برگشت "جنگ ستارگان"
http://www.voltairenet.org/article183741.html
Le retour de la « Guerre des étoiles »
par Dmitry
Litovkin
Moscou s’inquiète non seulement du déploiement des missiles
offensifs de l’Otan en Europe orientale, dénommé par euphémisme
« bouclier anti-missiles », mais surtout des nouveaux drones
hypersoniques états-uniens. Ces deux systèmes pourraient en
effet neutraliser la défense nucléaire russe. C’est pourquoi
l’administration Poutine a investi dans la modernisation de sa
défense aérienne et spatiale. Il ne s’agit pas à proprement
parler de « Guerre des étoiles » puisque l’armement US est
offensif, tandis que celui de la Russie est défensif.
RÉSEAU VOLTAIRE |
MOSCOU (RUSSIE) |
12 MAI 2014

ENGLISH ITALIANO


La salle de contrôle de la 4ème brigade de défense aérienne et
spatiale dans la région de Moscou.
© Grigoriy Sisoev
En réponse à la mise en place de la politique de frappes
préemptives de Washington, Moscou s’apprête à dévoiler son
bouclier aérospatial dont la portée doit lui permettre
d’intervenir à n’importe quel endroit du globe.
Les drones hypersoniques devraient marquer une nouvelle étape de
la confrontation militaire entre Moscou et Washington. En
réponse à la mise en place de la politique de frappes
préemptives des États-Unis, la Russie se tient prête à dévoiler
son bouclier aérospatial dont la portée, qui est celle des
forces de défense aérospatiale russes, doit lui permettre
d’atteindre n’importe quel objectif sur la planète.
Cet événement marque le retour d’un thème central de la Guerre
froide, l’éventualité d’une « Guerre des étoiles ».
La menace militaire venant de l’espace
Contrairement à George Lucas, le 40ème président des États-Unis,
Ronald Reagan, savait très bien qu’une guerre dans l’espace
n’était plus une perspective futuriste. Au cours du siècle
dernier, dans les années 1980, la seule chose qui l’a empêché de
donner aux États-Unis la suprématie totale sur les Soviétiques
était l’absence de la technologie nécessaire.

Premier engin spatial militaire russe dont le lancement est
prévu pour Mars
Les États-Unis ont acquis cette technologie 25 ans après la fin
de son mandat présidentiel. En décembre dernier, le président
russe Vladimir Poutine faisait remarquer que l’arrivée d’engins
se déplaçant à des vitesses hypersoniques, sans pilote, ainsi
que la menace que représentent les missiles balistiques des
États-Unis et la possibilité que ces engins soient réellement
utilisés, pourraient rendre les systèmes de défense dont dispose
la Russie complètement obsolètes.
« Un dispositif de défense aérospatiale efficace est
indispensable au maintien de notre force de dissuasion
stratégique, et à la protection de notre pays contre des menaces
de frappes venant de l’espace », a déclaré Poutine en juin 2013
au cours de la visite d’une usine de fabrication de missiles
balistiques destinés à la lutte antiaérienne.
« Aucun pays, hormis les États-Unis, n’est susceptible de
constituer une menace pour l’arsenal nucléaire russe
(Strategicheskie Yaderniye Sili, ou SyaS) et aucun autre pays
n’est capable de lancer des frappes depuis l’espace ».
D’après l’expert militaire Igor Kortchenko, cela implique qu’il
faut au préalable comprendre quelles sont les menaces militaires
auxquelles la Russie pourrait être exposée au cours des 15 à 20
prochaines années. Notamment le fait que plusieurs États, les
États-Unis principalement, sont en train de mener des recherches
afin de se doter d’une force de frappe hypersonique.
Ces missiles seront capables d’opérer dans l’atmosphère mais
également dans l’espace. D’où la nécessité d’équiper le système
de défense aérospatiale russe (Vozdushno-Kosmicheskaya Oborona,
ou VKO) de dispositifs de lutte antiaérienne et antibalistique
de pointe (Protivovozdushnaya Oborona i Protivoraketnaya
Oborona, ou PVO-PRO).
En mars un institut de recherche scientifique sur la Défense
aérospatiale a été crée en Russie. Cet institut à pour mission
de développer un système de surveillance et d’alerte en cas
d’attaque aérospatiale, la neutralisation par brouillage ou
destruction de cette menace ainsi que le développement de
systèmes de contrôle et de maintenance pour les forces de
défense aérospatiales russes déjà existantes.
Le système de défense stratégique aérospatial (Strategicheskie
Sistemy Vozdushno-Kosmicheskoi Oborony), qui rassemble les
concepteurs de radars et de missiles, doit travailler sur
l’aspect technique du projet. Sur les 22 000 milliards de
roubles (616 millions de dollars) consacrés au programme de
rééquipement de l’appareil militaire russe d’ici 2020, Moscou a
prévu d’en allouer 20 % au programme « Zvyozdnye Voiny » (Guerre
des étoiles). Ce qui représente environ 3 000 à 4 000 milliards
de roubles (106 milliards de dollars).
Ce financement a d’ores et déjà permis la modernisation d’un
champ de radar continu permettant la détection précoce d’un
missile. Le dernier système radar Voronej-DM est
en train d’être déployé le long des frontières russes. Ce
système peut détecter le moindre mouvement jusqu’à plus de
3 000 km à l’extérieur des frontières du pays.
Ces stations radar ont déjà été installées aux abords de
Léningrad, Kaliningrad et Irkoutsk, ainsi que dans la région de
l’Altaï et du Krasnodar. Le but étant qu’ils se trouvent à une
distance d’environ 1000 km les unes des autres. Le vice-ministre
de la défense Youri Borisov estime qu’ avant fin 2018, ces
stations formeront ainsi un système de défense radar complet
entourant la Russie.
S’agit-il d’une nouvelle course aux armements ?
Parallèlement à ce système de détection précoce des missiles
balistiques, Moscou développe son propre arsenal de dissuasion.
Ces dernières années une opération de modernisation de grande
envergure a été menée sur les systèmes de tir antimissile A-135déployés
autour de Moscou.
De plus, le déploiement d’un système antiaérien de courte à
moyenne portée Pantsir-S1 est
prévu, ainsi que 28 régiments de missiles sol-air équipés du
système S-400
Triumph, (soit 450 à 670 sites de lancement) et 38 batteries
de missiles équipés de la technologie de pointe S-500
Vityaz (soit 300
à 460 sites de lancement).

Nouveau système de surveillance radar testé sur l’espace
extra-atmosphérique
Selon Borisov, plusieurs nouvelles usines sont en construction
dans la région de Kirov et Nijni Novgorod pour permettre à la
Russie d’acquérir cette capacité de défense. Le coût de ces
nouvelles usines est estimé à plus de 36 milliards de roubles
(soit 1 milliard de dollars).
La même démarche a été entreprise pour améliorer la capacité de
combat de l’armement stratégique russe. Depuis que les
États-Unis se sont retirés du traité de limitation des armements
stratégiques (Anti-Ballistic Missile Treaty), Moscou a testé six
types de missiles balistiques intercontinentaux et les a mis en
service au sein des composantes terrestre et maritime de sa
force de dissuasion. Tous, contrairement aux missiles rentrant
dans le cadre des traités de limitations russo-américains, sont
équipés non pas d’une seule, mais de plusieurs têtes nucléaires.
Moscou est sûr que les projets visant à développer son système
de défense aérospatial ne mèneront pas à une nouvelle Guerre
froide. La différence du montant du budget consacré par les
Russes et les États-uniens à ce sujet est immense.
Dmitry Litovkin
Traduction
Grégory Dhenin
Source
Russia and India Report
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