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				هزاران پشۀ تغییر داده شده ژنتیکی در برزیل در حال تجارتی شدن 
				هستند. 
				
				
				
				
				Internationalnews  
				
				
				
				
				http://www.internationalnews.fr/article-des-millions-de-moustiques-ogm-sur-le-point-d-etre-commercialises-au-bresil-123415455.html 
				
				
				
				Basta 16 
				AVRIL 2014 
				
				
				
				PAR SOPHIE 
				CHAPELLE  
				
				
				  
				
				
				Le moustique OX513A sera peut-être le premier animal – ou plutôt 
				insecte – transgénique que vous rencontrerez dans la nature. 
				Conçu par une entreprise britannique, ce moustique OGM doit 
				servir à lutter contre la propagation de la dengue. Après des 
				tests grandeur nature, le Brésil est sur le point de donner son 
				feu vert à sa commercialisation. Problème : aucune étude 
				indépendante n’a été réalisée pour mesurer les conséquences de 
				la production massive de cet insecte transgénique. Et son 
				efficacité contre la dengue est contestée. 
				
				
				Ce n’est malheureusement pas un scénario de série B. Pour 
				la première fois, des animaux génétiquement modifiés vont être 
				commercialisés en milieu ouvert.Le Brésil est 
				sur le point d’autoriser l’usage de moustiques génétiquement 
				modifiés. Le 10 avril, la Commission brésilienne en charge des 
				OGM (CNTBio) a approuvé, à 16 voix contre une, la dissémination 
				dans l’environnement du moustique transgénique Aedes 
				aegypti commercialisé par l’entreprise britannique 
				Oxitec [1]. 
				
				
				Le nom de code de cette lignée de moustiques génétiquement 
				modifiés est OX513A. Pour les autorités brésiliennes, l’enjeu 
				est de lutter contre la dengue, une infection virale 
				potentiellement mortelle transmise à l’être humain par la piqûre 
				de moustiques femelles. En 2013, 2,35 millions de cas de dengue, 
				dont plus de 37 000 étaient des cas d’infection sévère, ont été 
				signalés sur le continent américain, selon 
				l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 
				
				
				D’après la société Oxitec, qui a déposé la demande de 
				commercialisation en juillet 2013, ces moustiques transgéniques 
				permettraient de « contrôler » la population des moustiques 
				porteurs de dengue en les rendant stériles. 
				
				
				Des essais ont eu lieu dans plusieurs villes du Brésil depuis 
				2011, notamment à Juazeiro dans l’État de Bahia (nord-est du 
				pays). 17 millions de moustiques mâles y ont été relâchés en 
				deux ans, selon un reportage 
				vidéo de France 
				24. C’est dans cette même ville qu’a été inaugurée à 
				l’été 2012 l’usine Moscamed, co-gérée par le ministère de 
				l’Agriculture brésilien, qui multiplie les œufs de moustique 
				conçus par Oxitec. Du ministère de la Santé aux sociétés Oxitec 
				et Moscamed, les propos sont unanimes : les lâchers de 
				moustiques mâles génétiquement modifiés réduisent drastiquement 
				– de 79% à 90% – la population de moustiques sauvages au bout de 
				six mois. 
				
				
				
				Aucune étude indépendante
				
				
				La technique utilisée par Moscamed consiste à insérer un gène 
				perturbateur dans des œufs de moustiques qui les rend dépendants 
				à un antibiotique, la tétracycline. Ce médicament est 
				indispensable pour leur croissance, explique Oxitec. 
				
				
				L’usine Moscamed se charge de détruire les œufs femelles et 
				assure ne relâcher que les mâles qui ne peuvent pas piquer, donc 
				transmettre la dengue. Ces moustiques mâles génétiquement 
				modifiés sont censés s’accoupler dans la nature avec des 
				femelles « sauvages » et engendrer des descendants non viables, 
				contribuant ainsi à leur extinction progressive.  
				
				
				« Ces moustiques, lâchés dans la nature en quantité deux fois 
				supérieure à celle des moustiques non transgéniques, attireront 
				les femelles pour copuler mais leur progéniture n’atteindra pas 
				l’âge adulte, ce qui devrait réduire la population de l’Aedes 
				aegypti », 
				avance le ministère de la Santé brésilien. 
				
				
				Or, aucune étude indépendante n’a validé les données avancées 
				par Oxitec. Pour de nombreuses organisations écologistes, « le 
				dossier est lacunaire. Aucun plan de suivi post-commercial n’est 
				fourni par l’entreprise, et les soi-disant "résultats probants" 
				des essais en champs (commencés en février 2011) n’ont pas été 
				publiés », rappelle l’association 
				Inf’OGM.  
				
				
				Les essais réalisés avec ce même moustique génétiquement 
				modifié, dans les îles Caïmans, ont également montré que la 
				technologie n’était pas si efficace, et qu’il faudrait plus de 
				sept millions de moustiques génétiquement modifiés stériles, par 
				semaine, pour avoir une chance de supprimer une population 
				sauvage de seulement 20 000 moustiques [2]. 
				
				
				
				Reproduction incontrôlée d’insectes OGM ?
				
				
				N’y a t-il par ailleurs aucune chance que ces OGM, présentés 
				comme « stériles », se reproduisent ? Selon 
				un document 
				confidentiel rendu public par l’ONG anglaise 
				GeneWatch – 
				qu’elle a pu obtenir grâce aux lois britanniques sur la liberté 
				d’information –, les 
				moustiques génétiquement modifiés par Oxitec ne sont pas aussi 
				stériles que prévu. 
				
				
				La tétracycline, le fameux antibiotique dont dépendent ces 
				insectes, est très largement présente dans les eaux usées et 
				dans la viande issue d’élevage industriel.  
				
				
				« Or, les moustiques qui transmettent la dengue se reproduisent 
				dans des environnements largement pollués par les eaux usées, 
				souligne Christophe Noisette, d’Inf’OGM. En 
				présence de cet antibiotique, leurs progénitures ont un taux de 
				survie de 15 % environ et leur descendance sont capables 
				d’atteindre l’âge adulte ». 
				
				
				L’étude citée par GeneWatch mentionne aussi que les 
				moustiques GM peuvent survivre, même sans la présence de 
				tétracycline, à hauteur de 3 %, ce qui rend impossible le 
				contrôle de millions de moustiques lâchés dans la nature.  
				
				
				« C’est un défaut fondamental de la technologie d’Oxitec qui 
				devrait donc arrêter ses expériences », 
				réagit Helen Wallace, directrice de GeneWatch. Aux côtés 
				d’autres organisations [3], 
				GeneWatch exprime également sa 
				crainte que le nombre de « moustiques-Tigre » (Aedes 
				albopictus), 
				originaires d’Asie et également vecteurs de la dengue, 
				n’augmente. 
				
				
				Cette espèce extrêmement invasive pourrait en effet occuper 
				la niche écologique laissée par l’élimination des moustiques Aedes 
				aegypti. C’est 
				sur la base de cette absence d’étude d’impact indépendante 
				qu’une pétition a 
				été lancée en Floride où la firme Oxitec avait prévu des essais 
				à ciel ouvert. La pétition a recueilli près de 130 000 
				signatures et l’expérience dans cet Etat américain a été 
				repoussée jusqu’à nouvel ordre. 
				
				
				Du coté d’Oxitec, on assure que cette technique serait 
				« réversible ». « Les 
				moustiques sauvages reviennent lorsque l’on arrête de traiter la 
				zone ». Et c’est là une des clés financières pour 
				Oxitec. Car les moustiques OGM fonctionnent comme des 
				insecticides : pour qu’ils soient efficaces, il faut inonder les 
				zones à traiter en permanence, ce qui implique une production 
				continue de millions de moustiques transgéniques. 
				
				
				En bout de course, des millions d’euros pour Oxitec qui a le 
				monopole de cette « technologie ». Et qui a d’ores et déjà 
				breveté l’idée dans la plupart des pays touchés par la dengue. 
				
				
				Or, la moitié de la population mondiale environ est exposée au 
				risque d’après l’OMS. Il ne reste plus à Oxitec qu’à attendre la 
				confirmation de l’autorisation par l’Etat brésilien avant de 
				commencer à percevoir ses royalties. 
				
				
				Le moustique OX513A deviendra alors le premier animal OGM 
				librement commercialisé. D’autres animaux génétiquement modifiés 
				ont déjà été autorisés, comme des poissons transgéniques fluo, 
				nommés Glofish et Night 
				Pear, destinés à un usage décoratif en aquarium. Mais 
				ils sont censés demeurer en milieu confiné. 
				
				
				A lire, sur les animaux transgéniques : Ces 
				animaux mutants que la cuisine génétique vous prépare 
				
				
				Les emphases sont d'IN 
				
				
				
				Notes
				
				
				[1] Voir le 
				communiqué de la CNTBio. 
				
				
				[2] Winskill 
				P, Harris AF, Morgan SA, et al. (2014) Genetic control of Aedes 
				aegypti : data-driven modelling to assess the effect of 
				releasing different life stages and the potential for long-term 
				suppression. Parasites & Vectors 7(1):68. 
				
				
				[3] Third 
				World Network, AS-PTA, Red América Latina Libre de Transgénicos, 
				GeneWatch UK 
				
				
				  
				  
				  
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