur le quartier général de l’OTAN 
				en Belgique. Mes recherches ultérieures ont confirmé que des 
				armées secrètes Stay-Behind ont 
				existé dans tous les pays d’Europe de l’Ouest, opérant sous 
				différents noms de code : au Danemark “Absalon“, en Allemagne 
				“TD BDJ“, en Grèce “LOK“, au Luxembourg “Stay-Behind“, aux 
				Pays-Bas “I&O“, en Norvège “ROC,” au Portugal “Aginter,” en 
				Suisse “P26,” en Turquie “Counter-Guerrilla,” et en Autriche 
				“OWSGV.”[30] 
				
				
				L’OTAN, la plus grande alliance militaire au monde, réagit de 
				manière confuse aux révélations sur ce réseau secret, en 
				diffusant deux commentaires contradictoires. Le 5 novembre 1990, 
				après presque un mois de silence, l’OTAN nia catégoriquement les 
				allégations d’Andreotti au sujet de l’implication de l’OTAN dans 
				l’opération Gladio et ses armées secrètes. Jean Marcotta, 
				porte-parole sénior de l’OTAN, déclara depuis le quartier 
				général de l’OTAN à Mons en Belgique, que « l’OTAN 
				n’a jamais considéré la guérilla ou les opérations clandestines 
				; elle s’est toujours occupée d’affaires militaires et de la 
				défense des frontières alliées. »[31]  
				Pourtant, le 6 novembre 1990, un autre porte-parole de l’OTAN 
				expliqua que le démenti de l’OTAN formulé les jours précédents 
				était faux. Par la suite, l’OTAN se contenta d’un court 
				communiqué à l’adresse des journalistes, expliquant que l’OTAN 
				ne faisait pas de commentaires sur des affaires relevant du 
				secret militaire et que Marcotta n’aurait rien dû dire du tout.[32] La 
				presse internationale protesta contre les politiques malsaines 
				de relations publiques de l’alliance militaire, et un journal 
				britannique écrivit : « Alors 
				que le continent subit choc après choc, un porte-parole de 
				l’OTAN formule un démenti : ‘’aucune connaissance de Gladio ou 
				de Stay-Behind’’. Puis, un communiqué de sept mots annonça que 
				ce démenti était “incorrect”, sans en dire plus. »[33] 
				
				
				Afin de clarifier la position de l’OTAN, j’ai appelé leur Bureau 
				de la Sécurité où Isabelle Jacob m’a informé qu’il était peu 
				probable que quiconque réponde à des questions sensibles sur 
				Gladio, et m’a conseillé de coucher par écrit ces questions et 
				de les leur faire parvenir par mon ambassade. La mission suisse 
				de l’OTAN à Bruxelles fit alors suivre mes questions sur Gladio 
				à l’OTAN, l’une d’elles étant : « Pourquoi 
				le porte-parole sénior de l’OTAN, Marcotta, a-t-il démenti 
				catégoriquement le 5 novembre 1990 toute connexion entre l’OTAN 
				et Gladio, tandis que le 7 novembre, un autre porte-parole de 
				l’OTAN affirmait que la déclaration formulée par Marcotta deux 
				jours auparavant était fausse ?» 
				
				
				En mai 2001, le chef du service de presse et des services médias 
				de l’OTAN, Lee McClenny, se fendit d’un simple démenti : « Je 
				ne suis pas au courant qu’un lien quelconque entre l’OTAN et 
				l’Opération Gladio’. De plus, je ne trouve aucun document 
				indiquant que quelqu’un du nom de Jean Marcotta ait été un 
				porte-parole de l’OTAN. »[34] 
				
				
				Mais en coulisses, l’OTAN fut forcée de communiquer plus 
				ouvertement sur cette affaire sensible de Gladio, comme le 
				révèlent d’autres sources. Après la débâcle des communiqués 
				publics, le secrétaire général de l’OTAN, Manfred Wörner, briefa 
				à huis clos les différents ambassadeurs de l’OTAN sur Stay-Behind, 
				le 7 novembre 1990. Un article paru dans la presse espagnole, 
				commentait ce briefing : « Le 
				SHAPE (Supreme Headquarters Allied Powers Europe) qui est 
				l’organe dirigeant de l’appareil militaire de l’OTAN, a 
				coordonné les actions de Gladio, d’après les révélations du 
				Secrétaire général Manfred Wörner lors d’une réunion avec les 
				ambassadeurs de l’OTAN des 16 nations alliées. » 
				
				
				L’article ajoutait que « Wörner avait, semble-t-il, demandé plus 
				de temps, de façon à pouvoir mener une enquête sur la fameuse 
				déclaration “aucune connaissance” » formulée par l’OTAN la 
				veille. « Ces 
				précisions ont été présentées à l’occasion de la réunion du 
				Conseil Atlantique au niveau des ambassadeurs, qui, selon 
				certaines sources, se tint le 7 novembre. »[35] 
				
				
				Selon ce même article, Manfred Wörner, le secrétaire général de 
				l’OTAN, avait lui-même été briefé par un officier de haut rang 
				de l’OTAN en Europe, le général américain John Galvin, suppléant 
				du Commandant suprême des forces alliées en Europe (Supreme 
				Allied Commander Europe, ou SACEUR). 
				
				
				Au cours de cette réunion à huis clos, le secrétaire général de 
				l’OTAN expliqua que le militaire en question – autrement dit le 
				général John Galvin, Commandant suprême des forces alliées en 
				Europe -, avait indiqué que le SHAPE coordonnait les opérations 
				de Gladio. 
				
				
				À partir de ce moment-là, la position officielle de l’OTAN fut 
				de ne plus commenter des secrets officiels.[36] 
				
				
				L’OTAN n’a jamais fait de commentaires publics sur la stratégie 
				de la tension, ou sur le fait que des plans ou du personnel de 
				l’OTAN aient été impliqués, et n’a divulgué aucun autre détail 
				sur les armées secrètes. « Étant 
				donné qu’il s’agit d’une organisation secrète, je ne m’attends 
				pas à ce qu’il soit répondu à beaucoup de questions, même si la 
				Guerre froide est terminée, » a déclaré à la presse 
				un diplomate de l’OTAN, qui a insisté pour rester anonyme. «S’il 
				existait le moindre lien avec des organisations terroristes, ce 
				genre d’information serait enterrée très profondément. Sinon, 
				qu’y a-t-il de mal à prendre des précautions pour organiser la 
				résistance si vous pensez que les Soviétiques pourraient 
				attaquer ? »[37] 
				
				
				Ce refus de commenter de la part de l’OTAN ne fut pas du goût du 
				parlement européen, lequel dans une résolution spéciale sur les 
				armées secrètes et la stratégie de la tension, déclara sèchement 
				que « ces 
				organisations opèrent et continuent d’opérer en dehors de tout 
				cadre légal, et ne sont soumises à aucun contrôle parlementaire. » 
				
				
				Le parlement écrivit ensuite qu’il « appell[ait] 
				à une enquête complète sur la nature, la structure, les 
				objectifs et tous les autres aspects de ces organisations 
				clandestines. » Une telle enquête ne vit cependant 
				jamais le jour, du fait qu’aussi bien l’OTAN que ses États 
				membres étaient préoccupés par les problèmes qu’une telle 
				enquête pourrait créer. Pourtant le parlement européen déclara 
				clairement qu’il « protestait 
				vigoureusement contre les déclarations de certains officiers 
				américains de SHAPE et de l’OTAN à propos de leur droit 
				d’encourager l’établissement en Europe d’un service secret 
				clandestin et d’un réseau opérationnel. » Et les 
				choses en restèrent là.[38] 
				
				
				
				En France 
				
				
				
				 
				 
				
				
				
				
				
				Comme nous l’avons mentionné, l’Italie ne fut pas le seul pays 
				où des réseaux Stay-Behind furent 
				impliqués dans des opérations de stratégie de la tension. Des 
				opérations terroristes contre la population civile eurent lieu 
				également en Belgique, en Turquie et en Grèce. Comme en Italie, 
				les armées secrètes ont été formées et équipées par la CIA et 
				son homologue britannique, le MI6, et ont opéré comme une 
				branche secrète des services secrets militaires du pays. Les 
				opérations dans ces trois pays sont détaillées dans mon livre « Les 
				armées secrètes de l’OTAN »[39] Dans 
				le présent article, je n’ai la place que pour une brève 
				discussion sur les opérations en France. Les révélations du 
				premier ministre italien Giulio Andreotti prirent par surprise 
				François Mittérrand, le président socialiste français de 1981 à 
				1995.  Alors qu’il était interrogé par la presse française 
				en 1990, Mitterrand tenta de se distancier de l’affaire des 
				armées secrètes en France, affirmant qu’elles avaient été 
				dissoutes depuis longtemps. Il a notamment déclaré : « Lorsque 
				je suis arrivé, il n’y avait plus grand-chose à dissoudre. Juste 
				quelques vestiges, dont j’ai appris l’existence avec étonnement, 
				car tout le monde avait oublié de m’en parler. »[40] 
				
				
				Mais le premier ministre italien Andreotti ne parut pas 
				apprécier particulièrement la manière dont la Grande Nation [en 
				français dans le texte – NdT] essayait de minimiser son rôle 
				dans le complot Stay-Behind. 
				Il déclara sans ambages à la presse que l’armée secrète en 
				France, loin d’avoir été dissoute depuis longtemps, avait 
				récemment – le 24 octobre 1990 – envoyé des représentants à une 
				réunion secrète au comité d’Allied 
				Clandestine Committee(ACC) de l’OTAN sur Stay-Behind à 
				Bruxelles. Lorsque ces allégations furent confirmées, cela créa 
				un embarras certain à Paris. Mitterrand se refusa alors à tout 
				commentaire. 
				
				
				Un officier de la CIA à la retraite, Edward Barnes, qui avait 
				travaillé en France durant la 4e république avant de quitter le 
				pays en 1956, voulut apporter plus de précisions. Barnes 
				expliqua qu’alors que la menace d’un parti communiste fort 
				persistait en France, les services secrets militaires (SDECE, 
				pour Service de Documentation extérieure et de 
				Contre-Espionnage), sous la direction d’Henri Alexis Ribière, 
				mit sur pied une armée secrète anticommuniste. « Il 
				y avait probablement beaucoup de Français qui voulaient être 
				prêts si quelque chose se produisait, » indiqua 
				Barnes. Se rappelant son propre travail en France, il expliqua 
				que l’invasion soviétique était la première raison d’être de 
				l’armée secrète française, mais que la promotion d’activités 
				politiques anticommunistes dans le pays « pourrait 
				avoir constitué une deuxième motivation. »[41] 
				
				
				
				Actions terroristes en Algérie 
				
				
				Au début des années 1960, une grande partie de l’armée française 
				et des services secrets commencèrent à désapprouver fortement 
				l’intention du président Charles de Gaulle de permettre à 
				l’Algérie, une ancienne colonie, de devenir indépendante. 
				L’armée secrète, percevant De Gaulle comme un ennemi, s’engagea 
				d’évidence dans des opérations de stratégie de la tension contre 
				ce projet. Certaines “actions terroristes” contre De Gaulle et 
				son plan de paix pour l’Algérie furent menées par des groupes 
				qui incluaient “un nombre limité d’individus” du réseau Stay-Behind français, 
				comme l’admit en 1990 l’amiral Pierre Lacoste, ex-directeur des 
				services de renseignements français (DGSE, ancien SDECE). 
				Lacoste, qui a démissionné en 1985 après que la DGSE eut fait 
				exploser le Rainbow Warrior, le navire de Greenpeace alors que 
				celui-ci protestait contre les essais nucléaires dans le 
				Pacifique, a déclaré que malgré ses liens avec le terrorisme, le 
				programme Stay-Behind en 
				France était justifié par les éventuels plans d’invasion 
				soviétique.[42] 
				
				
				Un des promoteurs des techniques de terreur de la stratégie de 
				la tension était Yves Guerin-Serac, un militant catholique 
				anticommuniste. C’était un spécialiste de la guerre de l’ombre, 
				il avait servi en Corée, au Vietnam et (en tant que membre de la 
				11e demi-brigade parachutiste de choc), pendant la guerre 
				d’Algérie. L’écrivain et spécialiste des services secrets 
				français, Roger Faligot, appelait cette unité « le 
				fer de lance de la guerre clandestine en Algérie entre 1954 et 
				1962. »[43] En 
				1954, environ 300 hommes appartenant à cette unité spéciale 
				avaient débarqué en Algérie. La plupart avaient une grande 
				expérience des opérations secrètes et de la guérilla, puisqu’ils 
				arrivaient directement du Vietnam après que la défaite de la 
				France lors de la bataille de Diên Biên Phu ait mis fin aux 
				velléités de la France de recoloniser ce pays. La mission de 
				Serac et de ses collègues était parfaitement claire : abattre le 
				Front le Libération algérien (FLN) en Afrique du Nord par tous 
				les moyens, après les humiliantes défaites de la Seconde Guerre 
				mondiale et du Vietnam. Ces efforts incluaient l’appel à des 
				opérations de stratégie de la tension visant à discréditer le 
				mouvement de libération algérien. 
				
				
				Après la défaite de la France et la déclaration d’indépendance 
				de l’Algérie en 1962, la guerre secrète ne prit pas fin pour 
				Guerin-Serac, qui tout comme un certain nombre d’autres 
				officiers, se sentaient trahis par le gouvernement français et 
				décidèrent de continuer leur guerre secrète. 
				
				
				Serac savait exactement comment mener des opérations de 
				stratégie de la tension pour discréditer les communistes et les 
				membres des mouvements de libération tout autour du globe. Dans 
				un texte de novembre 1969, « Notre 
				activité politique », Serac et d’autres officiers 
				soulignèrent le fait qu’ils avaient dû infiltrer l’ennemi, et 
				perpétrer des atrocités en son nom. Ils écrivaient : « La 
				première phase de notre activité politique consiste à créer le 
				chaos dans toutes les structures du régime… La destruction de 
				l’État démocratique doit s’opérer autant que possible sous 
				couvert d’activités communistes et prochinoises… De plus, nous 
				avons des gens infiltrés dans ces groupes et évidemment, nous 
				devons adapter nos actions à l’esprit de ce milieu – par la 
				propagande et des actions d’un genre qui semble émaner de nos 
				adversaires communistes… Cela créera un sentiment d’hostilité 
				envers ceux qui menacent la sécurité dans chacun de ces pays, et 
				nous devons en même temps nous dresser comme les défenseurs des 
				citoyens contre la désintégration qu’apportent le terrorisme et 
				la subversion. »[44] 
				
				
				Le juge italien Guido Salvini, qui a enquêté sur la stratégie de 
				la tension, a montré que Serac avait effectivement mené à bien 
				ses plans de stratégie de la tension. Il écrivit : « En 1975, le 
				groupe Guerin-Serac, avec l’Américain Salby et des militants 
				d’extrême droite français, italiens et espagnols, organisèrent 
				une série d’attentats à la bombe… Les bombes visaient les 
				ambassades algériennes dans différents pays, la France, 
				l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne… En réalité, ces 
				attentats étaient l’oeuvre du groupe de Guerin-Serac, qui 
				montrait par là ses grandes facultés de camouflage et 
				d’infiltration… La bombe posée devant l’ambassade algérienne à 
				Frankfort n’explosa pas, et fut méticuleusement analysée par la 
				police allemande… Il faut noter la particulière complexité de 
				fabrication de cette bombe. Elle contenait du C4, un explosif 
				utilisé exclusivement par les forces US qui n’a jamais été 
				utilisé dans aucun attentat par des anarchistes. »[45] 
				
				
				Ces révélations sur Guerin-Serac ainsi que leurs propres 
				affirmations fournissent des preuves évidentes que les armées 
				secrètes en Europe de l’Ouest ont utilisé le terrorisme et tué 
				des civils innocents pour mener à bien leurs objectifs 
				politiques. Ces armées secrètes, comme nous l’avons vu, 
				opéraient sous la supervision de la CIA et de l’OTAN, 
				c’est-à-dire sous le contrôle d’agents militaire et de 
				renseignement américain. 
				
				
				Mais revenons à la question des opérations de stratégie de la 
				tension aux USA. 
				
				
				
				Aux États-Unis 
				
				
				Aux États-Unis, la stratégie de la tension fut largement prônée 
				au début des années 1960 par les plus hauts gradés du Pentagone 
				– le général Lyman Lemnitzer, Chef d’état-major interarmes -, 
				comme moyen de convaincre l’opinion publique américaine de la 
				nécessité d’envahir Cuba et de renverser Fidel Castro. 
				Lemnitzer, qui mourut en 1988, était l’un des officiers de haut 
				rang envoyés par les USA pour négocier la reddition de l’Italie 
				en 1943 et celle de l’Allemagne en 1945. Après avoir combattu en 
				Corée, il devint en 1960 chef d’état-major interarmes. Après le 
				fiasco de la CIA lors de la tentative d’invasion de la Baie des 
				Cochons en 1961, les plus hauts dirigeants du Pentagone, dont 
				Lemnitzer, avancèrent que les techniques de stratégie de la 
				tension devaient être utilisées contre la population américaine 
				afin de créer un prétexte pour entrer en guerre. Sous le nom d’ 
				« Opération Northwood », ils mirent au point un ensemble 
				d’opérations combinées de stratégie de la tension visant à 
				choquer l’opinion publique US et à discréditer Fidel Castro. 
				
				
				À cette époque, le président John F. Kennedy et son ministre de 
				la Défense, Robert McNamara, s’opposèrent à de telles actions, 
				qui impliquaient la mort de citoyens américains et la 
				manipulation sur une vaste échelle de la population américaine. 
				Le plan de Lemnitzer fut ainsi rangé dans les tiroirs.[46] 
				
				
				Comme pour la plupart des opérations de stratégie de la tension, 
				il se passa de nombreuses années avant que l’opinion publique 
				n’ait connaissance de l’Opération Northwood. C’est grâce au 
				remarquable chercheur américain James Bamford que les documents 
				sur l’opération top secrète Northwood furent portés à la 
				connaissance du public en avril 2001, quelques mois seulement 
				avant les attentats terroristes du 11-Septembre, lorsque Bamford 
				publia son livre : Body 
				of Secrets: An Anatomy of the Ultra Secret National Security 
				Agency. Cela se produisit donc 40 ans après que les 
				plans de Northwoods aient été classés « top-secret » par le 
				Pentagone. Les documents originaux sont désormais accessibles en 
				ligne.[47] 
				
				
				Les documents sur l’opération Northwoods détaillent comment le 
				Pentagone avait planifié ses opérations de stratégie de la 
				tension. Parmi ces actions, les officiers US suggéraient, de 
				développer une fausse « campagne 
				de terrorisme cubain dans la zone de Miami et dans d’autres 
				villes de Floride, et même à Washington », de 
				simuler une attaque par l’aviation cubaine contre un avion de 
				ligne, de « couler 
				un bateau de réfugiés cubains (réel ou simulé) », de 
				concocter un incident « Remember 
				the Maine » en faisant exploser un navire américain 
				dans les eaux territoriales cubaines et d’accuser Cuba de 
				sabotage. 
				
				
				Depuis que Bamford a publié ces documents sur l’Opération 
				Northwoods, ceux qui s’intéressent à la stratégie de la tension 
				se demandent jusqu’où certains groupes radicaux au sein du 
				Pentagone étaient prêts à aller et quelles étaient les chances 
				pour que le peuple américain ou ceux des autres pays découvrent 
				ou parviennent à stopper de tels plans. Bamford pose notamment 
				la question de savoir si l’Opération Northwoods était le plan le 
				plus démoniaque jamais conçu par le gouvernement US, ou si 
				l’incident du golfe de Tonkin en 1964 – qui précipita l’entrée 
				en guerre des USA au Vietnam, laquelle se solda par la mort de 
				56 000 soldats américains et de 3 millions de Vietnamiens – 
				avait constitué un exemple typique d’opération de stratégie de 
				la tension élaborée et mise en oeuvre par le Pentagone. 
				
				
				« À 
				la lumière des documents sur l’Opération Northwoods, » 
				conclut Bamford, « il 
				est clair que le fait de tromper la population et de fabriquer 
				des guerres pour y envoyer des Américains se faire tuer 
				constituait une politique standard et approuvée par les plus 
				hauts niveaux de dirigeants au Pentagone. »[48] 
				
				
				
				Conclusion 
				
				
				Les deux principaux arguments contre l’idée que les attentats du 
				11-Septembre ont été menés par le gouvernement US et son armée 
				ne sont que des a priori. L’un est que les gouvernements de pays 
				occidentaux civilisés en général, et le gouvernement US en 
				particulier ne feraient jamais une chose aussi horrible. L’autre 
				est que si les attentats du 11/9 avaient été perpétrés par des 
				forces internes au gouvernement des États-Unis, cela n’aura pas 
				pu rester secret aussi longtemps. 
				
				
				Les informations contenues dans cet article montrent que ces 
				deux a priori sont tout à fait discutables. 
				
				
				
				Daniele Ganser 
				
				
				Journal of 9/11 Studies Volume 39, mai 2014 
				
				
				(Titre original : La « stratégie de la tension » dans l’après 
				Guerre froide) 
				
				
				
				
				
				http://www.journalof911studies.com/resources/2014GanserVol39May.pdf 
				
				
				  
				
				
				
				Traduction GV pour IlFattoQuotidiano.fr 
				
				
				* * * 
				
				
				
				Note de l’éditeur : 
				
				
				L’objectif du Journal 
				of 9/11 Studies est de publier les travaux de 
				recherche et les analyses permettant de faire la lumière sur les 
				événements du 11-Septembre. Par principe, nous publions 
				seulement des articles inédits, mais il arrive que nous 
				trouvions justifié de republier un article déjà paru. C’est le 
				cas ici. Cet article est en effet extrait, avec certaines 
				modifications autorisées par l’auteur, et l’éditeur, du livre de 
				David Ray Griffin et Peter Dale Scott, “9/11 and American 
				Empire: Intellectuals Speak Out”, Vol. 1 (Olive Branch Press, 
				2006). 
				
				
				
				Daniele Ganser est 
				un chercheur spécialiste de l’Opération Gladio, laquelle est 
				selon nous cruciale pour bien comprendre le 11-Septembre et la 
				Guerre globale contre la Terreur. (Voir son livre « Les 
				armées secrètes de l’OTAN : Réseaux Stay-Behind, Gladio et 
				terrorisme en Europe de l’Ouest, 
				Editions Demi-Lune, 2007). En plus de faire la lumière sur les 
				méthodes de terreur et de manipulation qui ont eu cours en 
				Occident, cet article du Dr. Ganser, republié ici, offre des 
				réponses intéressantes à deux des principales objections souvent 
				opposées à ceux qui contestent la version officielle du 
				11-Septembre, à savoir : « Il est certain qu’aucun gouvernement 
				occidental ne perpètrerait un tel crime contre sa propre 
				population, » et « Quelqu’un aurait parlé. » 
				Le Dr. Ganser dirige l’institut suisse pour la Paix et la 
				recherche sur l’énergie, à Bale, et est membre du 9/11 Consensus 
				Panel : http://www.consensus911.org/ 
				
				
				
				Notes de l’auteur : 
				
				
				1.     
				
				
				Wikipedia, “Guerre psychologique”, http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_psychologique. 
				
				
				2.     
				
				
				En Italie durant la Guerre froide, les services secrets 
				militaires ont été impliqués dans nombre d’opérations secrètes 
				qui, lorsqu’elles ont été découvertes par la population, ont 
				déclenché des protestations publiques, lesquelles ont forcé les 
				services de renseignement à changer de nom. Créés le 30 mars 
				1949, soit 4 ans après la défaite de l’Italie dans la Seconde 
				Guerre mondiale, et quelques jours seulement avant que l’Italie 
				ne devienne un membre fondateur de l’OTAN, les services secrets 
				militaires prirent le nom de SIFAR (Servizio 
				Informazioni delle Forze Armate), puis SID (Servizio 
				Informazione Difesa) de 1965 à 1977, avant d’adopter 
				son appellation actuelle,  SISMI (Servizio 
				per le Informazioni e la Sicurezza Militare). 
				
				
				3.     
				
				
				Hugh O’Shaughnessy, “Gladio: 
				Europe’s Best Kept Secret,” The 
				Observer, 7 juin 1992. 
				
				Shaughnesssy écrit : «C’étaient 
				des agents qui devaient “rester derrière” (‘stay behind’) au cas 
				où l’Armée rouge envahissait l’Europe de l’Ouest. Mais dans 
				certains pays, ce réseau qui avait été mis en place avec les 
				meilleures intentions a dégénéré en groupes terroristes prônant 
				l’agitation politique d’extrême droite. » 
				
				
				4.     
				
				
				Newsnight, BBC1, 4 avril 1991 
				
				
				5.     
				
				
				Cité dans « Sénat 
				de la République italienne : Commission d’enquête parlementaire 
				sur le terrorisme en Italie et sur les causes de l’échec dans 
				l’arrestation des responsables des tragédies : le terrorisme, 
				les tragédies et le contexte politico-historique. » 
				(Rome : rédigé par le président de la Commission, le sénateur 
				Giovanni Pellegrin, 1995), p 261. 
				
				
				6.     
				
				
				Sénat de la république, p 157. 
				
				
				7.     
				
				
				Sénat de la république, p 220. 
				
				
				8.     
				
				
				Newsnight, BBC1, 4 avril 1991 
				
				
				9.     
				
				
				
				Observer, 18 
				novembre 1990. 
				
				
				10. 
				
				
				Mario Coglitore, ed., La 
				Notte dei Gladiatori. Omissioni e silenzi della Repubblica (Padoue, 
				1992) p 131. 
				
				
				11. 
				
				
				Leo Müller, Gladio: 
				Das Erbe des Kalten Krieges: Der NATO- Geheimbund und sein 
				deutscher Vorläufer(Hamburg: Rowohlt, 1991) p. 27. 
				
				
				12. 
				
				
				Reuters, 12 novembre 1990. 
				
				
				13. 
				
				
				Franco Ferraresi, “A 
				Secret Structure Codenamed Gladio,” Italian 
				Politics: A Review, 1992: p. 30. 
				
				Ferraresi cite directement le document qu’Andreotti a remis à la 
				Commission parlementaire. Le quotidien italien L’Unità l’a 
				publié dans une édition spéciale du 14 novembre 1990. Il figure 
				également dans le livre de Jean Francois Brozzu-Gentile, L’affaire 
				Gladio (Paris: Editions Albin Michel, 1994). 
				
				
				14. 
				
				
				Ferraresi p. 31, citant directement le document d’Andreotti. 
				
				
				15. 
				
				
				Ed Vulliamy, “Secret 
				Agents, Freemasons, Fascists… and a Top-level Campaign of 
				Political ‘Destabilisation’: ‘Strategy of Tension’ That Brought 
				Carnage and Cover-up,” Guardian, 
				5 décembre 1990. 
				
				
				16. 
				
				
				Dans le magazine politique italien, Europeo, 
				16 novembre 1990. Miceli a effectivement été condamné à une 
				peine de prison dans les années 1970 et a passé 6 mois dans un 
				hôpital militaire. En 1974, le magistrat enquêteur, Giovanni 
				Tamburino, au cours de ses investigations sur le terrorisme 
				d’extrême droite en Italie, avait pris l’initiative inédite 
				d’arrêter le général Miceli en l’accusant d’avoir « promu, 
				mis en oeuvre et organisé, avec d’autres, une association 
				secrète mêlant militaires et civiles et visant à provoquer une 
				insurrection armée afin d’amener des modifications illégales de 
				la Constitution de l’État et à la forme de gouvernement. » 
				(Voir aussi le magazine politique britannique Statewatch, 
				janvier 1991). Lors de son procès en novembre 1974, Miceli, 
				auparavant responsable du Bureau de sécurité de l’OTAN, confirma 
				avec nervosité qu’une unité spéciale avait bien existé au sein 
				des services secrets militaires, le SID, mais que ce n’était pas 
				lui qu’il fallait blâmer : ‘’Un 
				super-SID sous mes ordres ? Bien sûr ! Mais je ne l’ai pas 
				moi-même organisé pour faire un coup d’État. C’étaient les 
				États-Unis et l’OTAN qui m’ont demandé de le faire ! » (Voir 
				aussi Brozzu-Gentile, p. 105.) C���était vers la fin de sa 
				carrière dans les services secrets militaires italiens. Après 
				avoir purgé sa peine de prison, il devint parlementaire en 1976 
				et bénéficia pour le restant de sa vie de l’immunité 
				parlementaire en tant que député fasciste du Movimento 
				Sociale Italiano (MSI). Réélu par deux fois, il 
				démissionna en 1987 à cause d’une maladie et mourut trois ans 
				plus tard. 
				
				
				17. 
				
				
				Cité dans Ferraresi, p. 31. 
				
				
				18. 
				
				
				Norberto Bobbio, cité dans Ferraresi, p. 32. 
				
				
				19. 
				
				
				
				Washington Post, 
				14 novembre 1990. Le seul autre article du Post qui 
				comporte le mot-clef “Gladio” fut publié le 8 août 1993. La 
				comparaison avec les 39 articles sur Gladio parus dans le 
				journal britannique Guardianmontre 
				bien la pauvreté de la couverture médiatique de Gladio aux 
				États-Unis. 
				
				
				20. 
				
				
				Philip P. Willan, Puppetmasters: 
				The Political Use of Terrorism in Italy (Londres: 
				Constable, 1991) p. 28. 
				
				
				21. 
				
				
				
				Independent, 
				1er décembre 1990. 
				
				
				22. 
				
				
				Jonathan Kwitny, “The 
				CIA’s Secret Armies in Europe,” Nation, 
				6 avril 1992: p. 445. 
				
				
				23. 
				
				
				Sénat de la République italienne : Commission d’enquête 
				parlementaire sur le terrorisme en Italie et sur les causes de 
				l’échec dans l’arrestation des responsables des tragédies : 
				tragédies et terrorisme dans l’Italie de l’après-guerre à 1974. 
				Rapport du Groupe démocratique de gauche, l’Ulivo (Rome, juin 
				2000). Cité dans « Le 
				rapport de l’an 2000 du Sénat italien sur Gladio et les 
				massacres.” 
				
				
				24. 
				
				
				Cité dans Philip Willan: “US ‘Supported Anti-left Terror in 
				Italy.’ 
				
				Le rapport affirme que Washington a utilisé la stratégie de la 
				tension durant la Guerre froide pour stabiliser le 
				Centre-Droit, Guardian, 
				24 juin 2000. 
				
				
				25. 
				
				
				Philip Willan, “Terrorists 
				‘Helped by CIA’ to Stop Rise of Left in Italy,” Guardian, 
				26 mars 2001. 
				
				Willan, un expert des actions secrètes américaines en Italie, a 
				publié le remarquable ouvrage Puppetmasters (Voir note 24). 
				
				
				26. 
				
				
				Jeffrey Mackenzie Bale, “The 
				‘Black’ Terrorist International: Neo-Fascist Paramilitary 
				Networks and the ‘Strategy of Tension’ in Italy, 1968–1974” 
				(Ann Arbor, Mich.: UMI Dissertation Services, 1996). 
				
				
				27. 
				
				
				Arthur Rowse, “Gladio: 
				The Secret US War to Subvert Italian Democracy,” Covert 
				Action Quarterly p. 49 (été 1994). 
				
				
				28. 
				
				
				
				Times (Londres) 
				19 novembre 1990. 
				
				
				29. 
				
				
				
				Observer, 18 
				novembre 1990. 
				
				
				30. 
				
				
				Voir Daniele Ganser, “Les armées secrètes de l’OTAN”, Demi-Lune, 
				2007. 
				
				
				31. 
				
				
				
				European, 
				9 novembre 1990. 
				
				
				32. 
				
				
				
				European, 
				9 novembre 1990. Il semble que le représentant de l’OTAN qui a 
				émis ce correctif soit Robert Stratford. 
				
				Cf. Regine Igel, Andreotti: Politik 
				zwischen Geheimdienst und Mafia (Munich: Herbig 
				Verlag, 1997) p. 343. 
				
				
				33. 
				
				
				
				Observer, 
				18 novembre 1990. 
				
				
				34. 
				
				
				Lettre de Lee McClenny, resp. des relations presse de l’OTAN, à 
				l’auteur, datée du 2 mai 2001. 
				
				
				35. 
				
				
				“Gladio. 
				Un misterio de la guerra fria. La trama secreta coordinada por 
				mandos de la Alianza Atlantica comienza a salir a la luz tras 
				cuatro decadas de actividad,” El 
				País, 26 novembre 1990. 
				
				
				36. 
				
				
				
				El País. 
				
				
				37. 
				
				
				Reuters News Service, 15 novembre 1990. 
				
				
				38. 
				
				
				Débats au Parlement européen (transcriptions officielles), 22 
				novembre 1990. 
				
				
				39. 
				
				
				Voir note 31. 
				
				
				40. 
				
				
				Cité dans Brozzu-Gentile, p. 141. 
				
				Egalement par Associated Press, p. 13, novembre 1990. 
				
				
				41. 
				
				
				Kwitny, “The 
				CIA’s Secret Armies in Europe”, pp. 446, 447. 
				
				
				42. 
				
				
				Kwitny. 
				
				
				43. 
				
				
				Roger Faligot et Pascal Krop, La 
				Piscine: Les Services Secrets Français 1944–1984 (Paris: 
				Editions du Seuil, 1985), p. 165. 
				
				
				44. 
				
				
				Cité dans Stuart Christie, Stefano Delle Chiaie (Londres: Anarchy 
				Publications, 1984) p. 32. Également dansLobster (octobre 
				1989), p.18. Ce document aurait été trouvé dans l’ancien bureau 
				de Guerin-Serac après la révolution portugaise de 1974. 
				
				
				45. 
				
				
				Commission d’enquête parlementaire sur le terrorisme en Italie 
				et sur les causes de l’échec dans l’arrestation des responsables 
				des tragédies. 9e session, 12 février 1997 (www.senato.it/parlam/bicam/terror/stenografici/steno9.htm). 
				
				
				46. 
				
				
				Après avoir refusé le plan de Lemnitzer, Kennedy l’envoya en 
				Europe au poste de Commandant suprême des forces alliées de 
				l’OTAN de janvier 1963 à juillet 1969. Il fut remplacé par le 
				général Andrew Goodpaster, qui occupa le poste de SACEUR de 1969 
				à 1974, c’est-à-dire pendant les années au cours desquelles les 
				opérations terroristes eurent lieu en Italie. 
				
				
				47. 
				
				
				Sur la homepage de 
				la National 
				Security Archive à www.gwu.edu/~nsarchiv/news/20010430. 
				
				
				48. 
				
				
				James Bamford, Body 
				of Secrets: Anatomy of the Ultra-Secret National Security Agency (New 
				York: Anchor Books, 2002), p. 91. 
				  
				  
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