- 
									
![JPEG - 26.2 ko]()
 
								
								
								Le néoconservatisme, qui est généralement perçu 
								comme une droite républicaine extrême, est en 
								réalité un mouvement intellectuel né à la fin 
								des années 1960 au sein de la rédaction de la 
								revue mensuelleCommentary, l’organe de 
								presse de l’American Jewish Committee qui 
								a remplacé le Contemporary 
								Jewish Record en 
								1945. The 
								Forward, le plus ancien quotidien juif 
								américain, écrit dans un article de 2006 : « S’il 
								y a un mouvement intellectuel en Amérique dont 
								les juifs peuvent revendiquer l’invention, c’est 
								bien le néoconservatisme. Cette pensée 
								horrifiera sans doute la plupart des juifs 
								américains, majoritairement libéraux. Et 
								pourtant c’est un fait qu’en tant que 
								philosophie politique, le néoconservatisme est 
								né parmi les enfants des immigrants juifs et 
								qu’il est actuellement le domaine particulier 
								des petits-enfants de ces immigrants  » [1]. 
								L’apologiste du néoconservatisme Murray Friedman 
								explique cela par la bénéficience inhérente au 
								judaïsme, « l’idée que les juifs ont été 
								placés sur terre pour un faire un monde 
								meilleur, peut-être même plus sacré » [2].
								
								De même que l’on parle de la « droite 
								chrétienne » comme d’une force politique aux 
								États-Unis, on pourrait donc parler des 
								néoconservateurs comme représentant la « droite 
								juive ». Cependant, cette caractérisation 
								est problématique pour trois raisons.
								
								
 Premièrement, 
								les néoconservateurs ne forment qu’un petit 
								clan, bien qu’ils aient acquis une autorité 
								considérable sur les organisations 
								représentatives juives, notamment la Conference 
								of Presidents of Major American Jewish 
								Organizations. Le journaliste Thomas 
								Friedman du New 
								York Times en 
								compte vingt-cinq, à propos desquels il écrit en 
								2003 : « si vous les aviez exilés sur une île 
								déserte il y a un an et demi, la guerre en Irak 
								n’aurait pas eu lieu » [3]. 
								Les néoconservateurs compensent leur petit 
								nombre par la multiplication de leurs Committees, Projectset 
								autres think 
								tanks redondants, 
								qui leur confèrent une sorte d’ubiquïté, mais 
								leur philosophie reste l’apanage d’un petit 
								nombre.
								
								
 Deuxièmement, 
								les néoconservateurs de la première génération 
								sont tous issus majoritairement de la gauche, et 
								même de l’extrême gauche trotskiste pour 
								certains comme Irving Kristol, intellectuel 
								phare du néoconservatisme et l’un des principaux 
								rédacteurs de Commentary. 
								C’est à la fin des années 60 que la rédaction de Commentary amorce 
								son virage à droite en rompant avec la New 
								Left pacifiste 
								incarnée par George McGovern. Norman Podhoretz, 
								le rédacteur en chef deCommentary de 
								1960 jusqu’à sa retraite en 1995, était militant 
								anti-Vietnam jusqu’en 1967, pour devenir dans 
								les années 70 un fervent avocat de 
								l’augmentation du budget de la Défense, 
								entraînant la rédaction dans son sillage. Dans 
								les années 1980, il s’oppose à la politique de 
								détente dans son livre The 
								Present Danger. Il plaide pour l’invasion de 
								l’Irak dans les années 90, et à nouveau au début 
								des années 2000. En 2007, tandis que son fils 
								John Podhoretz prend la relève comme rédacteur 
								en chef deCommentary, il clame l’urgence 
								d’une attaque américaine contre l’Iran.
								
								
 Troisièmement, 
								contrairement aux chrétiens évangéliques avec 
								qui ils s’associent volontiers, les 
								néoconservateurs n’affichent pas leur judaïsme. 
								Qu’ils aient été marxistes ou non, ils sont 
								majoritairement non-religieux. La philosophie 
								dont se revendiquent expressément les plus 
								influents d’entre eux (Norman Podhoretz et son 
								fils John, Irving Kristol et son fils William, 
								Donald Kagan et son fils Robert, Paul Wolfowitz, 
								Abram Shulsky) est celle de Leo Strauss, de 
								sorte que les néoconservateurs se sont parfois 
								définis eux-mêmes comme « straussiens ». 
								Strauss, né d’une famille de juifs orthodoxes 
								allemands, fut l’élève et le collaborateur de 
								Carl Schmitt, politologue spécialiste de Thomas 
								Hobbes, admirateur de Mussolini, théoricien 
								d’une « théologie politique » dans 
								laquelle l’État s’approprie les attributs de 
								Dieu, et juriste attitré du Troisième Reich. 
								Après l’incendie du Reichstag en février 1933, 
								c’est Schmitt qui fournit le cadre juridique 
								justifiant la suspension des droits et la mise 
								en place de la dictature. C’est aussi Schmitt 
								qui, en 1934, obtint personnellement de la Rockefeller 
								Foundation une 
								bourse permettant à Leo Strauss de quitter 
								l’Allemagne afin d’étudier Thomas Hobbes à 
								Londres puis Paris, pour enfin enseigner à 
								Chicago. Cette filiation n’est pas contestée par 
								les straussiens.
								
									- 
									
![JPEG - 23 ko]()
 
									- 
									Leo Strauss (1899-1973)
 
								
								
								La pensée de Leo Strauss est délicate à cerner, 
								parce qu’il s’exprime moins souvent en son nom 
								propre qu’en tant que commentateur des auteurs 
								classiques. De plus, comme ses disciples Allan 
								Bloom [4] 
								ou Samuel Huntington, Strauss prend la 
								précaution d’enrober ses idées les plus 
								radicales de déclarations humanistes de 
								principe. Néanmoins trois principes fondamentaux 
								peuvent aisément être extraits de sa philosophie 
								politique, peu différente de celle de Schmitt : 
								
 Premièrement, 
								les nations tirent leur force de leurs mythes, 
								qui sont indispensables pour le gouvernement des 
								peuples. 
								
 Deuxièmement, 
								les mythes nationaux n’ont pas de rapport 
								nécessaire avec la réalité historique : ce sont 
								des constructions culturelles que l’État a pour 
								devoir de diffuser. 
								
 Troisièmement, 
								pour être efficace, tout mythe national doit 
								être fondé sur une distinction claire entre le 
								bien et le mal, car il tire sa force cohésive de 
								la haine d’un ennemi de la nation. Comme 
								l’admettent Abram Shulsky et Gary Schmitt [5], 
								pour Strauss, « la tromperie est la norme en 
								politique » [6] 
								— règle qu’ils appliqueront en fabriquant, au 
								sein de l’Office of Special Plans(OSP), 
								le mensonge des armes de destruction massives de 
								Saddam Hussein (voir plus loin).
								
								Dans sa maturité, Strauss fut un grand 
								admirateur de Machiavel, qu’il estime avoir 
								mieux compris que quiconque. Dans ses Réflexions 
								sur Machiavel [7], 
								il se démarque des intellectuels qui tentent de 
								réhabiliter le Florentin contre le sens commun 
								qui le tient pour immoral. Strauss reconnaît au 
								contraire l’immoralité absolue de Machiavel, 
								dans laquelle il voit la source de son génie 
								révolutionnaire : « Nous sommes en sympathie 
								avec l’opinion commune au sujet de Machiavel, 
								non seulement parce qu’elle est entière, mais 
								surtout parce que ne pas prendre cette opinion 
								au sérieux nous empêcherait de faire justice à 
								ce qui est vraiment admirable chez Machiavel : 
								le caractère intrépide de sa pensée, la grandeur 
								de sa vision et la subtilité gracieuse de son 
								discours »  » [8]. 
								La pensée de Machiavel est si radicale et pure 
								que ses implications ultimes ne pouvaient être 
								livrées ouvertement : « Machiavel ne pas 
								aller jusqu’au bout de la route ; la dernière 
								partie de la route doit être parcourue par le 
								lecteur qui comprend ce qui est omis par 
								l’auteur » [9]. 
								Strauss est le guide qui permet aux esprits 
								dignes (ses élèves néoconservateurs) de suivre 
								la route jusqu’au bout : « Pour découvrir à 
								partir de ses écrits ce qu’il considérait comme 
								la vérité est difficile, mais n’est pas 
								impossible » [10]. 
								La vérité profonde de Machiavel, que seul le 
								philosophe (straussien) est capable de supporter 
								n’est pas un soleil aveuglant mais un trou noir, 
								un gouffre que seul le philosophe (straussien) 
								est capable de contempler sans se transformer en 
								bête : l’univers n’ayant que faire de l’espèce 
								humaine et l’individu n’étant qu’une 
								insignifiante poussière, il n’existe ni bien ni 
								mal, et il est ridicule de se préoccuper du 
								salut de son âme, plutôt que de la seule réalité 
								qui puisse approcher l’immortalité : la nation. 
								Machiavel est donc le parfait patriote, et le 
								straussisme est la forme pure du machiavélisme, 
								réservée au petit nombre.
								
									- 
									
![JPEG - 15 ko]()
 
									- 
									« La Foi ou la Peur, comment des 
									juifs peuvent survivre dans une Amérique 
									chrétienne », par Elliott Abrams (1997)
 
								
								
								Il existe des straussiens parmi les chantres de 
								l’impérialisme américain, mais c’est à la cause 
								d’Israël que se dévouent prioritairement les 
								néoconservateurs. Ce qui les caractérise n’est 
								pas le judaïsme en tant que tradition 
								religieuse, mais le sionisme en tant que cause 
								nationale — une cause qui implique non seulement 
								la sécurité d’Israël, mais son expansion à toute 
								la Palestine, le Grand Israël. Il est bien 
								évident que, si le sionisme est synonyme de 
								patriotisme en Israël, il ne saurait être une 
								étiquette acceptable pour un mouvement politique 
								aux États-Unis, où il signifierait une loyauté 
								envers une puissance étrangère. C’est pourquoi 
								les néoconservateurs ne s’affichent pas comme 
								sionistes sur la scène politique états-unienne. 
								Ils ne s’en cachent pas pour autant. Elliott 
								Abrams, conseiller national de sécurité adjoint 
								dans l’administration de Bush fils [11], 
								a écrit dans son livre La 
								Foi ou la Peur, comment des juifs peuvent 
								survivre dans une Amérique chrétienne [12]. 
								On trouverait difficilement une meilleure 
								définition du sionisme, dont le corollaire est 
								l’apartheid pratiqué contre les non-juifs de 
								Palestine, défendu la même année par Douglas 
								Feith dans ses Réflexions 
								sur le libéralisme, la démocratie et le sionisme, 
								prononcées à Jérusalem : « Il y a une place 
								dans le monde pour des nations non-ethniques et 
								une autre place pour les nations ethniques. » [13].
								
								Si l’on est en droit de considérer les 
								néoconservateurs comme sionistes, c’est surtout 
								en constatant que leurs choix en politique 
								étrangère ont toujours coïncidé parfaitement 
								avec l’intérêt d’Israël (tel qu’ils le 
								conçoivent), au point de susciter de légitimes 
								questions sur leur loyauté première. L’intérêt 
								d’Israël est depuis toujours compris comme 
								dépendant de deux choses : l’immigration des 
								juifs d’Europe de l’Est et le soutien financier 
								des juifs de l’Ouest (américains et, dans une 
								moindre mesure, européens). Jusqu’en 1967, 
								l’intérêt national fait pencher Israël vers 
								l’Union Soviétique, tandis que le soutien des 
								juifs américains reste réservé. L’orientation 
								socialiste et collectiviste du Parti 
								travailliste, fondateur et majoritaire, l’y 
								enclint, mais ses bonnes relations avec l’URSS 
								d’alors s’expliquent surtout par le fait que 
								l’immigration massive des juifs n’est possible 
								que par le bon vouloir du Kremlin. Durant les 
								trois années suivant le départ des Britanniques 
								(1948), qui avaient jusque-là limité 
								l’immigration par égard pour la population 
								arabe, 200 000 juifs polonais réfugiés en URSS 
								sont autorisés à s�����installer en Palestine, 
								tandis que d’autres affluent de Roumanie, 
								Hongrie et Bulgarie.
								
								Mais la guerre des Six Jours marque un 
								tournant : en 1967, Moscou proteste contre 
								l’annexion par Israël de nouveaux territoires en 
								rompant ses relations diplomatiques avec 
								Tel-Aviv et en stoppant soudain l’émigration de 
								ses citoyens juifs, qui s’était pourtant 
								accélérée dans les mois précédents. C’est à 
								partir de cette date que Commentary devient, 
								selon le mot de Benjamin Balint, « le 
								magazine polémique qui a transformé la gauche 
								juive en une droite néoconservatrice » [14]. 
								Dès lors, les néoconservateurs prennent en effet 
								conscience que la survie d’Israël — et si 
								possible son expansion territoriale — dépend de 
								l’aide et de la protection militaire 
								états-unienne, et simultanément que le besoin en 
								immigration ne pourra être comblé que par la 
								chute du communisme. Ces deux objectifs 
								convergent vers le besoin de renforcer la 
								puissance militaire des États-Unis. C’est la 
								raison pour laquelle, écrit Irving Kristol dans 
								la revue de l’American Jewish Congress en 
								1973, il faut combattre la proposition de George 
								McGovern de réduire le budget militaire de 
								30 % : « C’est planter un couteau dans le 
								cœur d’Israël. [...] Les juifs n’aiment pas les 
								gros budgets militaires, mais il est maintenant 
								dans l’intérêts des juifs d’avoir un grand et 
								puissant appareil militaire aux États-Unis. 
								[...] Les juifs américains qui se préoccupent de 
								la survie de l’État d’Israël doivent dire ‘non, 
								nous ne voulons pas réduire le budget militaire, 
								il est important de garder un gros budget 
								militaire, afin de pouvoir défendre Israël » [15]. 
								On comprend mieux de quelle réalité voulait 
								parler Kristol, lorsqu’il définissait, dans une 
								formule célèbre, un néoconservateur comme « un 
								libéral qui a été confronté à la réalité » [16].
								
									- 
									
![JPEG - 16.1 ko]()
 
									- 
									Henry Scoop Jackson (1912-1983)
 
								
								
								À la fin des années 60, les néoconservateurs 
								soutiennent la frange militariste du parti 
								démocrate, dont la figure de proue, après la 
								retraite de Lyndon Johnson, est le sénateur 
								Henry Scoop Jackson, partisan de la guerre du 
								Vietnam et opposé à toute idée de détente, 
								concurrent de McGovern aux primaires de 1972. 
								Richard Perle rédige l’amendement Jackson-Vanik, 
								qui conditionne l’aide alimentaire à l’URSS à la 
								libre émigration des juifs. C’est aussi au sein 
								du bureau de Scoop Jackson que se forge 
								l’alliance entre les néoconservateurs et le 
								tandem Rumsfeld-Cheney, qui profite de la brêche 
								du Watergate pour rejoindre le camp républicain 
								et investir la Maison-Blanche. Perle place ses 
								protégés Paul Wolfowitz et Richard Pipes à la 
								tête du « Groupe B » (Team B), un conseil 
								créé pour revoir à la hausse les estimations de 
								la CIA sur la menace soviétique, dont le rapport 
								malicieusement alarmiste, prônant une dramatique 
								augmentation du budget de la Défense, est publié 
								dans Commentary [17]. 
								Durant la parenthèse Carter, les 
								néoconservateurs s’associent aux chrétiens 
								évangéliques, viscéralement anticommunistes et 
								naturellement bien disposés à l’égard d’Israël, 
								qu’ils voient comme un miracle divin préfigurant 
								le retour du Christ. Grâce à la puissance de 
								leurs lobbies et think 
								tank (notamment 
								l’American Enterprise Institute for Public 
								Policy Research [18] 
								et le Hudson 
								Institute), les néoconservateurs jouent un 
								rôle majeur dans l’élection de Ronald Reagan, 
								qui les rétribue en nommant une douzaine d’entre 
								eux à des postes touchant à la Sécurité 
								nationale et la Politique extérieure : Richard 
								Perle et Douglas Feith au Department 
								of Defense, Richard Pipes au National 
								Security Council [19], 
								Paul Wolfowitz [20], 
								Lewis « Scooter » Libby et Michael Ledeen 
								au State 
								Department. Ils œuvrent pour renforcer 
								l’alliance des États-Unis avec Israël : en 1981, 
								les deux pays signent leur premier pacte 
								militaire, puis s’embarquent dans plusieurs 
								opérations communes, certaines légales et 
								d’autres clandestines comme le réseau de trafic 
								d’armes et d’opérations paramilitaires de 
								l’affaire Iran-Contra. Anticommunisme et 
								sionisme font maintenant si bien cause commune 
								qu’en 1982, dans son livre Le 
								Vrai antisémitisme en Amérique [21], 
								le directeur de l’Anti-Defamation League Nathan 
								Perlmutter peut assimiler le mouvement pacifiste 
								aux « artisans de paix du Vietnam démodés, 
								transmutant les épées en soc de charrues » [22], 
								à une forme nouvelle d’antisémitisme [23].
								
								Avec la fin de la Guerre froide, l’intérêt 
								national d’Israël change à nouveau. L’objectif 
								prioritaire n’est plus la chute du communisme, 
								mais l’affaiblissement des ennemis d’Israël. Les 
								néoconservateurs vivent leur seconde conversion, 
								de l’anticommunisme à l’islamophobie, et créent 
								de nouveaux think 
								tanks comme 
								le Washington 
								Institute for Near East Policy(WINEP) dirigé 
								par Richard Perle, le Middle 
								East Forum dirigé 
								par Daniel Pipes (fils de Richard), le Center 
								for Security Policy (CSP) 
								fondé par Frank Gaffney, ou encore le Middle 
								East Media Research Institute (Memri). 
								En accédant à la présidence, cependant, Bush 
								père tente de limiter l’influence de ceux qu’il 
								nomme « les dingues » [24]. 
								Il cultive des amitiés avec l’Arabie saoudite et 
								n’est pas un ami d’Israël. Mais il est forcé 
								d’accorder le poste de secrétaire à la Défense à 
								Dick Cheney [25], 
								qui s’entoure de Paul Wolfowitz et Scooter 
								Libby. Ces deux hommes sont les auteurs d’un 
								rapport secret du Defense 
								Planning Guidance, fuité dans la presse [26], 
								qui prône l’impérialisme, l’unilatéralisme et, 
								si nécessaire, la guerre préventive « pour 
								dissuader les compétiteurs potentiels de même 
								aspirer à un rôle régional ou global plus grand  » [27]. 
								Avec l’aide d’un nouveau Committee 
								for Peace and Security in the Gulf, 
								co-présidé par Richard Perle, les 
								néoconservateurs plaident, sans succès, pour le 
								renversement de Saddam Hussein après l’opération Tempête 
								du désert au 
								Koweït. Déçus par le refus de Bush d’envahir 
								l’Irak et par ses pressions sur Israël, les 
								néoconservateurs sabotent ses chances de second 
								mandat. Leur revanche sera complète lorsqu’ils 
								feront élire son fils pour le contraindre à 
								envahir l’Irak.
								
								Entre-temps, durant les deux mandats du 
								démocrate Bill Clinton, les néoconservateurs 
								préparent leur retour. William Kristol, fils 
								d’Irving, fonde en 1995 un nouveau magazine, leWeekly 
								Standard, qui grâce au financement du très 
								pro-Israël Rupert Murdoch devient immédiatement 
								la voix dominante des néoconservateurs. En 1997, 
								ce sera la première publication à demander une 
								nouvelle guerre contre Saddam Hussein. Avec 
								leurs porte-voix Rumsfeld et Cheney, les 
								néoconservateurs jettent toutes leurs forces 
								dans un ultime think 
								tank, le Project 
								for the New American Century (PNAC). 
								Le noble but que se donnent officiellement les 
								fondateurs, William Kristol et Robert Kagan, est 
								d’« étendre l’actuelle Pax Americana » [28], 
								ce qui suppose « une armée qui soit forte et 
								prête pour répondre aux défis présents et futurs » [29]. 
								Dans son rapport de septembre 2000 intituléReconstruire 
								les défenses de l’Amérique [30], 
								le PNAC anticipe que les forces armées 
								états-uniennes doivent conserver suffisamment de 
								forces « capables de se déployer rapidement 
								et de conduire victorieusement plusieurs 
								conflits majeurs simultanés » [31]. 
								Cela nécessite une transformation profonde, 
								incluant un nouveau corps (« U.S. Space 
								Forces ») pour le contrôle de l’espace et du 
								cyberespace, et le développement d’« une 
								nouvelle famille d’armes nucléaires destinée à 
								faire face à de nouveaux besoins militaires » [32]. 
								Malheureusement, reconnaissent les auteurs du 
								rapport, « le processus de reconversion […] 
								sera vraisemblablement long, à moins d’un 
								événement catastrophique jouant le rôle de 
								catalyseur — comme un nouveau Pearl Harbor » [33]. 
								Bien qu’à l’écart du gouvernement, les 
								néoconservateurs y restent très écoutés.
								
								Avec la désignation en 2000 de George W. Bush, 
								fils de George H. W. Bush, une vingtaine de 
								néoconservateurs du PNAC investissent de 
								nombreux postes clés de la politique étrangère, 
								grâce à Dick Cheney qui, après s’être choisi 
								lui-même comme vice-président, a mission de 
								former l’équipe de transition. Cheney se donne 
								comme chef de cabinet Scooter Libby. David Frum, 
								un proche de Richard Perle, devient le principal 
								rédacteur des discours du président, tandis 
								qu’Ari Fleischer, un autre néoconservateur, est 
								attaché de presse et porte-parole de la 
								Maison-Blanche. Cheney ne peut s’opposer à la 
								nomination de Colin Powell comme secrétaire 
								d’État, mais il lui impose comme collaborateur 
								John Bolton, républicain sioniste d’extrême 
								droite [34] 
								secondé par le néoconservateur David Wurmser. 
								Cheney fait nommer comme conseillère nationale 
								de sécurité Condoleezza Rice [35], 
								qui n’est pas à proprement parler 
								néoconservatrice mais s’est attachée depuis des 
								années l’un des néoconservateurs les plus 
								agressifs, Philip Zelikow, comme expert pour le 
								Proche-Orient et le terrorisme (n’étant 
								elle-même que spécialiste de l’Union soviétique 
								et accessoirement pianiste virtuose) ; pour 
								conseiller Rice sont également recrutés William 
								Luti et Elliot Abrams (tous deux simultanément 
								assistants du président), tandis que lui sera 
								adjoint Eliot Cohen lorsqu’elle remplacera 
								Powell au Département d’État en 2007. Mais c’est 
								tout particulièrement depuis le Département de 
								la Défense, confié à Donald Rumsfeld, que les 
								trois néoconservateurs les plus influents vont 
								pouvoir modeler la politique étrangère : Paul 
								Wolfowitz, Douglas Feith et Richard Perle, ce 
								dernier occupant le poste crucial de directeur 
								du Defense 
								Policy Board, chargé de définir la stratégie 
								militaire. Ainsi, tous les néoconservateurs se 
								trouvent à la place qu’ils préfèrent, celle de 
								conseillers et éminences grises des présidents 
								et ministres. Il ne manque plus que le « nouveau 
								Pearl Harbor » du 11 septembre 2001 pour que 
								les néoconservateurs puissent conduire les 
								États-Unis vers les guerres impériales de leurs 
								rêves. Avant le 11-Septembre, le rapport du PNAC 
								demandait un budget annuel de la Défense de 95 
								milliards de dollars ; depuis la guerre en 
								Afghanistan, les États-Unis dépensent 400 
								milliards par an, soit autant que le reste du 
								monde combiné, tout en continuant de fournir la 
								moitié des armes du marché mondial. Le 
								11-Septembre apparaît comme la validation du 
								paradigme du « Choc des civilisations » [36] 
								cher aux néoconservateurs.
								
									
								
								
								Discours-miroirs
								
								L’ouvrage publié en 2007 par John Mearsheimer et 
								Stephen Walt,Le lobby pro-israélien et la 
								politique étrangère américaine [37], 
								a provoqué une onde de choc dans l’opinion 
								publique américaine en dévoilant l’influence 
								considérable des groupes de pression pro-Israël, 
								dont le plus ancien est la Zionist 
								Organization of America et 
								le plus influent depuis les années 70, l’American 
								Israel Public Affairs Committee (AIPAC). 
								« Nous pensons, écrivent les auteurs, que les 
								activités du lobby sont la principale raison 
								pour laquelle les États-Unis poursuivent au 
								Moyen-Orient une politique dénuée de cohérence, 
								stratégique ou morale. » La thèse des 
								auteurs est incomplète, car ils n’évoquent pas 
								le rôle joué à l’intérieur même de l’appareil 
								d’État par les néoconservateurs, qui forment 
								l’autre bras d’une tenaille dont les États-Unis 
								sont maintenant prisonniers.
								
								Les deux forces que constituent les 
								crypto-sionistes infiltrés dans le gouvernement 
								et la pression du lobby pro-Israël sur le 
								Congrès agissent dans une collusion parfois 
								criminelle, comme l’illustre l’inculpation en 
								2005 de Lawrence Franklin, membre de l’Office 
								of Special Plans, pour avoir transmis des 
								documents classés secret-défense à deux 
								responsables de l’AIPAC, Steven Rosen et Keith 
								Weissman, qui les transmirent à leur tour à un 
								haut fonctionnaire d’Israël [38]. 
								Franklin fut condamné à treize ans de prison 
								(réduits par la suite à dix ans d’assignation à 
								résidence), tandis que Rosen et Weissman furent 
								acquittés. La plupart des néoconservateurs sont 
								membres actifs du second lobby pro-Israël le 
								plus puissant, le Jewish 
								Institute for National Security Affairs (JINSA), 
								auquel adhèrent également Dick Cheney, Ahmed 
								Chalabi [39] 
								et d’autres membres de la caballe ayant fomenté 
								l’invasion de l’Irak. Colin Powell, selon sa 
								biographe Karen DeYoung [40], 
								pestait en privé contre le « petit 
								gouvernement à part » [41] 
								composé de « Wolfowitz, Libby, Feith, and 
								Feith’s ‘Gestapo office’ », qu’il nommait « la 
								foule du JINSA » [42].
								
								En 2011, son ancien directeur de cabinet 
								Lawrence Wilkerson [43] 
								dénonça ouvertement la duplicité des 
								néoconservateurs : « Je regardais beaucoup de 
								ces gars, y compris Wurmser, comme des membres 
								du Likoud, comme je l’avais fait avec Feith. 
								Vous ne voudriez pas ouvrir leur portefeuille et 
								y trouver une carte du parti, mais je me suis 
								souvent demandé si leur allégeance première 
								était envers leur pasy ou envers Israël. C’est 
								ce qui me troublait, parce qu’ils en ont tant 
								fait et tant dit qui reflétait plus les intérêts 
								d’Israël que les nôtres » [44]. 
								De fait, un nombre significatif de 
								néoconservateurs sont citoyens israéliens, ont 
								de la famille en Israël ou y ont résidé 
								eux-mêmes. Certains sont ouvertement proches du 
								Likoud, le parti au pouvoir en Israël, et 
								plusieurs ont même été officiellement 
								conseillers de Benyamin Netanyahou. Nombre 
								d’entre eux sont régulièrement félicités par la 
								presse israélienne pour leur action en faveur 
								d’Israël, comme Paul Wolfowitz, nominé « Man 
								of the Year » par le très pro-LikoudJerusalem 
								Post en 
								2003, et « la voix pro-Israélienne la plus 
								belliciste de l’Administration » [45] 
								par le quotidien juif américainThe Forward.
								
								Aussi dérangeante soit-elle, la duplicité des 
								néoconservateurs est une conclusion aujourd’hui 
								largement partagée, sinon publiquement dénoncée, 
								par un grand nombre d’observateurs. Le 
								sociologue James Petras voit en eux le fer de 
								lance d’unenébuleuse du pouvoir sioniste dans 
								son livre Le 
								sionisme, le militarisme et le déclin du pouvoir 
								US [46]. 
								Jonathan Cook argue dans Israël 
								et le choc des civilisations : Irak, Iran et le 
								plan de remodelage du Proche-Orient [47] 
								(2008) que la « guerre contre la terreur » 
								des néoconservateurs a pour but véritable de 
								faire d’Israël la seule puissance au 
								Proche-Orient. La démonstration de cette 
								duplicité a été faite également par Stephen 
								Sniegoski parvient à la même conclusion dans La 
								Cabale transparente : l’agenda néoconservateur, 
								la guerre au Proche-Orient et l’intérêt national 
								d’Israël [48]. 
								À ces trois livres publiés en 2008, nous 
								empruntons l’essentiel de ce qui suit. La 
								démonstration de la duplicité des 
								néoconservateurs repose sur la coïncidence entre 
								la fondation du PNAC en 1996 et la publication 
								par le think-tankisraélien Institute 
								for Advanced Strategic and Political Studies, 
								d’un rapport intitulé Une 
								rupture propre : une nouvelle stratégie pour 
								sécuriser le royaume [d’Israël] [49]. 
								Le rapport, adressé au Premier ministre 
								nouvellement élu Benjamin Netanyahou, l’invite 
								« à mobiliser toutes les énergies possibles 
								pour la reconstruction du sionisme » [50] 
								ce qui suppose de rompre avec le processus 
								d’Oslo, c’est-à-dire abandonner la politique « paix 
								contre terre » de restitution des 
								territoires occupés, et réaffirmer le droit 
								d’Israël sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza. 
								« Notre revendication de la terre — à 
								laquelle nous nous sommes accrochés par un 
								espoir de 2000 ans — est légitime et noble. 
								[...] Seule l’acceptation inconditionnelle par 
								les Arabes de nos droits, en particulier dans 
								leur dimension territoriale, "la paix pour la 
								paix", est une base solide pour l’avenir. » [51]
								
								Les auteurs de Rupture 
								nette engagent 
								donc le Premier ministre israélien à adopter une 
								politique d’annexion territoriale contraire non 
								seulement à la position officielle des 
								États-Unis et des Nations Unies depuis toujours, 
								mais contraire également au discours officiel 
								d’Israël. Alors même qu’il signe en septembre 
								1999 la « Feuille de route » devant aboutir à un 
								État palestinien et poursuit dans cette voie au 
								sommet de Camp David en juillet 2000, Netanyahou 
								suit les conseils de Rupture 
								nette et 
								travaille secrètement à saboter ce processus. 
								Netanyahou a alors pour ministre des Affaires 
								étrangères Ariel Sharon, qui qualifie 
								ouvertement les Accords d’Oslo de « suicide 
								national » et se prononce pour les « frontières 
								bibliques », c’est-à-dire un Grand Israël ne 
								laissant aucune terre aux Palestiniens : « Tout 
								le monde doit se pr��cipiter et s’emparer de 
								toutes les collines qu’il peut pour élargir les 
								colonies parce que tout ce que nous prendrons 
								maintenant restera à nous » [52], 
								déclare-t-il le 15 novembre 1998. En 1999, 
								Sharon succède à Netanyahou, qui devient à son 
								tour ministre des Affaires étrangères. Le 28 
								mars 2001, la diplomatie internationale a placé 
								la paix au Proche Orient à portée de main : 22 
								nations réunies à Beyrouth sous l’égide de la 
								Ligue Arabe s’engagent à reconnaître Israël sous 
								condition d’application de la Résolution 242. 
								Mais le jour suivant, l’armée israélienne 
								envahit Ramallah et assiège Yaser Arafat dans 
								son QG, au mépris des protestations de la 
								communauté internationale. Six mois plus tard, 
								le 11-Septembre enterrera définitivement le 
								processus de paix.
								
								Au-delà de cette politique locale, Rupture 
								nette présente 
								un plan permettant à Israël de « modeler son 
								environnement stratégique , » 
								en commençant par « retirer Saddam Hussein du 
								pouvoir en Irak », puis en affaiblissant la 
								Syrie et le Liban, et finalement l’Iran.
								
									- 
									
![JPEG - 19.4 ko]()
 
									- 
									« Richard Perle est un traitre, il 
									n’y a aucune autre manière de la qualifier » 
									affirmait le journaliste Seymour Hersh dans 
									The New Yorker (17 mars 2003), en évoquant 
									ses mensonges flagrants sur l’Irak (Perle 
									répondit sur CNN que Hersh « est la chose la 
									plus proche que le journalisme américain a 
									avec un terroriste »). En 1970, une écoute 
									du FBI avait surpris Perle transmettant à 
									l’ambassade d’Israël des informations 
									classifiées obtenues de Hal Sonnenfeldt, 
									membre du Conseil de sécurité nationale. 
									Perle travailla pour la firme d’armement 
									israélienne Soltam, avant de conseiller le 
									premier ministre israélien. Il passe ses 
									vacances dans sa villa de Gordes, dans le 
									Lubéron.
 
								
								
								Ce qui est remarquable dans ce rapport, c’est 
								qu’il s’agit d’un manifeste politique et 
								stratégique destiné au gouvernement israélien, 
								écrit par des citoyens à double nationalité [53] 
								qui sont simultanément auteurs du manifeste du 
								PNAC et qui deviendront quatre ans plus tard 
								décideurs de la politique étrangère américaine : 
								l’équipe qui a produit Clean 
								Break est 
								en effet dirigée par Richard Perle, futur 
								président duDefense Policy Board au 
								Pentagone [54], 
								et compte également Douglas Feith, futur 
								sous-secrétaire à la Défense chargé de la 
								politique, et David Wurmser, qui intégrera le 
								Département d’État, ainsi que son épouse Meyrav. 
								Autrement dit, ceux qui en Israël soutiennent le 
								Likoud et conseillent à Netanyahou une politique 
								sioniste d’annexion des territoires 
								palestiniens, vont ensuite conseiller Bush sur 
								les questions de stratégie militaire au 
								Proche-Orient. Il n’est pas étonnant de 
								constater que les conseils sont les mêmes, et 
								que le programme suggéré à Netanyahou, comme le 
								renversement de Saddam, a été implémenté en 
								partie par les États-Unis.
								
								S’il y a des différences entre le rapport Rupture 
								nette écrit 
								pour le gouvernement israélien en 1996 et le 
								rapportReconstruire les défenses de 
								l’Amérique écrit 
								par les mêmes pour le gouvernement états-unien 
								en 2000, ce n’est pas dans le programme, mais 
								dans les raisons avancées.
								
								
 Premièrement, Rupture 
								nette ne 
								présente pas l’Irak comme une menace, mais au 
								contraire comme le maillon faible des ennemis 
								d’Israël, le moins dangereux et le plus facile à 
								briser. Dans un document faisant suite à Rupture 
								nette intitulé Faire 
								face aux États qui s’écroulent : une stratégie 
								d’équilibre occidental et israélien des pouvoirs 
								pour le Levant [55], 
								David Wurmser souligne la fragilité des États du 
								Proche-Orient, et en particulier de l’Irak : « L’unité 
								résiduelle de la nation est une illusion 
								projetée par la répression extrême de l’État » [56]. 
								C’est donc la même action qui est conseillée à 
								Israël et aux États-Unis, mais pour des raisons 
								opposées. La faiblesse de l’Irak, qui est pour 
								Israël la raison de l’attaquer en premier, ne 
								constitue pas une raison valable pour les 
								États-Unis : on présente donc l’Irak aux 
								États-uniens comme une menace mortelle pour leur 
								pays. Netanyahou signera lui-même un article 
								dans le Wall 
								Street Journal en 
								septembre 2002, sous le titre « Le dossier 
								pour renverser Saddam » [57], 
								décrivant Saddam comme « un dictateur qui 
								développe son arsenal d’armes biologiques et 
								chimiques, qui a utilisé ces armes de 
								destruction massive contre son propre peuple et 
								ses voisins, et qui essaye fébrilement 
								d’acquérir des armes nucléaires » [58]. 
								Rien d’une telle menace n’est mentionné dans les 
								documents israéliens internes, qui ne font pas 
								davantage état d’une quelconque connexion de 
								l’Irak avec Al-Qaïda, ni d’ailleurs d’Al-Qaïda 
								en général.
								
								
 Deuxième 
								différence fondamentale entre la stratégie 
								conseillée aux Israéliens et la propagande 
								vendue aux États-uniens par les mêmes auteurs : 
								tandis que la seconde met en avant, d’une part, 
								l’intérêt sécuritaire des États-Unis, d’autre 
								part, le noble idéal de répandre la démocratie 
								au Proche-Orient, la première ignore ces deux 
								thèmes. Les bouleversements envisagés par les 
								auteurs de Rupture 
								nette ne 
								sont censés apporter aucun bienfait au monde 
								arabe. Au contraire, l’objectif est clairement 
								d’affaiblir les ennemis d’Israël en aiguisant 
								les conflits ethniques, religieux et 
								territoriaux entre les pays et à l’intérieur de 
								chaque pays. Ce que recommande Rupture 
								nette pour 
								l’Irak, par exemple, n’est nullement la 
								démocratie mais la restauration d’une monarchie 
								pro-occidentale. Un tel objectif était 
								évidemment secondaire pour les États-uniens, 
								mais l’objectif accompli à la place par Lewis 
								Paul Bremer à la tête de la Coalition 
								Provisional Authority (CPA) 
								en 2003, à savoir la destruction des 
								infrastructures militaires et civiles au nom de 
								la « dé-Baassification », fut un succès 
								du point de vue du Likoud. Sous la 
								responsabilité de Bremer, 9 milliards de dollars 
								disparaîtront en fraudes, corruption et 
								malversations, selon un rapport de l’Inspecteur 
								général spécial pour la reconstruction de 
								l’Irak, Stuart Bowen, publié le 30 janvier 2005. 
								Rappelons que Bremer est aussi celui qui, deux 
								heures à peine après l’effondrement des tours 
								jumelles le 11 septembre 2001, se trouvait sur 
								le plateau de la chaîne NBC en tant que 
								président de la National 
								Commission on Terrorism, pour expliquer, 
								d’un ton calme et assuré : « Ben Laden était 
								impliqué dans le premier attentat contre le 
								World Trade Center [en 1993], dont l’intention 
								était de faire exactement ce qui s’est passé 
								ici, c’est-à-dire l’effondrement des tours. Il 
								est assurément un suspect majeur. Mais il y en a 
								d’autres au Moyen-Orient, et il y a au moins 
								deux Etats, l’Iran et l’Irak, qui doivent au 
								moins rester sur la liste des principaux 
								suspects » [59]. 
								Par ce discours bien calibré, Bremer inscrivait 
								non seulement l’événement dans l’histoire en 
								rappelant les attentats de 1993 contre le World 
								Trade Center, mis arbitrairement sur le 
								compte de Ben Laden ; en plus, il écrivait déjà 
								l’histoire future en annonçant aux États-uniens 
								les deux guerres majeures auxquelles ils 
								devaient désormais s’attendre. Lorsque le 
								journaliste de NBC, dans une réplique 
								téléguidée, faisait un parallèle avec Pearl 
								Harbor, le jour qui a changé la vie de la 
								génération précédente, Bremer confirmait : « C’est 
								le jour qui va changer nos vies. C’est le jour 
								où la guerre a été déclarée par les terroristes 
								contre les États-Unis [...] a été amenée aux 
								États-Unis » [60].
								
								La différence entre le discours israélien de 
								Perle, Feith et Wurmser et leur discours 
								états-unien trouve son explication dans le 
								document israélien lui-même, qui recommande à 
								Netanyahou de présenter les actions israéliennes 
								dans « un langage familier aux Américains en 
								puisant dans les thèmes des administrations 
								américaines pendant la Guerre froide qui 
								s’appliquent bien à Israël » [61] 
								Le gouvernement de Netanyahou devrait « promouvoir 
								les valeurs et les traditions occidentales. Une 
								telle approche [...] sera bien accueillie aux 
								États-Unis » [62]. 
								Les valeurs morales ne sont donc évoquées qu’à 
								titre utilitaire pour mobiliser les États-Unis. 
								Enfin, tandis que les auteurs du rapport 
								israélien insistent sur l’importance de gagner 
								la sympathie et le soutien des États-Unis, ils 
								affirment en même temps qu’un des buts ultimes 
								de leur stratégie est de libérer Israël des 
								pressions et de l’influence des États-Unis : « Une 
								telle autonomie donnera à Israël une plus grande 
								liberté d’action et supprimera un moyen de 
								pression significatif utilisé par les États-Unis 
								contre lui par le passé » [63].
								
								Faire passer la menace contre Israël pour une 
								menace contre les États-Unis permit de faire 
								mener la guerre d’Israël par les États-Unis. 
								Dans leur livre La 
								Fin du Mal (2003) [64], 
								Richard Perle et David Frum s’emploient à faire 
								intérioriser par les États-uniens les peurs des 
								Israéliens, par exemple lorsqu’ils clament 
								l’urgence de « mettre fin à ce mal avant 
								qu’il ne tue à nouveau et à une échelle 
								génocidaire. Il n’y a pas de voie médiane pour 
								les Américains : C’est la victoire ou 
								l’holocauste » [65]. 
								Mais il est impossible à quiconque d’être 
								constamment hypocrite, et il arrive à tout 
								néoconservateur de livrer imprudemment sa pensée 
								en public. C’est ce qui est arrivé à Philip 
								Zelikow, le conseiller de Condoleezza Rice et 
								directeur exécutif de la Commission sur le 
								11-Septembre, lâchant au sujet de la menace 
								irakienne durant une conférence à l’Université 
								de Virginie le 10 septembre 2002 : « Pourquoi 
								l’Irak attaquerait-il l’Amérique ou 
								utiliserait-il des armes nuclaires contre nous ? 
								Je vais vous dire ce qui est, à mon avis, la 
								véritable menace, et qui l’a été depuis 1990 : 
								c’est la menace contre Israël. C’est la menace 
								qui n’ose pas dire son nom, parce que les 
								Européens ne ne préoccupent pas beaucoup de 
								cette menace, je vous le dis franchement. Et le 
								gouvernement américain ne veut pas trop 
								s’appuyer sur elle rhétoriquement, parce que ce 
								n’est pas un thème vendeur  » [66]. 
								Tout est dit : il faut entraîner les USA à faire 
								la guerre aux ennemis d’Israël, et pour cela 
								convaincre les États-uniens que les ennemis 
								d’Israël sont leurs ennemis.
								
									- 
									
![JPEG - 14.5 ko]()
 
									- 
									Interrogé au lendemain du 
									11-Septembre sur ses conséquences dans les 
									relations entre les États-Unis et Israël, 
									Benjamin Netanyahou déclare : « C’est très 
									bien […] cela va générer immédiatement de la 
									sympathie […], renforcer les liens entre les 
									deux peuples. » (source : A Day of Terror : 
									The Israelis, par James Bennet, The New York 
									Times, 12 septembre 2001).
 
								
								
								De surcroît, il faut que les États-uniens 
								croient que ces ennemis détestent leur pays pour 
								ce qu’il incarne (la démocratie, la liberté, 
								etc.), et non en raison de son soutien à Israël, 
								alors que telle est bien en réalité la 
								principale cause du ressentiment contre les 
								États-unis dans le monde musulman. Les 
								signataires d’une lettre du PNAC adressée au 
								président Bush le 3 avril 2002 (incluant William 
								Kristol, Richard Perle, Daniel Pipes, Norman 
								Podhoretz, Robert Kagan, James Woolsey) iront 
								jusqu’à prétendre que le monde arabe hait Israël 
								parce qu’elle est l’amie des États-Unis, plutôt 
								que l’inverse : « Personne ne doit douter que 
								les États-Unis et Israël partagent un ennemi 
								commun. Nous sommes tous deux la cible de que 
								vous avez nommé à juste titre un ‘Axe du Mal’. 
								Israël est ciblé en partie parce qu’il est notre 
								ami, et en partie parce c’est une île de liberté 
								et de principes démocratiques — des principes 
								américains — dans un océan de tyrannie, 
								d’intolérance et de haine » [67]. 
								Le 20 septembre 2001, Netanyahou propagea la 
								même falsification historique lors d’une 
								audition au Congrès : « Aujourd’hui, nous 
								sommes tous Américains [...] Pour les Ben Laden 
								du monde entier, Israël est simplement une cible 
								collatérale. La cible, c’est l’Amérique » [68] 
								Trois jours plus tard, c’est The 
								New Republic qui 
								titrait, au nom des États-uniens : « Nous 
								sommes tous Israéliens maintenant » [69]. 
								La propagande post-11-Septembre a créé une 
								relation émotionnellement fusionnelle. À tort, 
								les États-uniens ont vécu le 11-Septembre comme 
								l’expression d’une haine à leur égard de la part 
								du monde arabe, et en ont éprouvé une sympathie 
								immédiate pour Israël, que les néoconservateurs 
								exploitent sans relâche, comme Paul Wolfowitz 
								déclarant le 11 avril 2002 : « Depuis le 
								11-Septembre, nous autres Américains avons une 
								chose en commun avec les Israéliens. En ce jour 
								l’Amérique fut frappée par des 
								attentats-suicides. À ce moment-là, chaque 
								Américain comprit ce que signifiait vivre à 
								Jérusalem, ou Netanya ou Haïfa. Et depuis le 
								11-Septembre, les Américains savent maintenant 
								pourquoi nous devons nous battre et gagner la 
								guerre contre le terrorisme  » [70].
								
								L’un des buts évidents est de faire passer, aux 
								yeux des États-uniens, l’oppression des 
								Palestiniens pour une lutte contre le terrorisme 
								islamique. En effet, comme le dit le professeur 
								Robert Jensen : « Depuis l’attentat du 
								11-Septembre contre les États-Unis, la stratégie 
								de communication d’Israël a été de présenter 
								toute action palestinienne, violente ou non, 
								comme du terrorisme. Dans la mesure où ils y 
								sont parvenus, ils ont relooké leur occupation 
								militaire illégale comme faisant partie de la 
								guerre de l’Amérique contre le terrorisme » [71]. 
								Le 4 décembre 2004, le Premier ministre Ariel 
								Sharon justifia sa brutalité contre les 
								habitants de la Bande de Gaza en prétendant 
								qu’Al-Qaïda y avait établi une base. Mais le 6 
								décembre, le chef de la Sécurité Palestinienne 
								Rashid Abu Shbak livre dans une conférence de 
								presse les traces téléphoniques et bancaires qui 
								prouvent que les services secrets d’Israël ont 
								eux-mêmes tenté de créer de fausses cellules 
								Al-Qaïda dans la Bande de Gaza, en y recrutant 
								des Palestiniens au nom de Ben Laden. Les 
								recrues avaient reçu de l’argent et des armes 
								(défectueuses) et, après cinq mois 
								d’endoctrinement, furent chargés de revendiquer 
								un prochain attentat en Israël au nom du 
								« Groupe d’Al-Qaîda àGaza ». Les services 
								israéliens prévoyaient, semble-t-il, de monter 
								eux-mêmes un attentat contre leur population et 
								de le faire revendiquer par leur fausse cellule 
								Al-Qaïda, afin de justifier des représailles .
								
								En avril 2003, un rapport intitulé Israeli 
								Communications Priorities 2003, 
								commandé à l’agence de communication Luntz 
								Research Companies & the Israel Project par 
								la Wexler 
								Foundation, organisme sioniste spécialisée 
								dans les échanges culturels, offre des 
								recommandations linguistiques pour « intégrer 
								l’histoire et la communication, et s’en servir 
								de leviers, dans l’intérêt d’Israël » [72] 
								auprès de l’opinion états-unienne [73]. 
								Il est conseillé par exemple de continuer à 
								évoquer aussi souvent que possible « Saddam 
								Hussein », qui sont à la fois « les deux 
								mots qui unissent Israël à l’Amérique » et 
								« les deux mots qui sont actuellement sans 
								doute les plus honnis de la langue anglaise » [74]. 
								« Durant une année à venir — une année 
								ENTIERE — vous devriez invoquer le nom de Saddam 
								Hussein et rappeler qu’Israël a toujours été 
								solidaire des efforts américains en vue de 
								débarrasser le monde de ce dictateur cruel et de 
								libérer son peuple » [75]. 
								Le rapport suggère en outre d’établir de manière 
								répétée un parallèle entre Saddam Hussein et 
								Yasser Arafat [76]. 
								Sophistication suprême : Michael Ledeen conteste 
								dans son livre La 
								Guerre contre les maîtres de la terreur(2003) [77] 
								l’idée commune que la paix en Palestine est la 
								condition pour la paix au Proche-Orient. Au 
								contraire, « Si nous détruisons les maîtres 
								de la terreur à Bagdad, Damas, Téhéran et Riyad, 
								nous pourrions avoir une chance de négocier une 
								paix durable en Palestine » [78].
								
								Vers la Quatrième Guerre mondiale
								
									- 
									
![JPEG - 21.9 ko]()
 
									- 
									Au lendemain des attentats du 
									11-Septembre, Le Monde intitule sont 
									éditorial « Nous sommes tous Américains »
 
								
								
								Les néoconservateurs ont tenté d’exploiter le 
								traumatisme du 11-Septembre, dont ils sont les 
								architectes, pour mobiliser les États-Unis 
								contre une longue liste de pays arabes et 
								musulmans, y compris leurs alliés historiques. 
								L’Irak est le premier visé. Depuis la première 
								guerre du Golfe, les néoconservateurs n’ont 
								cessé de vilipender le régime de Saddam Hussein 
								et d’appeler à son renversement. David Wurmser, 
								par exemple, publie en 1999, après d’autres 
								livres virulents contre les pays musulmans, Allié 
								de la tyrannie : l’échec de l’Amérique à vaincre 
								Saddam Hussein [79]. 
								En 2000, l’American Enterprise Institutepublie Étude 
								d’une vengeance : la première attaque contre le 
								World Trade Center et la guerre de Saddam 
								Hussein contre l’Amérique [80], 
								dont l’auteur, Laurie Mylroie, se dit redevable 
								à Scooter Libby, David Wurmser, John Bolton, 
								Michael Ledeen, et par-dessus tout à Paul 
								Wolfowitz et son épouse Clare Wolfowitz, membre 
								elle aussi de l’AEI. Mylroie n’hésite pas à 
								dénoncer Saddam Hussein comme le cerveau du 
								terrorisme anti-américain, lui attribuant sans 
								preuve l’attentat de 1993 contre le World Trade 
								Center, l’attentat d’Oklahoma City en 1995 et 
								l’attaque contre le USS Cole au Yémen en 2000. 
								Ce qui menace les États-Unis serait selon elle 
								« une guerre secrète terroriste, conduite par 
								Saddam Hussein » [81], 
								le terrorisme anti-américain étant en réalité « un 
								épisode dans un conflit qui a débuté en août 
								1990, lorsque l’Irak a envahi le Koweït, et qui 
								n’a pas pris fin » [82]. 
								Richard Perle décrit ce livre comme « magnifique 
								et tout à fait convainquant » [83].
								
								Dès le 19 septembre 2001, Richard Perle réunit 
								son Defense 
								Policy Board en 
								compagnie de quelques néoconservateurs comme 
								Paul Wolfowitz et Bernard Lewis (inventeur avant 
								Huntington de la prophétie auto-réalisatrice du 
								« choc des civilisations »), mais en 
								l’absence de Colin Powell et de Condoleezza 
								Rice. L’assemblée s’accorda sur le besoin de 
								renverser Saddam Hussein dès la fin de la phase 
								initiale de la guerre en Afghanistan. Ils 
								préparent une lettre pour Bush, rédigée sous 
								entête du PNAC et lui rappelant sa mission 
								historique : « même si les preuves manquent 
								d’un lien direct entre l’Irak et l’attaque, 
								toute stratégie visant l’éradication du 
								terrorisme et de ses sponsors doit inclure un 
								effort déterminé pour renverser Saddam. Ne pas 
								entreprendre cet effort reviendrait à abandonner 
								dès le depart, et de manière peut-être décisive, 
								la guerre contre le terrorisme international  » [84]. 
								L’argument d’un lien entre Saddam et Al-Qaïda 
								est ici relativisée et, dans l’été 2002, le 
								président Bush et le Premier ministre 
								britannique Tony Blair se contenteront d’évoquer 
								conjointement des « liens larges » [85] 
								entre le régime de Saddam et Al-Qaïda. Perle, 
								par contre, n’en démordra pas, affirmant, contre 
								toute évidence, que Mohamed Atta, le prétendu 
								meneur des terroristes du 11-Septembre, aurait 
								rencontré le diplomate irakien Ahmed Khalil 
								Ibrahim Samir à Prague en 1999. Le 8 septembre 
								2002 à Milan, Perle lâchera même ce scoop au 
								quotidien italien Il 
								Sole 24 Ore : « Mohammed Atta a rencontré 
								Saddam Hussein à Bagdad avant le 11-Septembre. 
								Nous en avons la preuve ». Il se gardera de 
								répéter cette allégation ridicule aux 
								États-Unis.
								
								La rumeur d’un lien entre Saddam et Al-Qaïda est 
								finalement abandonnée au profit d’un casus 
								belli plus 
								��laboré : la menace que ferait peser sur le 
								monde le stock d’armes de destruction massive 
								détenu par Saddam. Pour faire passer cet autre 
								mensonge, Cheney et Rumsfeld renouvellent la 
								stratégie gagnante de la Team 
								B, consistant à doubler la CIA par une 
								structure parallèle chargée de produire le 
								rapport alarmiste dont ils ont besoin : cette 
								structure sera le Bureau des plans spéciaux 
								(OSP), unité spéciale au sein du Bureau 
								Proche-Orient et Asie du Sud-Est (NESA) du 
								Pentagone [86]. 
								Surnommée « la Cabale », l’OSP est 
								contrôlée par les néoconservateurs William Luti, 
								Abram Shulsky, Douglas Feith et Paul Wolfowitz. 
								Le lieutenant-colonel Karen Kwiatkowski, qui 
								travaillait pour le NESA à cette époque, 
								témoigne en 2004 de l’incompétence des membres 
								de l���OSP, qu’elle a vu « usurper des 
								évaluations chiffrées et soigneusement 
								considérées, et par des suppressions et 
								distortions des analyses de renseignement, 
								transmettre des mensonges au Congrès et au 
								bureau exécutif du président  » [87].
								
								En 2003, dès qu’il devient apparent qu’aucune 
								arme de destruction massive ne se trouve en 
								Irak, les néoconservateurs répercutent les 
								allégations ridicules d’Ariel Sharon, qui 
								affirme que l’Irak les a transférées secrètement 
								en Syrie, ainsi que ses savants nucléaires. Le 
								11 novembre 2003, le Congrès vote la Loi 
								pour que la Syrie rende des comptes et pour que 
								la souveraineté libanaise soit restaurée [88], 
								imposant des sanctions économiques « pour que 
								la Syrie cesse de soutenir le terrorisme, mette 
								fin à son occupation du Liban, et arrête le 
								développement d’armes de destruction massive » [89]. 
								L’agression contre la Syrie ne sera déclenchée 
								qu’en 2011, sous le déguisement d’une guerre 
								civile, mais elle était préméditée au moins 
								depuis février 2000, lorsque David Wurmser, dans 
								un article intitulé « Il faut vaincre la 
								Syrie, pas l’apaiser » [90], 
								appelait de ses vœux le conflit qui fera que « bientôt 
								la Syrie sera saignée à mort  » [91].
								
								Depuis le 11-Septembre, l’Iran est également 
								dans la ligne de mire des néoconservateurs, qui 
								font écho au Premier ministre israélien Ariel 
								Sharon, déclarant l’Iran « Centre de la 
								terreur mondiale » dans un entretien au Times 
								de Londres du 
								2 novembre 2002, et appelant à un bombardement 
								états-unien sur l’Iran « le jour qui suivra 
								l’invasion américaine de l’Irak ». Certains 
								néoconservateurs comme Kenneth Timmerman, membre 
								dirigeant du JINSA, prétendent que l’Iran a 
								prot���gé Ben Laden et collabor�� avec Al-Qaïda [92]. 
								Au printemps 2008, le président Bush accuse 
								l’Iran de soutenir l’insurrection en Irak : « Le 
								régime de Téhéran doit faire un choix […] Si 
								l’Iran fait le mauvais choix, l’Amérique agira 
								pour protéger ses intérêts, ses troupes et ses 
								partenaires irakiens » [93]. 
								Il faut pourtant rappeler que le 4 mai 2003, le 
								gouvernement iranien a transmis à Washington, 
								par l’intermédiaire de l’ambassadeur suisse à 
								Téhéran, une proposition connue sous le nom de 
								« grand marchandage » par laquelle 
								l’Iran, en échange de la levée des sanctions 
								économiques à son encontre, s’engageait à 
								coopérer avec les États-Unis pour stabiliser 
								l’Irak et y établir une démocratie laïque, et se 
								disait prêt à d’autres concessions incluant la 
								paix avec Israël. Powell fut empêché par Bush et 
								Cheney de répondre favorablement à cette 
								demande. Ainsi, résume son chief of staff 
								Lawrence Wilkerson : « La Cabale secrète 
								obtenait ce qu’elle voulait : pas de 
								négociations avec Téhéran » [94]. 
								Enfin, l’Iran est mis en accusation pour son 
								programme de recherche nucléaire civil, qui 
								serait secrètement militaire. Depuis la 
								publication en 2005 d’un premier rapport National 
								Intelligence Estimate (NIE) 
								sur le nucléaire iranien, qui conclut à un 
								probable objectif militaire, il ne se passe 
								guère de semaine sans que la menace ne soit 
								mentionnée dans les journaux télévisés. Pendant 
								ce temps, rien n’est murmuré du programme 
								israélien, illégal et toujours inavoué, qui a 
								doté Israël d’un stock de plusieurs centaines de 
								bombes atomiques. Le fait qu’en novembre 2007 un 
								nouveau rapport NIE [95] 
								ait revu le danger iranien à la baisse montre 
								que le niveau d’alerte entretenu ne fait que 
								refléter les rapports de forces à l’intérieur de 
								l’appareil d’État, les estimations alarmistes 
								répondant aux injonctions des néoconservateurs, 
								tandis que les estimations prudentes expriment 
								la voix du commandement militaire, peu enclin à 
								une nouvelle guerre après la mésaventure 
								irakienne [96].
								
								Parallèlement, de faux prétextes de guerre sont 
								régulièrement créés. On sait grâce à Gwenyth 
								Todd, conseillère sur le Proche-Orient attachée 
								à la Cinquième flotte de l’US Navy stationnée 
								dans le Golfe persique, qu’à peine nommé 
								commandant de cette flotte en 2007, le 
								vice-amiral Kevin Cosgriff ordonna des manœuvres 
								agressives de ses portes-avions et autres 
								navires dans le but de faire paniquer les 
								Iraniens pour qu’un tir de leur part permette de 
								déclencher la guerre voulue par le lobby 
								pro-Israël. Cosgriff voulait « mettre une 
								armada virtuelle sur le seuil de l’Iran, sans 
								prévenir » [97], 
								sans même en avertir Washington [98]. 
								Le 6 janvier 2008, le Pentagone annonce que des 
								vedettes iraniennes ont fait feu sur les navires 
								états-uniens USS Hooper et USS Port Royal en 
								patrouille dans le détroit d’Ormuz, tout en 
								émettant des messages de menace tels que : « Je 
								viens vers vous » et « Vous allez 
								exploser dans deux minutes. » Les 
								télévisions montrèrent l’un des bateaux iraniens 
								déposant de petits objets blancs dans l’eau, 
								présentés comme des mines. Évoquant cet incident 
								exceptionnellement « provocant et dramatique  », 
								le chef d’état-major interarmes Mike Mullen se 
								dit préoccupé par « la menace posée par 
								l’Iran » et notamment « la menace de 
								miner les détroits » et se dit prêt à 
								utiliser s’il le faut « la force léthale ». 
								En réalité, l’incident était totalement faux. 
								Les vedettes iraniennes, qui patrouillent 
								quotidiennement cette zone et y croisent 
								régulièrement des navires états-uniens, 
								n’avaient émis aucune menace. Le vice-amiral 
								Cosgriff admit que les équipages US n’avaient 
								rien noté d’inquiétant, les vedettes iraniennes 
								ne possédant « ni missiles anti-navires, ni 
								les torpilles. » Les messages radios 
								menaçants n’émanaient pas de ces navires : 
								« Nous ne savons pas d’où ils venaient » admit 
								la porte-parole de la Cinquième Flotte Lydia 
								Robertson.
								
								Les élections iraniennes de 2009 et la 
								contestation qui s’en suivit à Téhéran furent 
								l’occasion d’une nouvelle guerre psychologique 
								utilisant les réseaux sociaux par internet et 
								relayée par les médias américains. En quelques 
								jours, la mort d’une jeune femme durant les 
								manifestations est exploitée comme symbole de 
								l’oppression du régime islamique. Neda 
								Agha-Soltan aurait été tuée le 20 juin 2009 par 
								un sniper de la milice paramilitaire, alors 
								qu’elle venait de sortir de voiture avec son 
								professeur de musique. La vidéo de son agonie 
								filmée en direct par téléphone portable fait 
								instantanément le tour du monde sur Facebook 
								puis YouTube. Plusieurs rassemblements ont lieu 
								en son honneur dans le monde. On parle de lui 
								décerner le Prix Nobel de la Paix. Son fiancé, 
								un photographe du nom de Caspian Makan, 
								rencontre Shimon Pères en Israël et lui 
								déclare : « Je viens à Israël comme un 
								ambassadeur du peuple iranien, un messager du 
								camp de la paix.  » 
								Il ajoutera : « Je n’ai aucun doute que 
								l’esprit et l’âme de Neda était avec nous lors 
								de cette rencontre présidentielle ». 
								Malheureusement, les invraisemblances 
								s’accumulent : 1) il existe en fait trois vidéos 
								de l’agonie de Neda, qui ressemblent à plusieurs 
								« prises  » 
								de la même scène ; 
								2) le visionnage image par image montre que la 
								jeune fille a le réflexe de mettre sa main à 
								terre pour amortir sa chute. Son système nerveux 
								central continue à fonctionner preuve qu’elle 
								n’a pas été blessée par balle ; 
								3) le même visionnage montre que son visage est 
								ensanglanté au moyen d’une poche de sang 
								insuffisament dissimulée dans la paume de la 
								main ; 
								4) Une interview à la BBC du médecin qui assista 
								à sa mort est truffée de contradictions ; 
								5) L’autopsie a conclu que Neda avait été tuée à 
								bout portant (elle a donc été tuée par ses 
								« amis » durant son transport à l’hôpital) ; 
								6) Enfin, le visage devenu icône planétaire est 
								en réalité celui d’une autre jeune fille, Neda 
								Soltani. Celle-ci tenta en vain de faire 
								supprimer sa photo sur le net, et, sentant sa 
								vie en danger, s’est résignée à s’expatrier en 
								Allemagne, où elle écrit un livre, Mon 
								visage volé.
								
								Parmi les pays visés par les néoconservateurs 
								après le 11-Septembre se trouve aussi l’Arabie 
								saoudite. Sa mise en accusation est inscrite 
								dans le scénario du 11-Septembre, par le fait 
								qu’Oussama Ben Laden et 15 des 19 prétendus 
								pirates de l’air sont Saoudiens. C’est David 
								Wurmser qui ouvre les hostilités dans le Weekly 
								Standard avec 
								un article intitulé « La connexion saoudienne » [99] 
								prétendant que la famille royale est derrière 
								l’attentat. Le Hudson 
								Institute, l’un des bastions des 
								néoconservateurs, m����ne depuis longtemps une 
								virulente campagne de diabolisation de la 
								dynastie saoudienne, sous la houlette de son 
								co-fondateur Max Singer (aujourd’hui directeur 
								de recherche au Institute 
								for Zionist Strategies à 
								Jérusalem). En juin 2003, l’institut sponsorise 
								un séminaire intitulé Les 
								discours sur la démocratie : l’Arabie saoudite, 
								ami ou ennemi ? [100], 
								où toutes les interventions suggérent que « ennemi » 
								est la bonne réponse. Un événement spécial salue 
								la sortie du livre Le 
								Royaume de la haine : comment l’Arabie saoudite 
								soutient le nouveau terrorisme global [101], 
								de l’Israélien Dore Gold, qui a été conseiller 
								de Netanyahou et Sharon et ambassadeur d’Israël 
								aux Nations Unies. Le 10 juillet 2002, le 
								néoconservateur franco-américain Laurent 
								Murawiec, membre du Hudson 
								Institute et 
								duCommittee on the Present Danger, 
								intervient devant le Defense 
								Policy Board de 
								Richard Perle pour expliquer que l’Arabie 
								saoudite représente « le noyau du mal, la 
								force motrice, l’adversaire le plus dangereux » [102], 
								et recommander que les États-Unis l’envahissent, 
								l’occupent et le morcellent. Il résume sa « Grande 
								stratégie pour le Proche-Orient » par ces 
								mots : « L’Irak est le pivot tactique. 
								L’Arabie Saoudite est le pivot stratégique. 
								L’Égypte est le prix. » [103] 
								Murawiec est l’auteur de plusieurs ouvrages de 
								diabolisation des Saoud, dont Les 
								Princes des Ténèbres : l’assaut des Saoudiens 
								contre l’Occident [104]. 
								Le résumé d’éditeur de son livre français La 
								guerre au XXIe sièclemérite d’être cité : « Le 
								royaume a protégé pendant des années Ben Laden, 
								formé d’ailleurs à l’origine par une unité 
								spéciale de la CIA. La dynastie des Saoudiens a 
								financé en connaissance de cause le terrorisme 
								en soutenant des centaines d’organismes 
								islamiques soi-disant humanitaires. Le pouvoir 
								royal a réussi au fil des ans à infiltrer des 
								agents d’influence au plus haut niveau de 
								l’administration américaine et à organiser un 
								efficace lobby intellectuel qui contrôle 
								désormais plusieurs universités du pays parmi 
								les plus prestigieuses. »
								
								Bien qu’omniprésents dans le gouvernement Bush, 
								les néoconservateurs sont, en fait, les 
								principaux inspirateurs de la contestation soft du 
								11-Septembre, représentée en France par le 
								journaliste Éric Laurent [105], 
								qui admet la responsabilité d’Al-Qaïda mais 
								concentre ses recherches sur les liens entre les 
								Bush, les Saoud et les Ben Laden. Dans leur 
								livre déjà cité, La 
								Fin du Mal(2003), Richard Perle, l’éminence 
								grise du Pentagone, et David Frum, le propre 
								rédacteur des discours du président Bush, 
								affirment que « Les Saoudiens se placent 
								d’eux-mêmes dans l’Axe du Mal » [106] 
								et implorent le président Bush de « dire la 
								vérité sur l’Arabie saoudite » [107], 
								à savoir que les princes saoudiens financent 
								Al-Qaïda. Pour comprendre l’inanité d’une telle 
								accusation, il suffit de savoir que les Saoud 
								ont déchu Oussama Ben Laden de sa nationalité en 
								avril 1994, exaspéré par ses accusations 
								incessantes contre la présence militaire 
								américaine qu’ils tolèrent sur le lieu saint de 
								l’Islam depuis la première Guerre du Golfe. Dans 
								une Déclaration 
								de guerre contre les Américains qui occupent le 
								pays des Deux lieux saints [108], 
								diffusée en 1996, Ben Laden appelle au 
								renversement de leur régime et, en 1998, admet 
								son rôle dans l’attentat du 13 novembre 1995 
								contre le quartier général de la Garde Nationale 
								à Riyad. Oussama Ben Laden est l’ennemi juré des 
								Saoud. Il est inimaginable que les Saoud aient 
								comploté avec lui contre les États-Unis ; en 
								revanche, il est plausible qu’ils aient comploté 
								contre lui avec leurs amis du clan Bush, en lui 
								mettant un attentat sur le dos pour lancer 
								l’armée américaine à ses trousses et, du même 
								coup, liquider le régime Taliban pour le compte 
								d’UNOCAL. Tout porte donc à croire que la 
								famille Bush est impliquée dans le complot du 
								11-Septembre (pensons au rôle joué par le frère 
								et le cousin du Président, Marvin Bush et Wirt 
								Walker III, à la tête de la sociétéSecuracom qui 
								contrôlait l’accès au WTC), mais qu’elle a été 
								doublée et que George W. sert depuis de bouclier 
								humain aux néoconservateurs, dont les objectifs 
								vont bien au-delà de Ben Laden, l’Afghanistan et 
								le pétrole. Ainsi s’explique en fait, a 
								posteriori, le choix des néonconservateurs 
								de porter George W. Bush à la présidence, un 
								homme aisément « missionné par Dieu » 
								(d’où le surnom de Blues 
								Brothers qu’il 
								partage avec sonAttorney General John 
								Ashcroft, autre chrétien sioniste). Comme le 
								résume le néoconservateur Michael Ledeen : Il 
								devint président,mais il ne savait pas pourquoi, 
								et le 11-Septembre, il découvrit pourquoi [109]
								
								Faire porter la responsabilité du 11-Septembre à 
								Ben Laden (sans preuve et au mépris du démenti 
								répété de l’intéressé), permet aux 
								néoconservateurs de saper l’alliance des 
								États-Unis avec l’Arabie saoudite, mais aussi 
								avec le Pakistan. Car derrière Ben Laden, il y a 
								les Talibans qui l’hébergent ; et derrière les 
								Talibans, il y a le Pakistan qui soutien leur 
								régime. C’est donc également le Pakistan qui est 
								indirectement mis en accusation après le 
								11-Septembre. Aucune accusation officielle n’est 
								portée, mais des fuites organisées dans la 
								presse évoquent des complicités au sein de 
								l’ISI. Le général Ahmed Mahmoud, directeur de 
								l’ISI, est mis en cause par une information 
								rapportée d’abord par The 
								Times of India : « Les autorités 
								américaines ont cherché à l’évincer après avoir 
								eu confirmation que 100000 dollars ont été 
								transférés au terroriste Mohamed Atta depuis le 
								Pakistan par Ahmed Omar Saïd Sheikh [agent de 
								l’ISI] à la demande du général Mahmoud  » [110]. 
								Puisque Mohamed Atta n’est dans cette affaire 
								qu’un patsy, 
								cette information fuitée ne peut être 
								interprétée que comme un moyen de chantage 
								contre l’ISI et l’État pakistanais pour les 
								forcer à coopérer avec les États-Unis dans la 
								destruction du régime Taliban. Peut-être l’ISI 
								a-t-elle effectivement versé de l’argent à Atta, 
								lequel aura été choisi comme chef fictif des 
								terroristes précisément pour cela. Mahmoud, qui 
								s’était souvent déplacé à Washington depuis 
								1999, s’y trouvait justement entre le 4 et le 11 
								septembre 2001. Il aurait alors rencontré George 
								Tenet, directeur de la CIA, Marc Grossman, 
								sous-secrétaire d’État pour les affaires 
								politiques, et peut-être même Condoleezza Rice, 
								bien que celle-ci l’ait démenti. Au moment des 
								attentats, il participait à un petit-déjeuner de 
								travail avec Bob Graham, président de la 
								Commission sénatoriale du Renseignement, et 
								Porter Goss, président du Commission du 
								Renseignement à la Chambre des représentants ; 
								« Nous avons parlé du terrorisme, notamment 
								de celui généré en Afghanistan » [111], 
								selon Graham, qui avec Goss sera nommé dans la 
								Commission sur le 11-Septembre. On ne sait pas 
								ce qui a été dit à Mahmoud après la nouvelle des 
								attentats, mais il sera mis à la retraite le 
								mois suivant et s’effacera de la vie politique 
								en rejoignant le mouvement religieux Tablighi 
								Jamaat, une manière d’emporter son secret 
								dans sa tombe.
								
								On imagine sans peine pourquoi le secteur de 
								l’État profond US qui a orchestré le 
								11-Septembre a pu vouloir faire pression sur le 
								gouvernement pakistanais : le forcer à s’aligner 
								sur la thèse officielle du 11-Septembre et, plus 
								généralement, reprendre en main cet allié 
								indiscipliné, sous la menace d’être traité en 
								ennemi en cas de refus de coopérer (« soit 
								vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les 
								terroristes »). Mais on peut aussi déceler 
								dans les rumeurs sur les liens entre Al-Qaïda et 
								l’ISI une volonté de nuire aux relations entre 
								le Pakistan et les États-Unis, plutôt qu’à les 
								améliorer. La mise en scène de la capture de Ben 
								Laden tend à le confirmer. Elle a permis 
								d’accuser le Pakistan, après l’Afghanistan, 
								d’avoir abrité Ben Laden pendant une dizaine 
								d’années, ce qui constitue aux yeux des 
								États-uniens une véritable trahison de la part 
								d’un pays allié. Plusieurs livres défendent 
								cette ligne, comme celui du vétéran de la CIA 
								Bruce Riedel, Étreinte 
								mortelle : le Pakistan, l’Amérique et l’avenir 
								du Jihad mondial [112]. 
								Selon Riedel, la vie tranquille de Ben Laden 
								dans la banlieue d’Abbohabad suggère « un 
								degré incroyable de duplicité » de la part 
								du Pakistan, qui pourrait être «  le 
								patron secret du jihad global, à une échelle si 
								dangereuse qu’elle est inconcevable. Nous 
								aurions alors à repenser entièrement notre 
								relation au Pakistan et notre compréhension de 
								ses buts stratégiques » [113].
								
								La guerre contre l’Irak sous le prétexte d’armes 
								de destruction massive inexistantes, la 
								déstabilisation de la Syrie par Contrasinterposés, 
								la menace d’en découdre avec l’Iran sous le 
								prétexte d’un programme d’armement nucléaire 
								introuvable, tout cela témoigne d’une volonté 
								d’embraser le Proche-Orient, tandis que les 
								accusations de complicité avec Al-Qaïda lancées 
								contre le Pakistan et l’Arabie saoudite visent à 
								corroder l’alliance des États-Unis avec ces pays 
								afin que les États-Unis n’aient plus qu’un seul 
								allié dans la région : Israël. Ce que semblent 
								vouloir déclencher les crypto-sionistes est une 
								guerre mondiale d’où sortiront affaiblis et 
								morcelés tous les ennemis d’Israël, pour des 
								décennies à venir, de sorte qu’Israël pourra 
								même se passer des États-Unis, ruinés par leurs 
								dépenses militaires comme le fut l’URSS dans les 
								années 80, et de surcroît détestés à travers le 
								globe.
								
									- 
									
![JPEG - 14.6 ko]()
 
									- 
									Andrew Cockburn rapporte dans son 
									livre sur Rumsfeld (2007) cette conversation 
									entre les deux George Bush : ��� Qu’est-ce 
									qu’un néocon ? demande junior. — Tu veux des 
									noms ou une définition ? — Définition. — 
									Bon, je t’en donne une en un seul mot : 
									Israël, répond senior.
 
								
								
								Dans un article du Wall 
								Street Journal du 
								20 novembre 2001, le néoconservateur Eliot Cohen 
								parle de la guerre contre le terrorisme comme « la 
								IVe Guerre mondiale », et le terme sera 
								repris par d’autres néoconservateurs. En 
								septembre 2004, un colloque néoconservateur à 
								Washington incluant Norman Podhoretz et Paul 
								Wolfowitz s’intitulait « IVe Guerre 
								mondiale : Pourquoi nous battons-nous, qui 
								pouvons-nous combattre, comment nous nous 
								battons » [114]. 
								Cohen y déclarait : « L’ennemi, ce n’est pas 
								le terrorisme […] mais l’islam militant. » 
								Comme la Guerre froide (assimilée à une IIIe 
								Guerre mondiale), la IVe Guerre mondiale vue par 
								Cohen a des racines idéologiques, sera globale 
								et durera longtemps, impliquant de nombreux 
								types de conflits. Le thème de la IVe Guerre 
								mondiale a été également popularisé par Norman 
								Podhoretz, dans son article « Comment gagner 
								la IVe Guerre mondiale » [115] 
								paru dans Commentaryen 
								février 2002, suivi par un second article en 
								septembre 2004, « La IVe Guerre mondiale : 
								comment elle a comencé, ce qu’elle signifie et 
								pourquoi nous devons vaincre » [116], 
								et pour finir un livre intitulé en 2007 IVe 
								Guerre mondiale : la longue lutte contre 
								l’islamofascime [117]. 
								Dans son article de 2004, il écrit : « Nous 
								affrontons une force vraiment perverse dans 
								l’islam radical et dans les pays qui 
								nourrissent, abritent ou financent son armée 
								terroriste. Ce nouvel ennemi nous a déjà attaqué 
								sur notre propre sol — un exploit que ni 
								l’Allemagne nazie ni la Russie soviétique 
								n’avaient réussi — et annonce ouvertement son 
								intention de nous frapper à nouveau, cette fois 
								avec des armes infiniment plus puissantes et 
								mortelles que celles utilisées le 11-Septembre. 
								Son objectif n’est pas simplement d’assassiner 
								le plus grand nombre d’entre nous et de 
								conquérir notre terre. Comme les Nazis et les 
								communists avant lui, il est déterminé à 
								détruire tout ce qui est bon dans ce que 
								représente l’Amérique » [118].
								
								Il semble évident que les néoconservateurs ont 
								l’intention de léguer comme héritage à 
								l’humanité une guerre mondiale d’anéantissement 
								contre la civilisation islamique. Un tel hubris est 
								incompréhensible sans une connaissance de la 
								nature historique du sionisme et de ses formes 
								extrêmes. Le sionisme est avant tout un rêve 
								biblique : « La Bible est notre mandat », 
								proclamait en 1919 Chaim Weisman, futur premier 
								président d’Israël en 1948. David Ben Gourion, 
								bien qu’agnostique, était habité par l’histoire 
								biblique, au point d’adopter le nom d’un général 
								judéen ayant combattu les Romains. « Il ne 
								peut y avoir d’éducation politique ou militaire 
								valable à propos d’Israël sans une connaissance 
								approfondie de la Bible », répétait-il [119]. 
								Envisageant une attaque contre l’Égypte en 1948, 
								il écrit dans son journal : « Ce sera notre 
								vengeance pour ce qu’ils ont fait à nos ancêtres 
								aux temps bibliques. » [120]. 
								Or, le rêve biblique dont s’inspirent les 
								sionistes est fondé sur la notion de « peuple 
								élu », qui est un « racisme métaphysique ». 
								Les pères du sionisme, majoritairement athées, 
								ont transposé cette notion dans l’idéologie 
								dominante de leur temps, en concurrence avec le 
								racisme germanique. Moses Hess, qui inspira le 
								fondateur historique du sionisme Theodor Herzl, 
								opposait aux théories de son ami Karl Marx 
								l’idée que les guerres de races sont plus 
								importantes dans l’histoire que les luttes des 
								classes, et estimait que « la race juive est 
								une race pure » aux caractères « indélébiles ».
								
								Écoutons également Zeev Jabotinsky, figure 
								majeure du sionisme : « Un juif élevé au 
								milieu d’Allemands peut certes adopter les 
								coutumes allemandes, la langue allemande. Il 
								peut devenir totalement imprégné de ce fluide 
								germanique, mais il restera toujours un juif, 
								parce que son sang, son organisme et son type 
								racial, sur le plan corporel, sont juifs. » 
								Ces phrases sont écrites en 1923, deux ans avant 
								le Mein 
								Kampf d’Hitler. 
								Sionisme et nazisme ont fait bon ménage jusqu’à 
								la fin des années 30, comme l’a démontré Lenni 
								Brenner [121]. 
								Le rabbin Joachim Prinz, qui deviendra président 
								de l’American Jewish Congress de 1958 à 1966, 
								célébrait à Berlin en 1934 les lois raciales 
								allemandes dans son livre Nous, 
								les juifs [122] : 
								« Un État construit sur le principe de la 
								pureté de la nation et de la race peut être 
								honoré et respecté par un juif qui affirme son 
								appartenance à ses semblables. » Au 
								contraire, selon Prinz, les juifs 
								assimilationistes sont les ennemis du sionisme 
								autant que du nazisme.
								
								En 1947-48, le racisme sioniste s’abattra sur 
								les Palestiniens sous la forme d’un nettoyage 
								ethnique qui fit fuir 750 000 d’entre eux, soit 
								plus de la moitié de la population native qui 
								rappelle celui ordonné par Yahvé à l’encontre 
								des Cananéens : « faire table rase des 
								nations dont Yahvé ton Dieu te donne le pays, 
								les déposséder et habiter leurs villes et leurs 
								maisons » (Deut 19:1) et, dans les villes 
								qui résistent, « ne rien laisser subsister de 
								vivant » (20:16). Pour une communauté comme 
								pour un individu, le problème ne vient pas de se 
								croire l’Élu, mais de se croire élu par un dieu 
								chauvin, raciste et génocidaire.
								
								Le rêve biblique insufflé par Yahvé à son peuple 
								élu, aussi bien dans l’Exode que 
								chez les prophètes, n’est pas seulement un rêve 
								racial et national ; c’est tr��s clairement un 
								rêve impérial. Jérusalem doit devenir le centre 
								rayonnant du monde. On évoque souvent ces vers 
								du deuxième chapitre d’Isaïe comme preuve que le 
								message prophétique est pacifique : « Ils 
								briseront leurs épées pour en fait des socs, et 
								leurs lances pour en faire des serpes. On ne 
								lèvera plus l’épée nation contre nation, on 
								n’apprendra plus à faire la guerre. » Mais 
								on omet toujours les vers précédents, qui 
								indiquent que ce temps de paix ne viendra que 
								lorsque « toutes les nations » rendront 
								hommage « à la montagne de Yahvé, à la Maison 
								du Dieu de Jacob », lorsque Yahvé, depuis 
								son Temple, « jugera entre les nations. » 
								Dans certains cercles intellectuels, le sionisme 
								moderne se conçoit encore comme un projet de 
								Nouvel ordre mondial. Jacques Attali se prend 
								ainsi à « imaginer, rêver d’un Jérusalem 
								devenant capitale de la planète qui sera un jour 
								unifiée autour d’un gouvernement mondial. »
								
								
								Le rêve biblique d’empire est indissociable d’un 
								cauchemar de guerre mondiale préalable. Le 
								prophète Zacharie, souvent cité sur les forums 
								sionistes, prédit dans son chapitre 14 que Yahvé 
								combattra « toutes 
								les nations » 
								liguées contre Israël. En une journée unique, 
								toute la terre deviendra un désert, à 
								l’exception de Jérusalem, qui « sera 
								élevée et demeurera en sa place. » 
								Le talent prophétique de Zacharie semble lui 
								avoir donné une vision de ce que Dieu pourrait 
								faire avec des armes atomiques : « Et 
								voici quelle sera la plaie dont l’Éternel 
								frappera tous les peuples qui auront combattu 
								contre Jérusalem : il fera tomber leur chair en 
								pourriture pendant qu’ils seront debout sur 
								leurs pieds, leurs yeux se fondront dans leur 
								orbite, et leur langue se fondra dans leur 
								bouche. » 
								Ce n’est qu’après ce carnage que viendra la paix 
								mondiale : « Il 
								arrivera que tous les survivants de toutes les 
								nations qui auront marché contre Jérusalem 
								monteront année après année se prosterner devant 
								le roi Yahvé Sabaot et célébrer la fête des 
								Tentes. Celle des familles de la terre qui ne 
								montera pas se prosterner à Jérusalem, devant le 
								roi Yahvé Sabaot, il n’y aura pas de pluie pour 
								elle. Etc. »
								
									
									Le général Wesley Clark a témoigné à de 
									nombreuses occasions, devant caméras, qu’une 
									dizaine de jours après le 11 septembre 2001, 
									lors d’une visite au Pentagone pour y 
									rencontrer Rumsfeld et Wolfowitz, il apprit 
									d’un général qu’il refuse de nommer que la 
									décision était déjà prise au plus haut 
									niveau d’envahir l’Irak. Deux semaines plus 
									tard, tandis que les opérations avaient 
									commencé en Afghanistan, Clark demanda au 
									même général s’il était toujours question 
									d’envahir l’Irak, et celui-ci répondit, en 
									exhibant un document : « Oh, c’est pire 
									que ça. J’ai ici un mémo qui décrit comment 
									on va prendre sept pays en cinq ans, en 
									commençant par l’Irak, puis la Syrie, le 
									Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan, et 
									en finissant par l’Iran » [123]. 
									Or, selon Deutéronome 7, 
									Yahvé livrera à Israël « sept nations 
									plus grandes et plus puissantes que toi. […] 
									Yahvé ton Dieu te les livrera, elles 
									resteront en proie à de grands troubles 
									jusqu’à ce qu’elles soient détruites. Il 
									livrera leurs rois en ton pouvoir et tu 
									effaceras leur nom de dessous les cieux ». 
									Ces « sept nations », encore évoquées 
									en Josué 24:11 
									et Actes 13:19, 
									font partie des mythes sionistes inculqués 
									aux écoliers israéliens dès l’âge de neuf 
									ans, avec le culte de la guerre sainte. 
									Conformément à l’enseignement de Leo 
									Strauss, le projet néoconservateur 
									d’attaquer « sept pays » se nourrit 
									du mythe biblique des « sept nations ».
								 
								
								
								
									
									[1] 
									« If there is an intellectual movement in 
									America to whose invention Jews can lay sole 
									claim, neoconservatism is it. It’s a thought 
									one imagines most American Jews, 
									overwhelmingly liberal, will find 
									horrifying. And yet it is a fact that as a 
									political philosophy, neoconservatism was 
									born among the children of Jewish immigrants 
									and is now largely the intellectual domain 
									of those immigrants’ grandchildren. » in 
									« The Neoconservstism Persuasion », par Gal 
									Beckerman, The 
									Forward, 6 janvier 2006.
									
									[2] 
									« The idea that Jews have been put on 
									earth to make it a better, perhaps even a 
									holy, place » in The 
									Neoconservative Revolution : Jewish 
									Intellectuals and the Shaping of Public 
									Policy, par Murray Friedman, Cambridge 
									University Press (2005).
									
									[3] 
									« If you had exiled them to a desert 
									island a year and half ago, the Iraq war 
									would not have happened. », Cité in 
									« White man’s burden », par Ari Shavit, Haaretz, 
									3 avril 2003.
									
									[4] The 
									Closing of the American Mind : How Higher 
									Education Has Failed Democracy and 
									Impoverished the Souls of Today’s Students, 
									(1988).
									
									[5] 
									« Leo Strauss and the World of 
									Intelligence », par Abram Shulsky et Gary 
									Schmitt (1999). Article 
									téléchargeable.
									
									[6] 
									« Deception is the norm in political 
									life  »
									
									[7] Thoughts 
									on Machiavelli, par Leo Strauss, Free 
									Press (1958.
									
									[8] 
									« We are in sympathy with the simple 
									opinion about Machiavelli, not only because 
									it is wholesome, but above all because a 
									failure to take that opinion seriously 
									prevents one from doing justice to what is 
									truly admirable in Machiavelli : the 
									intrepidity of his thought, the grandeur of 
									his vision, and the graceful subtlety of his 
									speech. »
									
									[9] 
									« Machiavelli does not go to the end of 
									the road ; the last part of the road must be 
									travelled by the reader who understands what 
									is omitted by the writer. »
									
									[10] 
									« To discover from his writings what he 
									regarded as the truth is hard ; it is not 
									impossible. »
									
									[11] 
									« Elliott 
									Abrams, le "gladiateur" converti à la 
									"théopolitique" », par Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 14 février 2005.
									
									[12] Faith 
									or Fear : How Jews Can Survive in a 
									Christian America, par Elliott Abrams, 
									Touchstone (1997) : « En-dehors de la 
									terre d’Israël, il ne peut y avoir de doute 
									que les juifs, fidèles à l’alliance entre 
									Dieu et Abraham, doivent se tenir à l’écart 
									de la nation dans laquelle ils vivent. Il 
									est dans la nature même d’être juif d’être 
									séparé – sauf en Israël – du reste de la 
									population » [[« Outside the land of 
									Israel, there can be no doubt that Jews, 
									faithful to the covenant between God and 
									Abraham, are to stand apart from the nation 
									in which they live. It is the very nature of 
									being Jewish to be apart — except in Israel 
									— from the rest of the population. »
									
									[13] 
									« There is a place in the world for 
									non-ethnic nations and there is a place for 
									ethnic nations. ». Cité in « A 
									Tragedy of Errors », par Michael Lind,The 
									Nation, 23 février 2004.
									
									[14] 
									« The Contentious Magazine That 
									Transformed the Jewish Left into the 
									Neoconservative Right. »
									
									[15] 
									« This is to drive a knife into the heart 
									of Israel. [...] Jews don’t like big 
									military budget, but it is now an interest 
									of the Jews to have a large and powerful 
									military establishment in the United States. 
									[...] American Jews who care about the 
									survival of the state of Israel have to say, 
									no, we don’t want to cut the military 
									budget, it is important to keep that 
									military budget big, so that we can defend 
									Israel. »
									
									[16] 
									« A liberal who has been mugged by 
									reality. »
									
									[17] 
									« Les 
									marionnettistes de Washington », par 
									Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 13 novembre 2002.
									
									[18] 
									« L’Institut 
									américain de l’entreprise à la 
									Maison-Blanche », Réseau 
									Voltaire, 21 juin 2004.
									
									[19] 
									« Daniel 
									Pipes, expert de la haine », Réseau 
									Voltaire, 5 mai 2004.
									
									[20] 
									« Paul 
									Wolfowitz, l’âme du Pentagone », par 
									Paul Labarique, Réseau 
									Voltaire, 4 octobre 2004.
									
									[21] The 
									Real Anti-Semitism in America, par 
									Nathan Perlmutter, Arbor House Pub Co 
									(1982).
									
									[22] 
									« Peacemakers of Vietnam vintage, 
									transmutters of swords into plowshares »
									
									[23] Dangerous 
									Liaison : the Inside Story of the 
									U.S.-Israeli Covert Relationship, par 
									Andrew and Leslie Cockburn, Harpercollins 
									(1991).
									
									[24] 
									« The crazies »
									
									[25] 
									« Dick 
									Cheney, le patron des Républicains », Réseau 
									Voltaire, 18 octobre 2004.
									
									[26] 
									L’affaire est révélée dans « US Strategy 
									Plan Calls For Insuring No Rivals Develop » 
									par Patrick E. Tyler, in New 
									York Times du 
									8 mars 1992. Le quotidien publie également 
									de larges extraits en page 14 : « Excerpts 
									from Pentagon’s Plan : "Prevent the 
									Re-Emergence of a New Rival" ». Des 
									informations supplémentaires sont apportées 
									dans « Keeping the US First, Pentagon Would 
									preclude a Rival Superpower » par Barton 
									Gellman, in The 
									Washington Post du 
									11 mars 1992.
									
									[27] 
									« For deterring potential competitors 
									from even aspiring to a larger regional or 
									global role. »
									
									[28] 
									« Extend the current Pax Americana »
									
									[29] 
									« A military that is strong and ready to 
									meet both present and future challenges. »
									
									[30] Rebuilding 
									America’s Defenses, version française Reconstruire 
									les défenses de l’Amérique téléchargeable, 
									traduite par Pierre-Henry Bunel pour 
									ReOpen911.
									
									[31] 
									« Able to rapidly deploy and win multiple 
									simultaneous large-scale wars »
									
									[32] 
									« A new family of nuclear weapons 
									designed to address new sets of military 
									requirements. »
									
									[33] 
									« The process of transformation […] is 
									likely to be a long one, absent some 
									catastrophic and catalyzing event — like a 
									new Pearl Harbor. »
									
									[34] 
									« John 
									Bolton et le désarmement par la guerre », Réseau 
									Voltaire, 30 novembre 2004.
									
									[35] 
									« Condoleezza 
									Rice, toujours "deux fois meilleure que les 
									autres" », par Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 16 octobre 2008.
									
									[36] 
									« La 
									"Guerre des civilisations" », par 
									Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 4 juin 2004.
									
									[37] The 
									Israel Lobby and U.S. Foreign Policy par 
									John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, 
									Farrar Straus Giroux. Version française : Le 
									lobby pro-israélien et la politique 
									étrangère américaine, La Découverte 
									(2007).
									
									[38] 
									« Washington 
									soucieux de compromettre ses amis », par 
									Général Guennadi Evstafiev, Réseau 
									Voltaire, 25 novembre 2005. « Un 
									ex-cadre de l’AIPAC confirme l’accès du 
									lobby aux secrets US », Réseau 
									Voltaire, 4 janvier 2011.
									
									[39] 
									« Ahmed 
									Chalabi, parcours d’un aventurier », Réseau 
									Voltaire, 31 mai 2004.
									
									[40] Soldier : 
									The Life of Colin Powell, par Karen 
									DeYoung, Vintage (2007)
									
									[41] 
									« Separate little government »
									
									[42] 
									« The JINSA crowd »
									
									[43] 
									« La 
									cabale de la Maison-Blanche », par 
									Lawrence B. Wilkerson, Réseau 
									Voltaire, 8 novembre 2005.
									
									[44] 
									« A lot of these guys, including Wurmser, 
									I looked at as card-carrying members of the 
									Likud party, as I did with Feith. You 
									wouldn’t open their wallet and find a card, 
									but I often wondered if their primary 
									allegiance was to their own country or to 
									Israel. That was the thing that troubled me, 
									because there was so much that they said and 
									did that looked like it was more reflective 
									of Israel’s interest than our own. »
									
									[45] 
									« The most hawkishly pro-Israel voice in 
									the Administration »
									
									[46] Zionism, 
									Militarism and the Decline of U.S. Power, 
									par James Petras, Clarity Press (2008)
									
									[47] Israel 
									and the Clash of Civilisations Iraq, Iran, 
									and the Plant to Remake the Middle East, 
									par Jonathan Cook, Pluto Press (2008).
									
									[48] The 
									Transparent Cabal : The Neoconservative 
									Agenda, War in the Middle East and the 
									National Interest of Israel, par Ihs 
									Press (2008)
									
									[49] A 
									Clean Break : A New Strategy for Securing 
									the Realm, IASPS, 8 juillet 1996. Une version 
									abrégée est disponible sur le site de 
									l’IASPS. Le contenu complet du document 
									est connu par les compte rendus que le Guardian en 
									fit à l’époque.
									
									[50] 
									« To engage every possible energy on 
									rebuilding Zionism, »
									
									[51] 
									« Our claim to the land — to which we 
									have clung for hope for 2,000 years — is 
									legitimate and noble. […] Only the 
									unconditional acceptance by Arabs of our 
									rights, especially in their territorial 
									dimension, ‘peace for peace,’ is a solid 
									basis for the future. »
									
									[52] 
									« Everybody has to move, run and grab as 
									many hilltops as they can to enlarge the 
									settlements because everything we take now 
									will stay ours »
									
									[53] 
									« Les 
									néo-conservateurs et la politique du "chaos 
									constructeur" », par Thierry Meyssan, 
									Réseau Voltaire, 25 juillet 2006.
									
									[54] 
									Sous la présidence de Richard Perle, le 
									Defense Policy Board Advisory Committee 
									comprennait Kenneth Adelman, Richard V. 
									Allen, Martin Anderson, Gary S. Becker, 
									Barry M. Blechman, Harold Brown, Eliot 
									Cohen, Devon Cross, Ronald Fogleman, Thomas 
									S. Foley, Tillie K. Fowler, Newt Gingrich, 
									Gerald Hillman, Charles A. Horner, Fred C. 
									Ikle, David Jeremiah, Henry Kissinger, 
									William Owens, J. Danforth Quayle, Henry S. 
									Rowen, James R. Schlesinger, Jack Sheehan, 
									Kiron Skinner, Walter B. Slocombe, Hal 
									Sonnenfeldt, Terry Teague, Ruth Wedgwood, 
									Chris Williams, Pete Wilson et R. James 
									Woolsey, Jr.
									
									[55] Coping 
									with Crumbling States : A Western and 
									Israeli Balance of Power Strategy for the 
									Levant, IASPS, décembre 1996.
									
									[56] 
									« The residual unity of the nation is an 
									illusion projected by extreme repression of 
									the state. »
									
									[57] 
									« The 
									Case for Toppling Saddam. The longer America 
									waits, the more dangerous he becomes », 
									par Benjamin Netanyahu, The 
									Wall Street Journal, 20 septembre 2002.
									
									[58] 
									« A dictator who is rapidly expanding his 
									arsenal of biological and chemical weapons, 
									who has used these weapons of mass 
									destruction against his subjects and his 
									neighbors, and who is feverishly trying to 
									acquire nuclear weapons. »
									
									[59] 
									« Ben Laden was involved in the first 
									attack on the WTC which had as its intention 
									doing exactly what happened here, which is 
									the collapse of those towers. He certainly 
									has to be a prime suspect. But there are 
									others in the Middle East, and there are at 
									least two States, Iran and Irak, which 
									should at least remain on the list as 
									essential suspects. »
									
									[60] 
									« It is the day that will change our 
									lives. It is the day when the war that the 
									terrorists declared on the US [...] has been 
									brought home to the U.S. »
									
									[61] 
									« In language familiar to the Americans 
									by tapping into themes of American 
									administrations during the cold war which 
									apply well to Israel. »
									
									[62] 
									« Promote Western values and traditions. 
									Such an approach […] will be well received 
									in the United States. »
									
									[63] 
									« Such self-reliance will grant Israel 
									greater freedom of action and remove a 
									significant lever of [United States] 
									pressure used against it in the past. »
									
									[64] An 
									End to Evil : How to Win the War on Terror, 
									par Richard Perle et David Frum, Ballantine 
									Books (2003). Lire : « Le 
									programme des faucons pour 2004 », par 
									Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 25 décembre 2003.
									
									[65] 
									« End this evil before it kills again and 
									on a genocidal scale. There is no middle way 
									for Americans : It is victory or holocaust. »
									
									[66] 
									« Why would Iraq attack America or use 
									nuclear weapons against us ? I’ll tell you 
									what I think the real threat is and actually 
									has been since 1990 : it’s the threat 
									against Israel. And this is the threat that 
									dare not speak its name, because the 
									Europeans don’t care deeply about that 
									threat, I will tell you frankly. And the 
									American government doesn’t want to lean too 
									hard on it rhetorically, because it is not a 
									popular sell. »
									
									[67] 
									« No one should doubt that the United 
									States and Israel share a common enemy. We 
									are both targets of what you have correctly 
									called an “Axis of Evil.” Israel is targeted 
									in part because it is our friend, and in 
									part because it is an island of liberal, 
									democratic principles — American principles 
									— in a sea of tyranny, intolerance, and 
									hatred. »
									
									[68] 
									« Today we are all Americans […] For the 
									bin Ladens of the world, Israel is merely a 
									sideshow. America is the target. », 
									Testimony of former Israeli Prime Minister 
									Netanyahu before House Government Reform 
									Committee.
									
									[69] 
									« We are all Israelis now. »
									
									[70] 
									« Since September 11th, we Americans have 
									one thing more in common with Israelis. On 
									that day America was attacked by suicide 
									bombers. At that moment every American 
									understood what it was like to live in 
									Jerusalem, or Netanya or Haifa. And since 
									September 11th, Americans now know why we 
									must fight and win the war on terrorism. » 
									in Transcript 
									of remarks at Pro-Israel Rally, par Paul 
									Wolfowitz, West Front of United States 
									Capitol, Washington D.C., lundi 15 avril 
									2002.
									
									[71] 
									« Since the Sept 11th attack on the US, 
									Israel’s PR strategy has been to frame all 
									Palestinian action, violent or not, as 
									terrorism. To the extent that they can do 
									that, they’ve repackaged an illegal military 
									occupation as part of America’s war on 
									terror » In Peace, 
									Propaganda and the Promised Land, 
									documentaire de Sut Jhally et Bathsheba 
									Ratzkoff (2004)
									
									[72] 
									« To integrate and leverage history and 
									communications for the benefit of Israël »
									
									[73] Wexner 
									Analysis : Israeli Communication Priorities 
									2013. Version française La 
									communication israélienne pour 2003 selon la 
									Fondation Wexner, Traduction Marcel 
									Charbonnier, Réseau 
									Voltaire, 4 juillet 2003.
									
									[74] 
									« The two words that tie Israel to 
									America » et « two of the most hated 
									words in the English language right now »
									
									[75] 
									« For a year — a SOLID YEAR — you should 
									be invoking the name of Saddam Hussein and 
									how Israel was always behind American effort 
									to rid the world of this ruthless dictator 
									and liberate their people. »
									
									[76] 
									Greg Felton, The 
									Host and the Parasite : How Israel’s Fifth 
									Column Consumed America, Bad Bear Press, 
									2010, p. 248-9.
									
									[77] The 
									War Against the Terror Masters : Why It 
									Happened, Where We Are Now, How We’ll Win, 
									par Michael Ledeen, St. Martin’s Griffin 
									(2003).
									
									[78] 
									« If we destroy the terror masters in 
									Baghdad, Damascus, Tehran, and Riyadh, we 
									might have a chance of brokering a durable 
									peace [in Palestine]. »
									
									[79] Tyranny’s 
									Ally : America’s Failure to Defeat Saddam 
									Hussein, par David Wurmser, AEI Press 
									(1999)
									
									[80] Study 
									of Revenge : The First World Trade Center 
									Attack and Saddam Hussein’s War Against 
									America, par Laurie Mylroie avec une 
									préface de James Woolsey, AEI Press (2000).
									
									[81] 
									« An undercover war of terrorism, waged 
									by Saddam Hussein »
									
									[82] 
									« A phase in a conflict that began in 
									August 1990, when Iraq invaded Kuwait, and 
									that has not ended. »
									
									[83] 
									« Splendid and wholly convincing »
									
									[84] 
									« Even if evidence does not link Iraq 
									directly to the attack, any strategy aiming 
									at the eradication of terrorism and its 
									sponsors must include a determined effort to 
									remove Saddam Hussein from power in Iraq. 
									Failure to undertake such an effort will 
									constitute an early and perhaps decisive 
									surrender in the war on international 
									terrorism. »
									
									[85] 
									« Broad linkages »
									
									[86] 
									Initialement, l’unité était appelée Office 
									for the Strategic Influence (OSI), cf. « Rumsfeld 
									cible la France et l’Allemagne », par 
									Thierry Meyssan, Réseau 
									Voltaire, 2 janvier 2003. Elle devient 
									par la suite Office of Special Plans (OSP), 
									cf. Histoire 
									secrète du Mossad : de 1951 à nos jours, 
									par Gordon Thomas, Points, 2007, p. 552-554.
									
									[87] 
									« Usurp measured and carefully considered 
									assessments, and through suppression and 
									distortion of intelligence analysis 
									promulgate what were in fact falsehoods to 
									both Congress and the executive office of 
									the president. » « This was 
									creatively produced propaganda. »
									
									[88] Syria 
									Accountability and Lebanese Sovereignty 
									Restoration Act
									
									[89] 
									« To halt Syrian support for terrorism, 
									end its occupation of Lebanon, stop its 
									development of weapons of mass destruction. »
									
									[90] 
									« Let’s 
									Defeat Syria, Not Apease It », par 
									David Wurmser, The 
									Wall Street Journal, 25 février 2000. Le 
									plan initial prévoyait de frapper la Syrie 
									par le Liban, ce n’est qu’après la 
									surprenante victoire du Hezbollah en 2006 
									contre Israël que les néoconservateurs 
									envisagèrent de recourir à l’OTAN.
									
									[91] 
									« Syria will slowly bleed to death »
									
									[92] Countdown 
									to Crisis : The Coming Nuclear Showdown With 
									Iran, par Kenneth Timmerman, Crown Forum 
									(2005)
									
									[93] 
									« The regime of Teheran has a choice to 
									make. […] If Iran makes the wrong choice, 
									America will act to protect our interests 
									and our troops and our Iraqi partners. »
									
									[94] 
									« The secret cabal got what it wanted : 
									no negociations with Tehran. »
									
									[95] Iran : 
									Nuclear Intentions and Capabilities, 
									National Intelligence Estimates (2007). 
									Version française : « Iran : 
									intentions et possibilités nucléaires, 
									extraits du NIE », Réseau 
									Voltaire, 17 décembre 2007.
									
									[96] 
									« Washington 
									décrète un an de trêve globale », par 
									Thierry Meyssan,Réseau Voltaire, 3 
									décembre 2007.« Réactions 
									internationales à la publication du NIE sur 
									l’Iran », Réseau 
									Voltaire, 17 décembre 2007.
									
									[97] 
									« Put a virtual armada, unannounced, on 
									Iran’s doorstep »
									
									[98] 
									« La 
									Maison-Blanche sacrifiera-t-elle la Ve 
									flotte pour justifier la destruction 
									nucléaire de l’Iran ? », par Michael 
									Salla, Traduction Marcel Charbonnier, Réseau 
									Voltaire, 18 novembre 2007. Information 
									confirmée quatre ans plus tard : « Why was a 
									Navy adviser stripped of her career ? », par 
									Jeff Stein, The 
									Washington Post, 21 août 2012
									
									[99] 
									« The 
									Saudi Connection », par David Wurmser, The 
									Weekly Standard, 29 octobre 2001.
									
									[100] 
									« Discourses on Democracy : Saudi Arabia, 
									Friend or Foe ? », 6 juin 2003
									
									[101] Hatred’s 
									Kingdom : How Saudi Arabia Supports the New 
									Global Terrorism, par Dore Gold, Regnery 
									Publishing (2004).
									
									[102] 
									« The kernel of evil, the prime mover, 
									the most dangerous opponent »
									
									[103] 
									« Iraq is the tactical pivot. Saudi 
									Arabia the strategic pivot. Egypt the prize. »
									
									[104] Princes 
									of Darkness : the Saudi Assault on the West, 
									par Laurent Murawiec, Rowman & Littlefield 
									(2005). La version originale rédigée en 
									français n’a pas été publiée.
									
									[105] La 
									Face cachée du 11 Septembre, par Éric 
									Laurent, Plon (2004)
									
									[106] 
									« The Saudis qualify for their own 
									membership in the axis of evil »
									
									[107] 
									« Tell the truth about Saudi Arabia »
									
									[108] Declaration 
									of War Against the Americans Occupying the 
									Land of the Two Holy Places
									
									[109] 
									« He became president, but he didn’t know 
									why, and on sept 11, he discovered why. »
									
									[110] 
									« US authorities sought his removal after 
									confirming the fact that $100,000 were wired 
									to WTC hijacker Mohamed Atta from Pakistan 
									by [ISI agent] Ahmed Omar Saïd Sheikh at the 
									instance of General Mahmud. » in « India 
									helped FBI trace ISI-terrorist links », 
									par Manoj Joshi, Times 
									of India, 9 octobre 2001.
									
									[111] 
									« We were talking about terrorism, 
									specifically terrorism generated from 
									Afghanistan », cité in « Secret 
									Hearings hide 911 terrorist links to 
									Congress/White House », par Tom Flocco, American 
									Free Press, 8 octobre 2002.
									
									[112] Deadly 
									Embrace : Pakistan, America, and the Future 
									of Global Jihad, par Bruce Riedel, 
									Brookings Institution
									
									[113] 
									« An astonishing degree of duplicity », 
									« the secret patron of global jihad on a 
									scale almost too dangerous to conceive. We 
									would need to rethink our entire 
									relationship with Pakistan and our 
									understanding of its strategic motives. »
									
									[114] 
									« World War IV : Why We Fight, Whom We 
									Fight, How We Fight », colloque organisé par 
									leCommittee on the Present Danger et la 
									Foundation for the Defense of Democracies, 
									Mayflower Hotel (Washington), 29 septembre 
									2004. En présence de Paul Wolfowitz, John 
									Kyl, Joseph Lieberman, R. James Woolsey, 
									Norman Podhoretz, Eliot Cohen, Rachel 
									Ehrenfeld.
									
									[115] 
									« How to Win World War IV »
									
									[116] 
									« World War IV : How It Started, What It 
									Means, and Why We Have to Win »
									
									[117] World 
									War IV : The Long Struggle Against 
									Islamofascism, par Norman Podhoretz, 
									Vintage (2008).
									
									[118] 
									« We are up against a truly malignant 
									force in radical Islamism and in the states 
									breeding, sheltering, or financing its 
									terrorist armory. This new enemy has already 
									attacked us on our own soil — a feat neither 
									Nazi Germany nor Soviet Russia ever managed 
									to pull off — and openly announces his 
									intention to hit us again, only this time 
									with weapons of infinitely greater and 
									deadlier power than those used on 9/11. His 
									objective is not merely to murder as many of 
									us as possible and to conquer our land. Like 
									the Nazis and Communists before him, he is 
									dedicated to the destruction of everything 
									good for which America stands. »
									
									[119] 
									« There can be no worthwhile political or 
									military education about Israel without 
									profound knowledge of the Bible » in Ben-Gurion, 
									Prophet of fire, par Dan Kurzman, Simon 
									and Schuster (1983).
									
									[120] 
									« This will be our revenge for what they 
									did to our ancestors in biblical times ». 
									Cité in The 
									Ethnic Cleansing of Palestine, par Ilan 
									Pappé, Oneworld Publications. Version 
									française : Le 
									Nettoyage ethnique de la Palestine, 
									Fayard (2008).
									
									[121] Zionism 
									in the Age of the Dictators, Lawrence 
									Hill & Co (1983) et 51 
									Documents : Zionist Collaboration with the 
									Nazis, Barricade Books (2009)
									
									[122] Wir 
									Juden, par Joachim Prinz (1934).
									
									[123] 
									« Oh, it’s worse than that. This is a 
									memo that describes how we’re gonna take out 
									seven countries in five years, starting with 
									Irak, and then Syria, Lebanon, Libya, 
									Somalia and Sudan and finishing off with 
									Iran. »