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Le néoconservatisme, qui est généralement perçu
comme une droite républicaine extrême, est en
réalité un mouvement intellectuel né à la fin
des années 1960 au sein de la rédaction de la
revue mensuelleCommentary, l’organe de
presse de l’American Jewish Committee qui
a remplacé le Contemporary
Jewish Record en
1945. The
Forward, le plus ancien quotidien juif
américain, écrit dans un article de 2006 : « S’il
y a un mouvement intellectuel en Amérique dont
les juifs peuvent revendiquer l’invention, c’est
bien le néoconservatisme. Cette pensée
horrifiera sans doute la plupart des juifs
américains, majoritairement libéraux. Et
pourtant c’est un fait qu’en tant que
philosophie politique, le néoconservatisme est
né parmi les enfants des immigrants juifs et
qu’il est actuellement le domaine particulier
des petits-enfants de ces immigrants » [1].
L’apologiste du néoconservatisme Murray Friedman
explique cela par la bénéficience inhérente au
judaïsme, « l’idée que les juifs ont été
placés sur terre pour un faire un monde
meilleur, peut-être même plus sacré » [2].
De même que l’on parle de la « droite
chrétienne » comme d’une force politique aux
États-Unis, on pourrait donc parler des
néoconservateurs comme représentant la « droite
juive ». Cependant, cette caractérisation
est problématique pour trois raisons.
Premièrement,
les néoconservateurs ne forment qu’un petit
clan, bien qu’ils aient acquis une autorité
considérable sur les organisations
représentatives juives, notamment la Conference
of Presidents of Major American Jewish
Organizations. Le journaliste Thomas
Friedman du New
York Times en
compte vingt-cinq, à propos desquels il écrit en
2003 : « si vous les aviez exilés sur une île
déserte il y a un an et demi, la guerre en Irak
n’aurait pas eu lieu » [3].
Les néoconservateurs compensent leur petit
nombre par la multiplication de leurs Committees, Projectset
autres think
tanks redondants,
qui leur confèrent une sorte d’ubiquïté, mais
leur philosophie reste l’apanage d’un petit
nombre.
Deuxièmement,
les néoconservateurs de la première génération
sont tous issus majoritairement de la gauche, et
même de l’extrême gauche trotskiste pour
certains comme Irving Kristol, intellectuel
phare du néoconservatisme et l’un des principaux
rédacteurs de Commentary.
C’est à la fin des années 60 que la rédaction de Commentary amorce
son virage à droite en rompant avec la New
Left pacifiste
incarnée par George McGovern. Norman Podhoretz,
le rédacteur en chef deCommentary de
1960 jusqu’à sa retraite en 1995, était militant
anti-Vietnam jusqu’en 1967, pour devenir dans
les années 70 un fervent avocat de
l’augmentation du budget de la Défense,
entraînant la rédaction dans son sillage. Dans
les années 1980, il s’oppose à la politique de
détente dans son livre The
Present Danger. Il plaide pour l’invasion de
l’Irak dans les années 90, et à nouveau au début
des années 2000. En 2007, tandis que son fils
John Podhoretz prend la relève comme rédacteur
en chef deCommentary, il clame l’urgence
d’une attaque américaine contre l’Iran.
Troisièmement,
contrairement aux chrétiens évangéliques avec
qui ils s’associent volontiers, les
néoconservateurs n’affichent pas leur judaïsme.
Qu’ils aient été marxistes ou non, ils sont
majoritairement non-religieux. La philosophie
dont se revendiquent expressément les plus
influents d’entre eux (Norman Podhoretz et son
fils John, Irving Kristol et son fils William,
Donald Kagan et son fils Robert, Paul Wolfowitz,
Abram Shulsky) est celle de Leo Strauss, de
sorte que les néoconservateurs se sont parfois
définis eux-mêmes comme « straussiens ».
Strauss, né d’une famille de juifs orthodoxes
allemands, fut l’élève et le collaborateur de
Carl Schmitt, politologue spécialiste de Thomas
Hobbes, admirateur de Mussolini, théoricien
d’une « théologie politique » dans
laquelle l’État s’approprie les attributs de
Dieu, et juriste attitré du Troisième Reich.
Après l’incendie du Reichstag en février 1933,
c’est Schmitt qui fournit le cadre juridique
justifiant la suspension des droits et la mise
en place de la dictature. C’est aussi Schmitt
qui, en 1934, obtint personnellement de la Rockefeller
Foundation une
bourse permettant à Leo Strauss de quitter
l’Allemagne afin d’étudier Thomas Hobbes à
Londres puis Paris, pour enfin enseigner à
Chicago. Cette filiation n’est pas contestée par
les straussiens.
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Leo Strauss (1899-1973)
La pensée de Leo Strauss est délicate à cerner,
parce qu’il s’exprime moins souvent en son nom
propre qu’en tant que commentateur des auteurs
classiques. De plus, comme ses disciples Allan
Bloom [4]
ou Samuel Huntington, Strauss prend la
précaution d’enrober ses idées les plus
radicales de déclarations humanistes de
principe. Néanmoins trois principes fondamentaux
peuvent aisément être extraits de sa philosophie
politique, peu différente de celle de Schmitt :
Premièrement,
les nations tirent leur force de leurs mythes,
qui sont indispensables pour le gouvernement des
peuples.
Deuxièmement,
les mythes nationaux n’ont pas de rapport
nécessaire avec la réalité historique : ce sont
des constructions culturelles que l’État a pour
devoir de diffuser.
Troisièmement,
pour être efficace, tout mythe national doit
être fondé sur une distinction claire entre le
bien et le mal, car il tire sa force cohésive de
la haine d’un ennemi de la nation. Comme
l’admettent Abram Shulsky et Gary Schmitt [5],
pour Strauss, « la tromperie est la norme en
politique » [6]
— règle qu’ils appliqueront en fabriquant, au
sein de l’Office of Special Plans(OSP),
le mensonge des armes de destruction massives de
Saddam Hussein (voir plus loin).
Dans sa maturité, Strauss fut un grand
admirateur de Machiavel, qu’il estime avoir
mieux compris que quiconque. Dans ses Réflexions
sur Machiavel [7],
il se démarque des intellectuels qui tentent de
réhabiliter le Florentin contre le sens commun
qui le tient pour immoral. Strauss reconnaît au
contraire l’immoralité absolue de Machiavel,
dans laquelle il voit la source de son génie
révolutionnaire : « Nous sommes en sympathie
avec l’opinion commune au sujet de Machiavel,
non seulement parce qu’elle est entière, mais
surtout parce que ne pas prendre cette opinion
au sérieux nous empêcherait de faire justice à
ce qui est vraiment admirable chez Machiavel :
le caractère intrépide de sa pensée, la grandeur
de sa vision et la subtilité gracieuse de son
discours » » [8].
La pensée de Machiavel est si radicale et pure
que ses implications ultimes ne pouvaient être
livrées ouvertement : « Machiavel ne pas
aller jusqu’au bout de la route ; la dernière
partie de la route doit être parcourue par le
lecteur qui comprend ce qui est omis par
l’auteur » [9].
Strauss est le guide qui permet aux esprits
dignes (ses élèves néoconservateurs) de suivre
la route jusqu’au bout : « Pour découvrir à
partir de ses écrits ce qu’il considérait comme
la vérité est difficile, mais n’est pas
impossible » [10].
La vérité profonde de Machiavel, que seul le
philosophe (straussien) est capable de supporter
n’est pas un soleil aveuglant mais un trou noir,
un gouffre que seul le philosophe (straussien)
est capable de contempler sans se transformer en
bête : l’univers n’ayant que faire de l’espèce
humaine et l’individu n’étant qu’une
insignifiante poussière, il n’existe ni bien ni
mal, et il est ridicule de se préoccuper du
salut de son âme, plutôt que de la seule réalité
qui puisse approcher l’immortalité : la nation.
Machiavel est donc le parfait patriote, et le
straussisme est la forme pure du machiavélisme,
réservée au petit nombre.
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« La Foi ou la Peur, comment des
juifs peuvent survivre dans une Amérique
chrétienne », par Elliott Abrams (1997)
Il existe des straussiens parmi les chantres de
l’impérialisme américain, mais c’est à la cause
d’Israël que se dévouent prioritairement les
néoconservateurs. Ce qui les caractérise n’est
pas le judaïsme en tant que tradition
religieuse, mais le sionisme en tant que cause
nationale — une cause qui implique non seulement
la sécurité d’Israël, mais son expansion à toute
la Palestine, le Grand Israël. Il est bien
évident que, si le sionisme est synonyme de
patriotisme en Israël, il ne saurait être une
étiquette acceptable pour un mouvement politique
aux États-Unis, où il signifierait une loyauté
envers une puissance étrangère. C’est pourquoi
les néoconservateurs ne s’affichent pas comme
sionistes sur la scène politique états-unienne.
Ils ne s’en cachent pas pour autant. Elliott
Abrams, conseiller national de sécurité adjoint
dans l’administration de Bush fils [11],
a écrit dans son livre La
Foi ou la Peur, comment des juifs peuvent
survivre dans une Amérique chrétienne [12].
On trouverait difficilement une meilleure
définition du sionisme, dont le corollaire est
l’apartheid pratiqué contre les non-juifs de
Palestine, défendu la même année par Douglas
Feith dans ses Réflexions
sur le libéralisme, la démocratie et le sionisme,
prononcées à Jérusalem : « Il y a une place
dans le monde pour des nations non-ethniques et
une autre place pour les nations ethniques. » [13].
Si l’on est en droit de considérer les
néoconservateurs comme sionistes, c’est surtout
en constatant que leurs choix en politique
étrangère ont toujours coïncidé parfaitement
avec l’intérêt d’Israël (tel qu’ils le
conçoivent), au point de susciter de légitimes
questions sur leur loyauté première. L’intérêt
d’Israël est depuis toujours compris comme
dépendant de deux choses : l’immigration des
juifs d’Europe de l’Est et le soutien financier
des juifs de l’Ouest (américains et, dans une
moindre mesure, européens). Jusqu’en 1967,
l’intérêt national fait pencher Israël vers
l’Union Soviétique, tandis que le soutien des
juifs américains reste réservé. L’orientation
socialiste et collectiviste du Parti
travailliste, fondateur et majoritaire, l’y
enclint, mais ses bonnes relations avec l’URSS
d’alors s’expliquent surtout par le fait que
l’immigration massive des juifs n’est possible
que par le bon vouloir du Kremlin. Durant les
trois années suivant le départ des Britanniques
(1948), qui avaient jusque-là limité
l’immigration par égard pour la population
arabe, 200 000 juifs polonais réfugiés en URSS
sont autorisés à s�����installer en Palestine,
tandis que d’autres affluent de Roumanie,
Hongrie et Bulgarie.
Mais la guerre des Six Jours marque un
tournant : en 1967, Moscou proteste contre
l’annexion par Israël de nouveaux territoires en
rompant ses relations diplomatiques avec
Tel-Aviv et en stoppant soudain l’émigration de
ses citoyens juifs, qui s’était pourtant
accélérée dans les mois précédents. C’est à
partir de cette date que Commentary devient,
selon le mot de Benjamin Balint, « le
magazine polémique qui a transformé la gauche
juive en une droite néoconservatrice » [14].
Dès lors, les néoconservateurs prennent en effet
conscience que la survie d’Israël — et si
possible son expansion territoriale — dépend de
l’aide et de la protection militaire
états-unienne, et simultanément que le besoin en
immigration ne pourra être comblé que par la
chute du communisme. Ces deux objectifs
convergent vers le besoin de renforcer la
puissance militaire des États-Unis. C’est la
raison pour laquelle, écrit Irving Kristol dans
la revue de l’American Jewish Congress en
1973, il faut combattre la proposition de George
McGovern de réduire le budget militaire de
30 % : « C’est planter un couteau dans le
cœur d’Israël. [...] Les juifs n’aiment pas les
gros budgets militaires, mais il est maintenant
dans l’intérêts des juifs d’avoir un grand et
puissant appareil militaire aux États-Unis.
[...] Les juifs américains qui se préoccupent de
la survie de l’État d’Israël doivent dire ‘non,
nous ne voulons pas réduire le budget militaire,
il est important de garder un gros budget
militaire, afin de pouvoir défendre Israël » [15].
On comprend mieux de quelle réalité voulait
parler Kristol, lorsqu’il définissait, dans une
formule célèbre, un néoconservateur comme « un
libéral qui a été confronté à la réalité » [16].
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Henry Scoop Jackson (1912-1983)
À la fin des années 60, les néoconservateurs
soutiennent la frange militariste du parti
démocrate, dont la figure de proue, après la
retraite de Lyndon Johnson, est le sénateur
Henry Scoop Jackson, partisan de la guerre du
Vietnam et opposé à toute idée de détente,
concurrent de McGovern aux primaires de 1972.
Richard Perle rédige l’amendement Jackson-Vanik,
qui conditionne l’aide alimentaire à l’URSS à la
libre émigration des juifs. C’est aussi au sein
du bureau de Scoop Jackson que se forge
l’alliance entre les néoconservateurs et le
tandem Rumsfeld-Cheney, qui profite de la brêche
du Watergate pour rejoindre le camp républicain
et investir la Maison-Blanche. Perle place ses
protégés Paul Wolfowitz et Richard Pipes à la
tête du « Groupe B » (Team B), un conseil
créé pour revoir à la hausse les estimations de
la CIA sur la menace soviétique, dont le rapport
malicieusement alarmiste, prônant une dramatique
augmentation du budget de la Défense, est publié
dans Commentary [17].
Durant la parenthèse Carter, les
néoconservateurs s’associent aux chrétiens
évangéliques, viscéralement anticommunistes et
naturellement bien disposés à l’égard d’Israël,
qu’ils voient comme un miracle divin préfigurant
le retour du Christ. Grâce à la puissance de
leurs lobbies et think
tank (notamment
l’American Enterprise Institute for Public
Policy Research [18]
et le Hudson
Institute), les néoconservateurs jouent un
rôle majeur dans l’élection de Ronald Reagan,
qui les rétribue en nommant une douzaine d’entre
eux à des postes touchant à la Sécurité
nationale et la Politique extérieure : Richard
Perle et Douglas Feith au Department
of Defense, Richard Pipes au National
Security Council [19],
Paul Wolfowitz [20],
Lewis « Scooter » Libby et Michael Ledeen
au State
Department. Ils œuvrent pour renforcer
l’alliance des États-Unis avec Israël : en 1981,
les deux pays signent leur premier pacte
militaire, puis s’embarquent dans plusieurs
opérations communes, certaines légales et
d’autres clandestines comme le réseau de trafic
d’armes et d’opérations paramilitaires de
l’affaire Iran-Contra. Anticommunisme et
sionisme font maintenant si bien cause commune
qu’en 1982, dans son livre Le
Vrai antisémitisme en Amérique [21],
le directeur de l’Anti-Defamation League Nathan
Perlmutter peut assimiler le mouvement pacifiste
aux « artisans de paix du Vietnam démodés,
transmutant les épées en soc de charrues » [22],
à une forme nouvelle d’antisémitisme [23].
Avec la fin de la Guerre froide, l’intérêt
national d’Israël change à nouveau. L’objectif
prioritaire n’est plus la chute du communisme,
mais l’affaiblissement des ennemis d’Israël. Les
néoconservateurs vivent leur seconde conversion,
de l’anticommunisme à l’islamophobie, et créent
de nouveaux think
tanks comme
le Washington
Institute for Near East Policy(WINEP) dirigé
par Richard Perle, le Middle
East Forum dirigé
par Daniel Pipes (fils de Richard), le Center
for Security Policy (CSP)
fondé par Frank Gaffney, ou encore le Middle
East Media Research Institute (Memri).
En accédant à la présidence, cependant, Bush
père tente de limiter l’influence de ceux qu’il
nomme « les dingues » [24].
Il cultive des amitiés avec l’Arabie saoudite et
n’est pas un ami d’Israël. Mais il est forcé
d’accorder le poste de secrétaire à la Défense à
Dick Cheney [25],
qui s’entoure de Paul Wolfowitz et Scooter
Libby. Ces deux hommes sont les auteurs d’un
rapport secret du Defense
Planning Guidance, fuité dans la presse [26],
qui prône l’impérialisme, l’unilatéralisme et,
si nécessaire, la guerre préventive « pour
dissuader les compétiteurs potentiels de même
aspirer à un rôle régional ou global plus grand » [27].
Avec l’aide d’un nouveau Committee
for Peace and Security in the Gulf,
co-présidé par Richard Perle, les
néoconservateurs plaident, sans succès, pour le
renversement de Saddam Hussein après l’opération Tempête
du désert au
Koweït. Déçus par le refus de Bush d’envahir
l’Irak et par ses pressions sur Israël, les
néoconservateurs sabotent ses chances de second
mandat. Leur revanche sera complète lorsqu’ils
feront élire son fils pour le contraindre à
envahir l’Irak.
Entre-temps, durant les deux mandats du
démocrate Bill Clinton, les néoconservateurs
préparent leur retour. William Kristol, fils
d’Irving, fonde en 1995 un nouveau magazine, leWeekly
Standard, qui grâce au financement du très
pro-Israël Rupert Murdoch devient immédiatement
la voix dominante des néoconservateurs. En 1997,
ce sera la première publication à demander une
nouvelle guerre contre Saddam Hussein. Avec
leurs porte-voix Rumsfeld et Cheney, les
néoconservateurs jettent toutes leurs forces
dans un ultime think
tank, le Project
for the New American Century (PNAC).
Le noble but que se donnent officiellement les
fondateurs, William Kristol et Robert Kagan, est
d’« étendre l’actuelle Pax Americana » [28],
ce qui suppose « une armée qui soit forte et
prête pour répondre aux défis présents et futurs » [29].
Dans son rapport de septembre 2000 intituléReconstruire
les défenses de l’Amérique [30],
le PNAC anticipe que les forces armées
états-uniennes doivent conserver suffisamment de
forces « capables de se déployer rapidement
et de conduire victorieusement plusieurs
conflits majeurs simultanés » [31].
Cela nécessite une transformation profonde,
incluant un nouveau corps (« U.S. Space
Forces ») pour le contrôle de l’espace et du
cyberespace, et le développement d’« une
nouvelle famille d’armes nucléaires destinée à
faire face à de nouveaux besoins militaires » [32].
Malheureusement, reconnaissent les auteurs du
rapport, « le processus de reconversion […]
sera vraisemblablement long, à moins d’un
événement catastrophique jouant le rôle de
catalyseur — comme un nouveau Pearl Harbor » [33].
Bien qu’à l’écart du gouvernement, les
néoconservateurs y restent très écoutés.
Avec la désignation en 2000 de George W. Bush,
fils de George H. W. Bush, une vingtaine de
néoconservateurs du PNAC investissent de
nombreux postes clés de la politique étrangère,
grâce à Dick Cheney qui, après s’être choisi
lui-même comme vice-président, a mission de
former l’équipe de transition. Cheney se donne
comme chef de cabinet Scooter Libby. David Frum,
un proche de Richard Perle, devient le principal
rédacteur des discours du président, tandis
qu’Ari Fleischer, un autre néoconservateur, est
attaché de presse et porte-parole de la
Maison-Blanche. Cheney ne peut s’opposer à la
nomination de Colin Powell comme secrétaire
d’État, mais il lui impose comme collaborateur
John Bolton, républicain sioniste d’extrême
droite [34]
secondé par le néoconservateur David Wurmser.
Cheney fait nommer comme conseillère nationale
de sécurité Condoleezza Rice [35],
qui n’est pas à proprement parler
néoconservatrice mais s’est attachée depuis des
années l’un des néoconservateurs les plus
agressifs, Philip Zelikow, comme expert pour le
Proche-Orient et le terrorisme (n’étant
elle-même que spécialiste de l’Union soviétique
et accessoirement pianiste virtuose) ; pour
conseiller Rice sont également recrutés William
Luti et Elliot Abrams (tous deux simultanément
assistants du président), tandis que lui sera
adjoint Eliot Cohen lorsqu’elle remplacera
Powell au Département d’État en 2007. Mais c’est
tout particulièrement depuis le Département de
la Défense, confié à Donald Rumsfeld, que les
trois néoconservateurs les plus influents vont
pouvoir modeler la politique étrangère : Paul
Wolfowitz, Douglas Feith et Richard Perle, ce
dernier occupant le poste crucial de directeur
du Defense
Policy Board, chargé de définir la stratégie
militaire. Ainsi, tous les néoconservateurs se
trouvent à la place qu’ils préfèrent, celle de
conseillers et éminences grises des présidents
et ministres. Il ne manque plus que le « nouveau
Pearl Harbor » du 11 septembre 2001 pour que
les néoconservateurs puissent conduire les
États-Unis vers les guerres impériales de leurs
rêves. Avant le 11-Septembre, le rapport du PNAC
demandait un budget annuel de la Défense de 95
milliards de dollars ; depuis la guerre en
Afghanistan, les États-Unis dépensent 400
milliards par an, soit autant que le reste du
monde combiné, tout en continuant de fournir la
moitié des armes du marché mondial. Le
11-Septembre apparaît comme la validation du
paradigme du « Choc des civilisations » [36]
cher aux néoconservateurs.
Discours-miroirs
L’ouvrage publié en 2007 par John Mearsheimer et
Stephen Walt,Le lobby pro-israélien et la
politique étrangère américaine [37],
a provoqué une onde de choc dans l’opinion
publique américaine en dévoilant l’influence
considérable des groupes de pression pro-Israël,
dont le plus ancien est la Zionist
Organization of America et
le plus influent depuis les années 70, l’American
Israel Public Affairs Committee (AIPAC).
« Nous pensons, écrivent les auteurs, que les
activités du lobby sont la principale raison
pour laquelle les États-Unis poursuivent au
Moyen-Orient une politique dénuée de cohérence,
stratégique ou morale. » La thèse des
auteurs est incomplète, car ils n’évoquent pas
le rôle joué à l’intérieur même de l’appareil
d’État par les néoconservateurs, qui forment
l’autre bras d’une tenaille dont les États-Unis
sont maintenant prisonniers.
Les deux forces que constituent les
crypto-sionistes infiltrés dans le gouvernement
et la pression du lobby pro-Israël sur le
Congrès agissent dans une collusion parfois
criminelle, comme l’illustre l’inculpation en
2005 de Lawrence Franklin, membre de l’Office
of Special Plans, pour avoir transmis des
documents classés secret-défense à deux
responsables de l’AIPAC, Steven Rosen et Keith
Weissman, qui les transmirent à leur tour à un
haut fonctionnaire d’Israël [38].
Franklin fut condamné à treize ans de prison
(réduits par la suite à dix ans d’assignation à
résidence), tandis que Rosen et Weissman furent
acquittés. La plupart des néoconservateurs sont
membres actifs du second lobby pro-Israël le
plus puissant, le Jewish
Institute for National Security Affairs (JINSA),
auquel adhèrent également Dick Cheney, Ahmed
Chalabi [39]
et d’autres membres de la caballe ayant fomenté
l’invasion de l’Irak. Colin Powell, selon sa
biographe Karen DeYoung [40],
pestait en privé contre le « petit
gouvernement à part » [41]
composé de « Wolfowitz, Libby, Feith, and
Feith’s ‘Gestapo office’ », qu’il nommait « la
foule du JINSA » [42].
En 2011, son ancien directeur de cabinet
Lawrence Wilkerson [43]
dénonça ouvertement la duplicité des
néoconservateurs : « Je regardais beaucoup de
ces gars, y compris Wurmser, comme des membres
du Likoud, comme je l’avais fait avec Feith.
Vous ne voudriez pas ouvrir leur portefeuille et
y trouver une carte du parti, mais je me suis
souvent demandé si leur allégeance première
était envers leur pasy ou envers Israël. C’est
ce qui me troublait, parce qu’ils en ont tant
fait et tant dit qui reflétait plus les intérêts
d’Israël que les nôtres » [44].
De fait, un nombre significatif de
néoconservateurs sont citoyens israéliens, ont
de la famille en Israël ou y ont résidé
eux-mêmes. Certains sont ouvertement proches du
Likoud, le parti au pouvoir en Israël, et
plusieurs ont même été officiellement
conseillers de Benyamin Netanyahou. Nombre
d’entre eux sont régulièrement félicités par la
presse israélienne pour leur action en faveur
d’Israël, comme Paul Wolfowitz, nominé « Man
of the Year » par le très pro-LikoudJerusalem
Post en
2003, et « la voix pro-Israélienne la plus
belliciste de l’Administration » [45]
par le quotidien juif américainThe Forward.
Aussi dérangeante soit-elle, la duplicité des
néoconservateurs est une conclusion aujourd’hui
largement partagée, sinon publiquement dénoncée,
par un grand nombre d’observateurs. Le
sociologue James Petras voit en eux le fer de
lance d’unenébuleuse du pouvoir sioniste dans
son livre Le
sionisme, le militarisme et le déclin du pouvoir
US [46].
Jonathan Cook argue dans Israël
et le choc des civilisations : Irak, Iran et le
plan de remodelage du Proche-Orient [47]
(2008) que la « guerre contre la terreur »
des néoconservateurs a pour but véritable de
faire d’Israël la seule puissance au
Proche-Orient. La démonstration de cette
duplicité a été faite également par Stephen
Sniegoski parvient à la même conclusion dans La
Cabale transparente : l’agenda néoconservateur,
la guerre au Proche-Orient et l’intérêt national
d’Israël [48].
À ces trois livres publiés en 2008, nous
empruntons l’essentiel de ce qui suit. La
démonstration de la duplicité des
néoconservateurs repose sur la coïncidence entre
la fondation du PNAC en 1996 et la publication
par le think-tankisraélien Institute
for Advanced Strategic and Political Studies,
d’un rapport intitulé Une
rupture propre : une nouvelle stratégie pour
sécuriser le royaume [d’Israël] [49].
Le rapport, adressé au Premier ministre
nouvellement élu Benjamin Netanyahou, l’invite
« à mobiliser toutes les énergies possibles
pour la reconstruction du sionisme » [50]
ce qui suppose de rompre avec le processus
d’Oslo, c’est-à-dire abandonner la politique « paix
contre terre » de restitution des
territoires occupés, et réaffirmer le droit
d’Israël sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza.
« Notre revendication de la terre — à
laquelle nous nous sommes accrochés par un
espoir de 2000 ans — est légitime et noble.
[...] Seule l’acceptation inconditionnelle par
les Arabes de nos droits, en particulier dans
leur dimension territoriale, "la paix pour la
paix", est une base solide pour l’avenir. » [51]
Les auteurs de Rupture
nette engagent
donc le Premier ministre israélien à adopter une
politique d’annexion territoriale contraire non
seulement à la position officielle des
États-Unis et des Nations Unies depuis toujours,
mais contraire également au discours officiel
d’Israël. Alors même qu’il signe en septembre
1999 la « Feuille de route » devant aboutir à un
État palestinien et poursuit dans cette voie au
sommet de Camp David en juillet 2000, Netanyahou
suit les conseils de Rupture
nette et
travaille secrètement à saboter ce processus.
Netanyahou a alors pour ministre des Affaires
étrangères Ariel Sharon, qui qualifie
ouvertement les Accords d’Oslo de « suicide
national » et se prononce pour les « frontières
bibliques », c’est-à-dire un Grand Israël ne
laissant aucune terre aux Palestiniens : « Tout
le monde doit se précipiter et s’emparer de
toutes les collines qu’il peut pour élargir les
colonies parce que tout ce que nous prendrons
maintenant restera à nous » [52],
déclare-t-il le 15 novembre 1998. En 1999,
Sharon succède à Netanyahou, qui devient à son
tour ministre des Affaires étrangères. Le 28
mars 2001, la diplomatie internationale a placé
la paix au Proche Orient à portée de main : 22
nations réunies à Beyrouth sous l’égide de la
Ligue Arabe s’engagent à reconnaître Israël sous
condition d’application de la Résolution 242.
Mais le jour suivant, l’armée israélienne
envahit Ramallah et assiège Yaser Arafat dans
son QG, au mépris des protestations de la
communauté internationale. Six mois plus tard,
le 11-Septembre enterrera définitivement le
processus de paix.
Au-delà de cette politique locale, Rupture
nette présente
un plan permettant à Israël de « modeler son
environnement stratégique , »
en commençant par « retirer Saddam Hussein du
pouvoir en Irak », puis en affaiblissant la
Syrie et le Liban, et finalement l’Iran.
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« Richard Perle est un traitre, il
n’y a aucune autre manière de la qualifier »
affirmait le journaliste Seymour Hersh dans
The New Yorker (17 mars 2003), en évoquant
ses mensonges flagrants sur l’Irak (Perle
répondit sur CNN que Hersh « est la chose la
plus proche que le journalisme américain a
avec un terroriste »). En 1970, une écoute
du FBI avait surpris Perle transmettant à
l’ambassade d’Israël des informations
classifiées obtenues de Hal Sonnenfeldt,
membre du Conseil de sécurité nationale.
Perle travailla pour la firme d’armement
israélienne Soltam, avant de conseiller le
premier ministre israélien. Il passe ses
vacances dans sa villa de Gordes, dans le
Lubéron.
Ce qui est remarquable dans ce rapport, c’est
qu’il s’agit d’un manifeste politique et
stratégique destiné au gouvernement israélien,
écrit par des citoyens à double nationalité [53]
qui sont simultanément auteurs du manifeste du
PNAC et qui deviendront quatre ans plus tard
décideurs de la politique étrangère américaine :
l’équipe qui a produit Clean
Break est
en effet dirigée par Richard Perle, futur
président duDefense Policy Board au
Pentagone [54],
et compte également Douglas Feith, futur
sous-secrétaire à la Défense chargé de la
politique, et David Wurmser, qui intégrera le
Département d’État, ainsi que son épouse Meyrav.
Autrement dit, ceux qui en Israël soutiennent le
Likoud et conseillent à Netanyahou une politique
sioniste d’annexion des territoires
palestiniens, vont ensuite conseiller Bush sur
les questions de stratégie militaire au
Proche-Orient. Il n’est pas étonnant de
constater que les conseils sont les mêmes, et
que le programme suggéré à Netanyahou, comme le
renversement de Saddam, a été implémenté en
partie par les États-Unis.
S’il y a des différences entre le rapport Rupture
nette écrit
pour le gouvernement israélien en 1996 et le
rapportReconstruire les défenses de
l’Amérique écrit
par les mêmes pour le gouvernement états-unien
en 2000, ce n’est pas dans le programme, mais
dans les raisons avancées.
Premièrement, Rupture
nette ne
présente pas l’Irak comme une menace, mais au
contraire comme le maillon faible des ennemis
d’Israël, le moins dangereux et le plus facile à
briser. Dans un document faisant suite à Rupture
nette intitulé Faire
face aux États qui s’écroulent : une stratégie
d’équilibre occidental et israélien des pouvoirs
pour le Levant [55],
David Wurmser souligne la fragilité des États du
Proche-Orient, et en particulier de l’Irak : « L’unité
résiduelle de la nation est une illusion
projetée par la répression extrême de l’État » [56].
C’est donc la même action qui est conseillée à
Israël et aux États-Unis, mais pour des raisons
opposées. La faiblesse de l’Irak, qui est pour
Israël la raison de l’attaquer en premier, ne
constitue pas une raison valable pour les
États-Unis : on présente donc l’Irak aux
États-uniens comme une menace mortelle pour leur
pays. Netanyahou signera lui-même un article
dans le Wall
Street Journal en
septembre 2002, sous le titre « Le dossier
pour renverser Saddam » [57],
décrivant Saddam comme « un dictateur qui
développe son arsenal d’armes biologiques et
chimiques, qui a utilisé ces armes de
destruction massive contre son propre peuple et
ses voisins, et qui essaye fébrilement
d’acquérir des armes nucléaires » [58].
Rien d’une telle menace n’est mentionné dans les
documents israéliens internes, qui ne font pas
davantage état d’une quelconque connexion de
l’Irak avec Al-Qaïda, ni d’ailleurs d’Al-Qaïda
en général.
Deuxième
différence fondamentale entre la stratégie
conseillée aux Israéliens et la propagande
vendue aux États-uniens par les mêmes auteurs :
tandis que la seconde met en avant, d’une part,
l’intérêt sécuritaire des États-Unis, d’autre
part, le noble idéal de répandre la démocratie
au Proche-Orient, la première ignore ces deux
thèmes. Les bouleversements envisagés par les
auteurs de Rupture
nette ne
sont censés apporter aucun bienfait au monde
arabe. Au contraire, l’objectif est clairement
d’affaiblir les ennemis d’Israël en aiguisant
les conflits ethniques, religieux et
territoriaux entre les pays et à l’intérieur de
chaque pays. Ce que recommande Rupture
nette pour
l’Irak, par exemple, n’est nullement la
démocratie mais la restauration d’une monarchie
pro-occidentale. Un tel objectif était
évidemment secondaire pour les États-uniens,
mais l’objectif accompli à la place par Lewis
Paul Bremer à la tête de la Coalition
Provisional Authority (CPA)
en 2003, à savoir la destruction des
infrastructures militaires et civiles au nom de
la « dé-Baassification », fut un succès
du point de vue du Likoud. Sous la
responsabilité de Bremer, 9 milliards de dollars
disparaîtront en fraudes, corruption et
malversations, selon un rapport de l’Inspecteur
général spécial pour la reconstruction de
l’Irak, Stuart Bowen, publié le 30 janvier 2005.
Rappelons que Bremer est aussi celui qui, deux
heures à peine après l’effondrement des tours
jumelles le 11 septembre 2001, se trouvait sur
le plateau de la chaîne NBC en tant que
président de la National
Commission on Terrorism, pour expliquer,
d’un ton calme et assuré : « Ben Laden était
impliqué dans le premier attentat contre le
World Trade Center [en 1993], dont l’intention
était de faire exactement ce qui s’est passé
ici, c’est-à-dire l’effondrement des tours. Il
est assurément un suspect majeur. Mais il y en a
d’autres au Moyen-Orient, et il y a au moins
deux Etats, l’Iran et l’Irak, qui doivent au
moins rester sur la liste des principaux
suspects » [59].
Par ce discours bien calibré, Bremer inscrivait
non seulement l’événement dans l’histoire en
rappelant les attentats de 1993 contre le World
Trade Center, mis arbitrairement sur le
compte de Ben Laden ; en plus, il écrivait déjà
l’histoire future en annonçant aux États-uniens
les deux guerres majeures auxquelles ils
devaient désormais s’attendre. Lorsque le
journaliste de NBC, dans une réplique
téléguidée, faisait un parallèle avec Pearl
Harbor, le jour qui a changé la vie de la
génération précédente, Bremer confirmait : « C’est
le jour qui va changer nos vies. C’est le jour
où la guerre a été déclarée par les terroristes
contre les États-Unis [...] a été amenée aux
États-Unis » [60].
La différence entre le discours israélien de
Perle, Feith et Wurmser et leur discours
états-unien trouve son explication dans le
document israélien lui-même, qui recommande à
Netanyahou de présenter les actions israéliennes
dans « un langage familier aux Américains en
puisant dans les thèmes des administrations
américaines pendant la Guerre froide qui
s’appliquent bien à Israël » [61]
Le gouvernement de Netanyahou devrait « promouvoir
les valeurs et les traditions occidentales. Une
telle approche [...] sera bien accueillie aux
États-Unis » [62].
Les valeurs morales ne sont donc évoquées qu’à
titre utilitaire pour mobiliser les États-Unis.
Enfin, tandis que les auteurs du rapport
israélien insistent sur l’importance de gagner
la sympathie et le soutien des États-Unis, ils
affirment en même temps qu’un des buts ultimes
de leur stratégie est de libérer Israël des
pressions et de l’influence des États-Unis : « Une
telle autonomie donnera à Israël une plus grande
liberté d’action et supprimera un moyen de
pression significatif utilisé par les États-Unis
contre lui par le passé » [63].
Faire passer la menace contre Israël pour une
menace contre les États-Unis permit de faire
mener la guerre d’Israël par les États-Unis.
Dans leur livre La
Fin du Mal (2003) [64],
Richard Perle et David Frum s’emploient à faire
intérioriser par les États-uniens les peurs des
Israéliens, par exemple lorsqu’ils clament
l’urgence de « mettre fin à ce mal avant
qu’il ne tue à nouveau et à une échelle
génocidaire. Il n’y a pas de voie médiane pour
les Américains : C’est la victoire ou
l’holocauste » [65].
Mais il est impossible à quiconque d’être
constamment hypocrite, et il arrive à tout
néoconservateur de livrer imprudemment sa pensée
en public. C’est ce qui est arrivé à Philip
Zelikow, le conseiller de Condoleezza Rice et
directeur exécutif de la Commission sur le
11-Septembre, lâchant au sujet de la menace
irakienne durant une conférence à l’Université
de Virginie le 10 septembre 2002 : « Pourquoi
l’Irak attaquerait-il l’Amérique ou
utiliserait-il des armes nuclaires contre nous ?
Je vais vous dire ce qui est, à mon avis, la
véritable menace, et qui l’a été depuis 1990 :
c’est la menace contre Israël. C’est la menace
qui n’ose pas dire son nom, parce que les
Européens ne ne préoccupent pas beaucoup de
cette menace, je vous le dis franchement. Et le
gouvernement américain ne veut pas trop
s’appuyer sur elle rhétoriquement, parce que ce
n’est pas un thème vendeur » [66].
Tout est dit : il faut entraîner les USA à faire
la guerre aux ennemis d’Israël, et pour cela
convaincre les États-uniens que les ennemis
d’Israël sont leurs ennemis.
-
-
Interrogé au lendemain du
11-Septembre sur ses conséquences dans les
relations entre les États-Unis et Israël,
Benjamin Netanyahou déclare : « C’est très
bien […] cela va générer immédiatement de la
sympathie […], renforcer les liens entre les
deux peuples. » (source : A Day of Terror :
The Israelis, par James Bennet, The New York
Times, 12 septembre 2001).
De surcroît, il faut que les États-uniens
croient que ces ennemis détestent leur pays pour
ce qu’il incarne (la démocratie, la liberté,
etc.), et non en raison de son soutien à Israël,
alors que telle est bien en réalité la
principale cause du ressentiment contre les
États-unis dans le monde musulman. Les
signataires d’une lettre du PNAC adressée au
président Bush le 3 avril 2002 (incluant William
Kristol, Richard Perle, Daniel Pipes, Norman
Podhoretz, Robert Kagan, James Woolsey) iront
jusqu’à prétendre que le monde arabe hait Israël
parce qu’elle est l’amie des États-Unis, plutôt
que l’inverse : « Personne ne doit douter que
les États-Unis et Israël partagent un ennemi
commun. Nous sommes tous deux la cible de que
vous avez nommé à juste titre un ‘Axe du Mal’.
Israël est ciblé en partie parce qu’il est notre
ami, et en partie parce c’est une île de liberté
et de principes démocratiques — des principes
américains — dans un océan de tyrannie,
d’intolérance et de haine » [67].
Le 20 septembre 2001, Netanyahou propagea la
même falsification historique lors d’une
audition au Congrès : « Aujourd’hui, nous
sommes tous Américains [...] Pour les Ben Laden
du monde entier, Israël est simplement une cible
collatérale. La cible, c’est l’Amérique » [68]
Trois jours plus tard, c’est The
New Republic qui
titrait, au nom des États-uniens : « Nous
sommes tous Israéliens maintenant » [69].
La propagande post-11-Septembre a créé une
relation émotionnellement fusionnelle. À tort,
les États-uniens ont vécu le 11-Septembre comme
l’expression d’une haine à leur égard de la part
du monde arabe, et en ont éprouvé une sympathie
immédiate pour Israël, que les néoconservateurs
exploitent sans relâche, comme Paul Wolfowitz
déclarant le 11 avril 2002 : « Depuis le
11-Septembre, nous autres Américains avons une
chose en commun avec les Israéliens. En ce jour
l’Amérique fut frappée par des
attentats-suicides. À ce moment-là, chaque
Américain comprit ce que signifiait vivre à
Jérusalem, ou Netanya ou Haïfa. Et depuis le
11-Septembre, les Américains savent maintenant
pourquoi nous devons nous battre et gagner la
guerre contre le terrorisme » [70].
L’un des buts évidents est de faire passer, aux
yeux des États-uniens, l’oppression des
Palestiniens pour une lutte contre le terrorisme
islamique. En effet, comme le dit le professeur
Robert Jensen : « Depuis l’attentat du
11-Septembre contre les États-Unis, la stratégie
de communication d’Israël a été de présenter
toute action palestinienne, violente ou non,
comme du terrorisme. Dans la mesure où ils y
sont parvenus, ils ont relooké leur occupation
militaire illégale comme faisant partie de la
guerre de l’Amérique contre le terrorisme » [71].
Le 4 décembre 2004, le Premier ministre Ariel
Sharon justifia sa brutalité contre les
habitants de la Bande de Gaza en prétendant
qu’Al-Qaïda y avait établi une base. Mais le 6
décembre, le chef de la Sécurité Palestinienne
Rashid Abu Shbak livre dans une conférence de
presse les traces téléphoniques et bancaires qui
prouvent que les services secrets d’Israël ont
eux-mêmes tenté de créer de fausses cellules
Al-Qaïda dans la Bande de Gaza, en y recrutant
des Palestiniens au nom de Ben Laden. Les
recrues avaient reçu de l’argent et des armes
(défectueuses) et, après cinq mois
d’endoctrinement, furent chargés de revendiquer
un prochain attentat en Israël au nom du
« Groupe d’Al-Qaîda àGaza ». Les services
israéliens prévoyaient, semble-t-il, de monter
eux-mêmes un attentat contre leur population et
de le faire revendiquer par leur fausse cellule
Al-Qaïda, afin de justifier des représailles .
En avril 2003, un rapport intitulé Israeli
Communications Priorities 2003,
commandé à l’agence de communication Luntz
Research Companies & the Israel Project par
la Wexler
Foundation, organisme sioniste spécialisée
dans les échanges culturels, offre des
recommandations linguistiques pour « intégrer
l’histoire et la communication, et s’en servir
de leviers, dans l’intérêt d’Israël » [72]
auprès de l’opinion états-unienne [73].
Il est conseillé par exemple de continuer à
évoquer aussi souvent que possible « Saddam
Hussein », qui sont à la fois « les deux
mots qui unissent Israël à l’Amérique » et
« les deux mots qui sont actuellement sans
doute les plus honnis de la langue anglaise » [74].
« Durant une année à venir — une année
ENTIERE — vous devriez invoquer le nom de Saddam
Hussein et rappeler qu’Israël a toujours été
solidaire des efforts américains en vue de
débarrasser le monde de ce dictateur cruel et de
libérer son peuple » [75].
Le rapport suggère en outre d’établir de manière
répétée un parallèle entre Saddam Hussein et
Yasser Arafat [76].
Sophistication suprême : Michael Ledeen conteste
dans son livre La
Guerre contre les maîtres de la terreur(2003) [77]
l’idée commune que la paix en Palestine est la
condition pour la paix au Proche-Orient. Au
contraire, « Si nous détruisons les maîtres
de la terreur à Bagdad, Damas, Téhéran et Riyad,
nous pourrions avoir une chance de négocier une
paix durable en Palestine » [78].
Vers la Quatrième Guerre mondiale
-
-
Au lendemain des attentats du
11-Septembre, Le Monde intitule sont
éditorial « Nous sommes tous Américains »
Les néoconservateurs ont tenté d’exploiter le
traumatisme du 11-Septembre, dont ils sont les
architectes, pour mobiliser les États-Unis
contre une longue liste de pays arabes et
musulmans, y compris leurs alliés historiques.
L’Irak est le premier visé. Depuis la première
guerre du Golfe, les néoconservateurs n’ont
cessé de vilipender le régime de Saddam Hussein
et d’appeler à son renversement. David Wurmser,
par exemple, publie en 1999, après d’autres
livres virulents contre les pays musulmans, Allié
de la tyrannie : l’échec de l’Amérique à vaincre
Saddam Hussein [79].
En 2000, l’American Enterprise Institutepublie Étude
d’une vengeance : la première attaque contre le
World Trade Center et la guerre de Saddam
Hussein contre l’Amérique [80],
dont l’auteur, Laurie Mylroie, se dit redevable
à Scooter Libby, David Wurmser, John Bolton,
Michael Ledeen, et par-dessus tout à Paul
Wolfowitz et son épouse Clare Wolfowitz, membre
elle aussi de l’AEI. Mylroie n’hésite pas à
dénoncer Saddam Hussein comme le cerveau du
terrorisme anti-américain, lui attribuant sans
preuve l’attentat de 1993 contre le World Trade
Center, l’attentat d’Oklahoma City en 1995 et
l’attaque contre le USS Cole au Yémen en 2000.
Ce qui menace les États-Unis serait selon elle
« une guerre secrète terroriste, conduite par
Saddam Hussein » [81],
le terrorisme anti-américain étant en réalité « un
épisode dans un conflit qui a débuté en août
1990, lorsque l’Irak a envahi le Koweït, et qui
n’a pas pris fin » [82].
Richard Perle décrit ce livre comme « magnifique
et tout à fait convainquant » [83].
Dès le 19 septembre 2001, Richard Perle réunit
son Defense
Policy Board en
compagnie de quelques néoconservateurs comme
Paul Wolfowitz et Bernard Lewis (inventeur avant
Huntington de la prophétie auto-réalisatrice du
« choc des civilisations »), mais en
l’absence de Colin Powell et de Condoleezza
Rice. L’assemblée s’accorda sur le besoin de
renverser Saddam Hussein dès la fin de la phase
initiale de la guerre en Afghanistan. Ils
préparent une lettre pour Bush, rédigée sous
entête du PNAC et lui rappelant sa mission
historique : « même si les preuves manquent
d’un lien direct entre l’Irak et l’attaque,
toute stratégie visant l’éradication du
terrorisme et de ses sponsors doit inclure un
effort déterminé pour renverser Saddam. Ne pas
entreprendre cet effort reviendrait à abandonner
dès le depart, et de manière peut-être décisive,
la guerre contre le terrorisme international » [84].
L’argument d’un lien entre Saddam et Al-Qaïda
est ici relativisée et, dans l’été 2002, le
président Bush et le Premier ministre
britannique Tony Blair se contenteront d’évoquer
conjointement des « liens larges » [85]
entre le régime de Saddam et Al-Qaïda. Perle,
par contre, n’en démordra pas, affirmant, contre
toute évidence, que Mohamed Atta, le prétendu
meneur des terroristes du 11-Septembre, aurait
rencontré le diplomate irakien Ahmed Khalil
Ibrahim Samir à Prague en 1999. Le 8 septembre
2002 à Milan, Perle lâchera même ce scoop au
quotidien italien Il
Sole 24 Ore : « Mohammed Atta a rencontré
Saddam Hussein à Bagdad avant le 11-Septembre.
Nous en avons la preuve ». Il se gardera de
répéter cette allégation ridicule aux
États-Unis.
La rumeur d’un lien entre Saddam et Al-Qaïda est
finalement abandonnée au profit d’un casus
belli plus
��laboré : la menace que ferait peser sur le
monde le stock d’armes de destruction massive
détenu par Saddam. Pour faire passer cet autre
mensonge, Cheney et Rumsfeld renouvellent la
stratégie gagnante de la Team
B, consistant à doubler la CIA par une
structure parallèle chargée de produire le
rapport alarmiste dont ils ont besoin : cette
structure sera le Bureau des plans spéciaux
(OSP), unité spéciale au sein du Bureau
Proche-Orient et Asie du Sud-Est (NESA) du
Pentagone [86].
Surnommée « la Cabale », l’OSP est
contrôlée par les néoconservateurs William Luti,
Abram Shulsky, Douglas Feith et Paul Wolfowitz.
Le lieutenant-colonel Karen Kwiatkowski, qui
travaillait pour le NESA à cette époque,
témoigne en 2004 de l’incompétence des membres
de l���OSP, qu’elle a vu « usurper des
évaluations chiffrées et soigneusement
considérées, et par des suppressions et
distortions des analyses de renseignement,
transmettre des mensonges au Congrès et au
bureau exécutif du président » [87].
En 2003, dès qu’il devient apparent qu’aucune
arme de destruction massive ne se trouve en
Irak, les néoconservateurs répercutent les
allégations ridicules d’Ariel Sharon, qui
affirme que l’Irak les a transférées secrètement
en Syrie, ainsi que ses savants nucléaires. Le
11 novembre 2003, le Congrès vote la Loi
pour que la Syrie rende des comptes et pour que
la souveraineté libanaise soit restaurée [88],
imposant des sanctions économiques « pour que
la Syrie cesse de soutenir le terrorisme, mette
fin à son occupation du Liban, et arrête le
développement d’armes de destruction massive » [89].
L’agression contre la Syrie ne sera déclenchée
qu’en 2011, sous le déguisement d’une guerre
civile, mais elle était préméditée au moins
depuis février 2000, lorsque David Wurmser, dans
un article intitulé « Il faut vaincre la
Syrie, pas l’apaiser » [90],
appelait de ses vœux le conflit qui fera que « bientôt
la Syrie sera saignée à mort » [91].
Depuis le 11-Septembre, l’Iran est également
dans la ligne de mire des néoconservateurs, qui
font écho au Premier ministre israélien Ariel
Sharon, déclarant l’Iran « Centre de la
terreur mondiale » dans un entretien au Times
de Londres du
2 novembre 2002, et appelant à un bombardement
états-unien sur l’Iran « le jour qui suivra
l’invasion américaine de l’Irak ». Certains
néoconservateurs comme Kenneth Timmerman, membre
dirigeant du JINSA, prétendent que l’Iran a
protégé Ben Laden et collaboré avec Al-Qaïda [92].
Au printemps 2008, le président Bush accuse
l’Iran de soutenir l’insurrection en Irak : « Le
régime de Téhéran doit faire un choix […] Si
l’Iran fait le mauvais choix, l’Amérique agira
pour protéger ses intérêts, ses troupes et ses
partenaires irakiens » [93].
Il faut pourtant rappeler que le 4 mai 2003, le
gouvernement iranien a transmis à Washington,
par l’intermédiaire de l’ambassadeur suisse à
Téhéran, une proposition connue sous le nom de
« grand marchandage » par laquelle
l’Iran, en échange de la levée des sanctions
économiques à son encontre, s’engageait à
coopérer avec les États-Unis pour stabiliser
l’Irak et y établir une démocratie laïque, et se
disait prêt à d’autres concessions incluant la
paix avec Israël. Powell fut empêché par Bush et
Cheney de répondre favorablement à cette
demande. Ainsi, résume son chief of staff
Lawrence Wilkerson : « La Cabale secrète
obtenait ce qu’elle voulait : pas de
négociations avec Téhéran » [94].
Enfin, l’Iran est mis en accusation pour son
programme de recherche nucléaire civil, qui
serait secrètement militaire. Depuis la
publication en 2005 d’un premier rapport National
Intelligence Estimate (NIE)
sur le nucléaire iranien, qui conclut à un
probable objectif militaire, il ne se passe
guère de semaine sans que la menace ne soit
mentionnée dans les journaux télévisés. Pendant
ce temps, rien n’est murmuré du programme
israélien, illégal et toujours inavoué, qui a
doté Israël d’un stock de plusieurs centaines de
bombes atomiques. Le fait qu’en novembre 2007 un
nouveau rapport NIE [95]
ait revu le danger iranien à la baisse montre
que le niveau d’alerte entretenu ne fait que
refléter les rapports de forces à l’intérieur de
l’appareil d’État, les estimations alarmistes
répondant aux injonctions des néoconservateurs,
tandis que les estimations prudentes expriment
la voix du commandement militaire, peu enclin à
une nouvelle guerre après la mésaventure
irakienne [96].
Parallèlement, de faux prétextes de guerre sont
régulièrement créés. On sait grâce à Gwenyth
Todd, conseillère sur le Proche-Orient attachée
à la Cinquième flotte de l’US Navy stationnée
dans le Golfe persique, qu’à peine nommé
commandant de cette flotte en 2007, le
vice-amiral Kevin Cosgriff ordonna des manœuvres
agressives de ses portes-avions et autres
navires dans le but de faire paniquer les
Iraniens pour qu’un tir de leur part permette de
déclencher la guerre voulue par le lobby
pro-Israël. Cosgriff voulait « mettre une
armada virtuelle sur le seuil de l’Iran, sans
prévenir » [97],
sans même en avertir Washington [98].
Le 6 janvier 2008, le Pentagone annonce que des
vedettes iraniennes ont fait feu sur les navires
états-uniens USS Hooper et USS Port Royal en
patrouille dans le détroit d’Ormuz, tout en
émettant des messages de menace tels que : « Je
viens vers vous » et « Vous allez
exploser dans deux minutes. » Les
télévisions montrèrent l’un des bateaux iraniens
déposant de petits objets blancs dans l’eau,
présentés comme des mines. Évoquant cet incident
exceptionnellement « provocant et dramatique »,
le chef d’état-major interarmes Mike Mullen se
dit préoccupé par « la menace posée par
l’Iran » et notamment « la menace de
miner les détroits » et se dit prêt à
utiliser s’il le faut « la force léthale ».
En réalité, l’incident était totalement faux.
Les vedettes iraniennes, qui patrouillent
quotidiennement cette zone et y croisent
régulièrement des navires états-uniens,
n’avaient émis aucune menace. Le vice-amiral
Cosgriff admit que les équipages US n’avaient
rien noté d’inquiétant, les vedettes iraniennes
ne possédant « ni missiles anti-navires, ni
les torpilles. » Les messages radios
menaçants n’émanaient pas de ces navires :
« Nous ne savons pas d’où ils venaient » admit
la porte-parole de la Cinquième Flotte Lydia
Robertson.
Les élections iraniennes de 2009 et la
contestation qui s’en suivit à Téhéran furent
l’occasion d’une nouvelle guerre psychologique
utilisant les réseaux sociaux par internet et
relayée par les médias américains. En quelques
jours, la mort d’une jeune femme durant les
manifestations est exploitée comme symbole de
l’oppression du régime islamique. Neda
Agha-Soltan aurait été tuée le 20 juin 2009 par
un sniper de la milice paramilitaire, alors
qu’elle venait de sortir de voiture avec son
professeur de musique. La vidéo de son agonie
filmée en direct par téléphone portable fait
instantanément le tour du monde sur Facebook
puis YouTube. Plusieurs rassemblements ont lieu
en son honneur dans le monde. On parle de lui
décerner le Prix Nobel de la Paix. Son fiancé,
un photographe du nom de Caspian Makan,
rencontre Shimon Pères en Israël et lui
déclare : « Je viens à Israël comme un
ambassadeur du peuple iranien, un messager du
camp de la paix. »
Il ajoutera : « Je n’ai aucun doute que
l’esprit et l’âme de Neda était avec nous lors
de cette rencontre présidentielle ».
Malheureusement, les invraisemblances
s’accumulent : 1) il existe en fait trois vidéos
de l’agonie de Neda, qui ressemblent à plusieurs
« prises »
de la même scène ;
2) le visionnage image par image montre que la
jeune fille a le réflexe de mettre sa main à
terre pour amortir sa chute. Son système nerveux
central continue à fonctionner preuve qu’elle
n’a pas été blessée par balle ;
3) le même visionnage montre que son visage est
ensanglanté au moyen d’une poche de sang
insuffisament dissimulée dans la paume de la
main ;
4) Une interview à la BBC du médecin qui assista
à sa mort est truffée de contradictions ;
5) L’autopsie a conclu que Neda avait été tuée à
bout portant (elle a donc été tuée par ses
« amis » durant son transport à l’hôpital) ;
6) Enfin, le visage devenu icône planétaire est
en réalité celui d’une autre jeune fille, Neda
Soltani. Celle-ci tenta en vain de faire
supprimer sa photo sur le net, et, sentant sa
vie en danger, s’est résignée à s’expatrier en
Allemagne, où elle écrit un livre, Mon
visage volé.
Parmi les pays visés par les néoconservateurs
après le 11-Septembre se trouve aussi l’Arabie
saoudite. Sa mise en accusation est inscrite
dans le scénario du 11-Septembre, par le fait
qu’Oussama Ben Laden et 15 des 19 prétendus
pirates de l’air sont Saoudiens. C’est David
Wurmser qui ouvre les hostilités dans le Weekly
Standard avec
un article intitulé « La connexion saoudienne » [99]
prétendant que la famille royale est derrière
l’attentat. Le Hudson
Institute, l’un des bastions des
néoconservateurs, m����ne depuis longtemps une
virulente campagne de diabolisation de la
dynastie saoudienne, sous la houlette de son
co-fondateur Max Singer (aujourd’hui directeur
de recherche au Institute
for Zionist Strategies à
Jérusalem). En juin 2003, l’institut sponsorise
un séminaire intitulé Les
discours sur la démocratie : l’Arabie saoudite,
ami ou ennemi ? [100],
où toutes les interventions suggérent que « ennemi »
est la bonne réponse. Un événement spécial salue
la sortie du livre Le
Royaume de la haine : comment l’Arabie saoudite
soutient le nouveau terrorisme global [101],
de l’Israélien Dore Gold, qui a été conseiller
de Netanyahou et Sharon et ambassadeur d’Israël
aux Nations Unies. Le 10 juillet 2002, le
néoconservateur franco-américain Laurent
Murawiec, membre du Hudson
Institute et
duCommittee on the Present Danger,
intervient devant le Defense
Policy Board de
Richard Perle pour expliquer que l’Arabie
saoudite représente « le noyau du mal, la
force motrice, l’adversaire le plus dangereux » [102],
et recommander que les États-Unis l’envahissent,
l’occupent et le morcellent. Il résume sa « Grande
stratégie pour le Proche-Orient » par ces
mots : « L’Irak est le pivot tactique.
L’Arabie Saoudite est le pivot stratégique.
L’Égypte est le prix. » [103]
Murawiec est l’auteur de plusieurs ouvrages de
diabolisation des Saoud, dont Les
Princes des Ténèbres : l’assaut des Saoudiens
contre l’Occident [104].
Le résumé d’éditeur de son livre français La
guerre au XXIe sièclemérite d’être cité : « Le
royaume a protégé pendant des années Ben Laden,
formé d’ailleurs à l’origine par une unité
spéciale de la CIA. La dynastie des Saoudiens a
financé en connaissance de cause le terrorisme
en soutenant des centaines d’organismes
islamiques soi-disant humanitaires. Le pouvoir
royal a réussi au fil des ans à infiltrer des
agents d’influence au plus haut niveau de
l’administration américaine et à organiser un
efficace lobby intellectuel qui contrôle
désormais plusieurs universités du pays parmi
les plus prestigieuses. »
Bien qu’omniprésents dans le gouvernement Bush,
les néoconservateurs sont, en fait, les
principaux inspirateurs de la contestation soft du
11-Septembre, représentée en France par le
journaliste Éric Laurent [105],
qui admet la responsabilité d’Al-Qaïda mais
concentre ses recherches sur les liens entre les
Bush, les Saoud et les Ben Laden. Dans leur
livre déjà cité, La
Fin du Mal(2003), Richard Perle, l’éminence
grise du Pentagone, et David Frum, le propre
rédacteur des discours du président Bush,
affirment que « Les Saoudiens se placent
d’eux-mêmes dans l’Axe du Mal » [106]
et implorent le président Bush de « dire la
vérité sur l’Arabie saoudite » [107],
à savoir que les princes saoudiens financent
Al-Qaïda. Pour comprendre l’inanité d’une telle
accusation, il suffit de savoir que les Saoud
ont déchu Oussama Ben Laden de sa nationalité en
avril 1994, exaspéré par ses accusations
incessantes contre la présence militaire
américaine qu’ils tolèrent sur le lieu saint de
l’Islam depuis la première Guerre du Golfe. Dans
une Déclaration
de guerre contre les Américains qui occupent le
pays des Deux lieux saints [108],
diffusée en 1996, Ben Laden appelle au
renversement de leur régime et, en 1998, admet
son rôle dans l’attentat du 13 novembre 1995
contre le quartier général de la Garde Nationale
à Riyad. Oussama Ben Laden est l’ennemi juré des
Saoud. Il est inimaginable que les Saoud aient
comploté avec lui contre les États-Unis ; en
revanche, il est plausible qu’ils aient comploté
contre lui avec leurs amis du clan Bush, en lui
mettant un attentat sur le dos pour lancer
l’armée américaine à ses trousses et, du même
coup, liquider le régime Taliban pour le compte
d’UNOCAL. Tout porte donc à croire que la
famille Bush est impliquée dans le complot du
11-Septembre (pensons au rôle joué par le frère
et le cousin du Président, Marvin Bush et Wirt
Walker III, à la tête de la sociétéSecuracom qui
contrôlait l’accès au WTC), mais qu’elle a été
doublée et que George W. sert depuis de bouclier
humain aux néoconservateurs, dont les objectifs
vont bien au-delà de Ben Laden, l’Afghanistan et
le pétrole. Ainsi s’explique en fait, a
posteriori, le choix des néonconservateurs
de porter George W. Bush à la présidence, un
homme aisément « missionné par Dieu »
(d’où le surnom de Blues
Brothers qu’il
partage avec sonAttorney General John
Ashcroft, autre chrétien sioniste). Comme le
résume le néoconservateur Michael Ledeen : Il
devint président,mais il ne savait pas pourquoi,
et le 11-Septembre, il découvrit pourquoi [109]
Faire porter la responsabilité du 11-Septembre à
Ben Laden (sans preuve et au mépris du démenti
répété de l’intéressé), permet aux
néoconservateurs de saper l’alliance des
États-Unis avec l’Arabie saoudite, mais aussi
avec le Pakistan. Car derrière Ben Laden, il y a
les Talibans qui l’hébergent ; et derrière les
Talibans, il y a le Pakistan qui soutien leur
régime. C’est donc également le Pakistan qui est
indirectement mis en accusation après le
11-Septembre. Aucune accusation officielle n’est
portée, mais des fuites organisées dans la
presse évoquent des complicités au sein de
l’ISI. Le général Ahmed Mahmoud, directeur de
l’ISI, est mis en cause par une information
rapportée d’abord par The
Times of India : « Les autorités
américaines ont cherché à l’évincer après avoir
eu confirmation que 100000 dollars ont été
transférés au terroriste Mohamed Atta depuis le
Pakistan par Ahmed Omar Saïd Sheikh [agent de
l’ISI] à la demande du général Mahmoud » [110].
Puisque Mohamed Atta n’est dans cette affaire
qu’un patsy,
cette information fuitée ne peut être
interprétée que comme un moyen de chantage
contre l’ISI et l’État pakistanais pour les
forcer à coopérer avec les États-Unis dans la
destruction du régime Taliban. Peut-être l’ISI
a-t-elle effectivement versé de l’argent à Atta,
lequel aura été choisi comme chef fictif des
terroristes précisément pour cela. Mahmoud, qui
s’était souvent déplacé à Washington depuis
1999, s’y trouvait justement entre le 4 et le 11
septembre 2001. Il aurait alors rencontré George
Tenet, directeur de la CIA, Marc Grossman,
sous-secrétaire d’État pour les affaires
politiques, et peut-être même Condoleezza Rice,
bien que celle-ci l’ait démenti. Au moment des
attentats, il participait à un petit-déjeuner de
travail avec Bob Graham, président de la
Commission sénatoriale du Renseignement, et
Porter Goss, président du Commission du
Renseignement à la Chambre des représentants ;
« Nous avons parlé du terrorisme, notamment
de celui généré en Afghanistan » [111],
selon Graham, qui avec Goss sera nommé dans la
Commission sur le 11-Septembre. On ne sait pas
ce qui a été dit à Mahmoud après la nouvelle des
attentats, mais il sera mis à la retraite le
mois suivant et s’effacera de la vie politique
en rejoignant le mouvement religieux Tablighi
Jamaat, une manière d’emporter son secret
dans sa tombe.
On imagine sans peine pourquoi le secteur de
l’État profond US qui a orchestré le
11-Septembre a pu vouloir faire pression sur le
gouvernement pakistanais : le forcer à s’aligner
sur la thèse officielle du 11-Septembre et, plus
généralement, reprendre en main cet allié
indiscipliné, sous la menace d’être traité en
ennemi en cas de refus de coopérer (« soit
vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les
terroristes »). Mais on peut aussi déceler
dans les rumeurs sur les liens entre Al-Qaïda et
l’ISI une volonté de nuire aux relations entre
le Pakistan et les États-Unis, plutôt qu’à les
améliorer. La mise en scène de la capture de Ben
Laden tend à le confirmer. Elle a permis
d’accuser le Pakistan, après l’Afghanistan,
d’avoir abrité Ben Laden pendant une dizaine
d’années, ce qui constitue aux yeux des
États-uniens une véritable trahison de la part
d’un pays allié. Plusieurs livres défendent
cette ligne, comme celui du vétéran de la CIA
Bruce Riedel, Étreinte
mortelle : le Pakistan, l’Amérique et l’avenir
du Jihad mondial [112].
Selon Riedel, la vie tranquille de Ben Laden
dans la banlieue d’Abbohabad suggère « un
degré incroyable de duplicité » de la part
du Pakistan, qui pourrait être « le
patron secret du jihad global, à une échelle si
dangereuse qu’elle est inconcevable. Nous
aurions alors à repenser entièrement notre
relation au Pakistan et notre compréhension de
ses buts stratégiques » [113].
La guerre contre l’Irak sous le prétexte d’armes
de destruction massive inexistantes, la
déstabilisation de la Syrie par Contrasinterposés,
la menace d’en découdre avec l’Iran sous le
prétexte d’un programme d’armement nucléaire
introuvable, tout cela témoigne d’une volonté
d’embraser le Proche-Orient, tandis que les
accusations de complicité avec Al-Qaïda lancées
contre le Pakistan et l’Arabie saoudite visent à
corroder l’alliance des États-Unis avec ces pays
afin que les États-Unis n’aient plus qu’un seul
allié dans la région : Israël. Ce que semblent
vouloir déclencher les crypto-sionistes est une
guerre mondiale d’où sortiront affaiblis et
morcelés tous les ennemis d’Israël, pour des
décennies à venir, de sorte qu’Israël pourra
même se passer des États-Unis, ruinés par leurs
dépenses militaires comme le fut l’URSS dans les
années 80, et de surcroît détestés à travers le
globe.
-
-
Andrew Cockburn rapporte dans son
livre sur Rumsfeld (2007) cette conversation
entre les deux George Bush : — Qu’est-ce
qu’un néocon ? demande junior. — Tu veux des
noms ou une définition ? — Définition. —
Bon, je t’en donne une en un seul mot :
Israël, répond senior.
Dans un article du Wall
Street Journal du
20 novembre 2001, le néoconservateur Eliot Cohen
parle de la guerre contre le terrorisme comme « la
IVe Guerre mondiale », et le terme sera
repris par d’autres néoconservateurs. En
septembre 2004, un colloque néoconservateur à
Washington incluant Norman Podhoretz et Paul
Wolfowitz s’intitulait « IVe Guerre
mondiale : Pourquoi nous battons-nous, qui
pouvons-nous combattre, comment nous nous
battons » [114].
Cohen y déclarait : « L’ennemi, ce n’est pas
le terrorisme […] mais l’islam militant. »
Comme la Guerre froide (assimilée à une IIIe
Guerre mondiale), la IVe Guerre mondiale vue par
Cohen a des racines idéologiques, sera globale
et durera longtemps, impliquant de nombreux
types de conflits. Le thème de la IVe Guerre
mondiale a été également popularisé par Norman
Podhoretz, dans son article « Comment gagner
la IVe Guerre mondiale » [115]
paru dans Commentaryen
février 2002, suivi par un second article en
septembre 2004, « La IVe Guerre mondiale :
comment elle a comencé, ce qu’elle signifie et
pourquoi nous devons vaincre » [116],
et pour finir un livre intitulé en 2007 IVe
Guerre mondiale : la longue lutte contre
l’islamofascime [117].
Dans son article de 2004, il écrit : « Nous
affrontons une force vraiment perverse dans
l’islam radical et dans les pays qui
nourrissent, abritent ou financent son armée
terroriste. Ce nouvel ennemi nous a déjà attaqué
sur notre propre sol — un exploit que ni
l’Allemagne nazie ni la Russie soviétique
n’avaient réussi — et annonce ouvertement son
intention de nous frapper à nouveau, cette fois
avec des armes infiniment plus puissantes et
mortelles que celles utilisées le 11-Septembre.
Son objectif n’est pas simplement d’assassiner
le plus grand nombre d’entre nous et de
conquérir notre terre. Comme les Nazis et les
communists avant lui, il est déterminé à
détruire tout ce qui est bon dans ce que
représente l’Amérique » [118].
Il semble évident que les néoconservateurs ont
l’intention de léguer comme héritage à
l’humanité une guerre mondiale d’anéantissement
contre la civilisation islamique. Un tel hubris est
incompréhensible sans une connaissance de la
nature historique du sionisme et de ses formes
extrêmes. Le sionisme est avant tout un rêve
biblique : « La Bible est notre mandat »,
proclamait en 1919 Chaim Weisman, futur premier
président d’Israël en 1948. David Ben Gourion,
bien qu’agnostique, était habité par l’histoire
biblique, au point d’adopter le nom d’un général
judéen ayant combattu les Romains. « Il ne
peut y avoir d’éducation politique ou militaire
valable à propos d’Israël sans une connaissance
approfondie de la Bible », répétait-il [119].
Envisageant une attaque contre l’Égypte en 1948,
il écrit dans son journal : « Ce sera notre
vengeance pour ce qu’ils ont fait à nos ancêtres
aux temps bibliques. » [120].
Or, le rêve biblique dont s’inspirent les
sionistes est fondé sur la notion de « peuple
élu », qui est un « racisme métaphysique ».
Les pères du sionisme, majoritairement athées,
ont transposé cette notion dans l’idéologie
dominante de leur temps, en concurrence avec le
racisme germanique. Moses Hess, qui inspira le
fondateur historique du sionisme Theodor Herzl,
opposait aux théories de son ami Karl Marx
l’idée que les guerres de races sont plus
importantes dans l’histoire que les luttes des
classes, et estimait que « la race juive est
une race pure » aux caractères « indélébiles ».
Écoutons également Zeev Jabotinsky, figure
majeure du sionisme : « Un juif élevé au
milieu d’Allemands peut certes adopter les
coutumes allemandes, la langue allemande. Il
peut devenir totalement imprégné de ce fluide
germanique, mais il restera toujours un juif,
parce que son sang, son organisme et son type
racial, sur le plan corporel, sont juifs. »
Ces phrases sont écrites en 1923, deux ans avant
le Mein
Kampf d’Hitler.
Sionisme et nazisme ont fait bon ménage jusqu’à
la fin des années 30, comme l’a démontré Lenni
Brenner [121].
Le rabbin Joachim Prinz, qui deviendra président
de l’American Jewish Congress de 1958 à 1966,
célébrait à Berlin en 1934 les lois raciales
allemandes dans son livre Nous,
les juifs [122] :
« Un État construit sur le principe de la
pureté de la nation et de la race peut être
honoré et respecté par un juif qui affirme son
appartenance à ses semblables. » Au
contraire, selon Prinz, les juifs
assimilationistes sont les ennemis du sionisme
autant que du nazisme.
En 1947-48, le racisme sioniste s’abattra sur
les Palestiniens sous la forme d’un nettoyage
ethnique qui fit fuir 750 000 d’entre eux, soit
plus de la moitié de la population native qui
rappelle celui ordonné par Yahvé à l’encontre
des Cananéens : « faire table rase des
nations dont Yahvé ton Dieu te donne le pays,
les déposséder et habiter leurs villes et leurs
maisons » (Deut 19:1) et, dans les villes
qui résistent, « ne rien laisser subsister de
vivant » (20:16). Pour une communauté comme
pour un individu, le problème ne vient pas de se
croire l’Élu, mais de se croire élu par un dieu
chauvin, raciste et génocidaire.
Le rêve biblique insufflé par Yahvé à son peuple
élu, aussi bien dans l’Exode que
chez les prophètes, n’est pas seulement un rêve
racial et national ; c’est tr��s clairement un
rêve impérial. Jérusalem doit devenir le centre
rayonnant du monde. On évoque souvent ces vers
du deuxième chapitre d’Isaïe comme preuve que le
message prophétique est pacifique : « Ils
briseront leurs épées pour en fait des socs, et
leurs lances pour en faire des serpes. On ne
lèvera plus l’épée nation contre nation, on
n’apprendra plus à faire la guerre. » Mais
on omet toujours les vers précédents, qui
indiquent que ce temps de paix ne viendra que
lorsque « toutes les nations » rendront
hommage « à la montagne de Yahvé, à la Maison
du Dieu de Jacob », lorsque Yahvé, depuis
son Temple, « jugera entre les nations. »
Dans certains cercles intellectuels, le sionisme
moderne se conçoit encore comme un projet de
Nouvel ordre mondial. Jacques Attali se prend
ainsi à « imaginer, rêver d’un Jérusalem
devenant capitale de la planète qui sera un jour
unifiée autour d’un gouvernement mondial. »
Le rêve biblique d’empire est indissociable d’un
cauchemar de guerre mondiale préalable. Le
prophète Zacharie, souvent cité sur les forums
sionistes, prédit dans son chapitre 14 que Yahvé
combattra « toutes
les nations »
liguées contre Israël. En une journée unique,
toute la terre deviendra un désert, à
l’exception de Jérusalem, qui « sera
élevée et demeurera en sa place. »
Le talent prophétique de Zacharie semble lui
avoir donné une vision de ce que Dieu pourrait
faire avec des armes atomiques : « Et
voici quelle sera la plaie dont l’Éternel
frappera tous les peuples qui auront combattu
contre Jérusalem : il fera tomber leur chair en
pourriture pendant qu’ils seront debout sur
leurs pieds, leurs yeux se fondront dans leur
orbite, et leur langue se fondra dans leur
bouche. »
Ce n’est qu’après ce carnage que viendra la paix
mondiale : « Il
arrivera que tous les survivants de toutes les
nations qui auront marché contre Jérusalem
monteront année après année se prosterner devant
le roi Yahvé Sabaot et célébrer la fête des
Tentes. Celle des familles de la terre qui ne
montera pas se prosterner à Jérusalem, devant le
roi Yahvé Sabaot, il n’y aura pas de pluie pour
elle. Etc. »
Le général Wesley Clark a témoigné à de
nombreuses occasions, devant caméras, qu’une
dizaine de jours après le 11 septembre 2001,
lors d’une visite au Pentagone pour y
rencontrer Rumsfeld et Wolfowitz, il apprit
d’un général qu’il refuse de nommer que la
décision était déjà prise au plus haut
niveau d’envahir l’Irak. Deux semaines plus
tard, tandis que les opérations avaient
commencé en Afghanistan, Clark demanda au
même général s’il était toujours question
d’envahir l’Irak, et celui-ci répondit, en
exhibant un document : « Oh, c’est pire
que ça. J’ai ici un mémo qui décrit comment
on va prendre sept pays en cinq ans, en
commençant par l’Irak, puis la Syrie, le
Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan, et
en finissant par l’Iran » [123].
Or, selon Deutéronome 7,
Yahvé livrera à Israël « sept nations
plus grandes et plus puissantes que toi. […]
Yahvé ton Dieu te les livrera, elles
resteront en proie à de grands troubles
jusqu’à ce qu’elles soient détruites. Il
livrera leurs rois en ton pouvoir et tu
effaceras leur nom de dessous les cieux ».
Ces « sept nations », encore évoquées
en Josué 24:11
et Actes 13:19,
font partie des mythes sionistes inculqués
aux écoliers israéliens dès l’âge de neuf
ans, avec le culte de la guerre sainte.
Conformément à l’enseignement de Leo
Strauss, le projet néoconservateur
d’attaquer « sept pays » se nourrit
du mythe biblique des « sept nations ».
[1]
« If there is an intellectual movement in
America to whose invention Jews can lay sole
claim, neoconservatism is it. It’s a thought
one imagines most American Jews,
overwhelmingly liberal, will find
horrifying. And yet it is a fact that as a
political philosophy, neoconservatism was
born among the children of Jewish immigrants
and is now largely the intellectual domain
of those immigrants’ grandchildren. » in
« The Neoconservstism Persuasion », par Gal
Beckerman, The
Forward, 6 janvier 2006.
[2]
« The idea that Jews have been put on
earth to make it a better, perhaps even a
holy, place » in The
Neoconservative Revolution : Jewish
Intellectuals and the Shaping of Public
Policy, par Murray Friedman, Cambridge
University Press (2005).
[3]
« If you had exiled them to a desert
island a year and half ago, the Iraq war
would not have happened. », Cité in
« White man’s burden », par Ari Shavit, Haaretz,
3 avril 2003.
[4] The
Closing of the American Mind : How Higher
Education Has Failed Democracy and
Impoverished the Souls of Today’s Students,
(1988).
[5]
« Leo Strauss and the World of
Intelligence », par Abram Shulsky et Gary
Schmitt (1999). Article
téléchargeable.
[6]
« Deception is the norm in political
life »
[7] Thoughts
on Machiavelli, par Leo Strauss, Free
Press (1958.
[8]
« We are in sympathy with the simple
opinion about Machiavelli, not only because
it is wholesome, but above all because a
failure to take that opinion seriously
prevents one from doing justice to what is
truly admirable in Machiavelli : the
intrepidity of his thought, the grandeur of
his vision, and the graceful subtlety of his
speech. »
[9]
« Machiavelli does not go to the end of
the road ; the last part of the road must be
travelled by the reader who understands what
is omitted by the writer. »
[10]
« To discover from his writings what he
regarded as the truth is hard ; it is not
impossible. »
[11]
« Elliott
Abrams, le "gladiateur" converti à la
"théopolitique" », par Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 14 février 2005.
[12] Faith
or Fear : How Jews Can Survive in a
Christian America, par Elliott Abrams,
Touchstone (1997) : « En-dehors de la
terre d’Israël, il ne peut y avoir de doute
que les juifs, fidèles à l’alliance entre
Dieu et Abraham, doivent se tenir à l’écart
de la nation dans laquelle ils vivent. Il
est dans la nature même d’être juif d’être
séparé – sauf en Israël – du reste de la
population » [[« Outside the land of
Israel, there can be no doubt that Jews,
faithful to the covenant between God and
Abraham, are to stand apart from the nation
in which they live. It is the very nature of
being Jewish to be apart — except in Israel
— from the rest of the population. »
[13]
« There is a place in the world for
non-ethnic nations and there is a place for
ethnic nations. ». Cité in « A
Tragedy of Errors », par Michael Lind,The
Nation, 23 février 2004.
[14]
« The Contentious Magazine That
Transformed the Jewish Left into the
Neoconservative Right. »
[15]
« This is to drive a knife into the heart
of Israel. [...] Jews don’t like big
military budget, but it is now an interest
of the Jews to have a large and powerful
military establishment in the United States.
[...] American Jews who care about the
survival of the state of Israel have to say,
no, we don’t want to cut the military
budget, it is important to keep that
military budget big, so that we can defend
Israel. »
[16]
« A liberal who has been mugged by
reality. »
[17]
« Les
marionnettistes de Washington », par
Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 13 novembre 2002.
[18]
« L’Institut
américain de l’entreprise à la
Maison-Blanche », Réseau
Voltaire, 21 juin 2004.
[19]
« Daniel
Pipes, expert de la haine », Réseau
Voltaire, 5 mai 2004.
[20]
« Paul
Wolfowitz, l’âme du Pentagone », par
Paul Labarique, Réseau
Voltaire, 4 octobre 2004.
[21] The
Real Anti-Semitism in America, par
Nathan Perlmutter, Arbor House Pub Co
(1982).
[22]
« Peacemakers of Vietnam vintage,
transmutters of swords into plowshares »
[23] Dangerous
Liaison : the Inside Story of the
U.S.-Israeli Covert Relationship, par
Andrew and Leslie Cockburn, Harpercollins
(1991).
[24]
« The crazies »
[25]
« Dick
Cheney, le patron des Républicains », Réseau
Voltaire, 18 octobre 2004.
[26]
L’affaire est révélée dans « US Strategy
Plan Calls For Insuring No Rivals Develop »
par Patrick E. Tyler, in New
York Times du
8 mars 1992. Le quotidien publie également
de larges extraits en page 14 : « Excerpts
from Pentagon’s Plan : "Prevent the
Re-Emergence of a New Rival" ». Des
informations supplémentaires sont apportées
dans « Keeping the US First, Pentagon Would
preclude a Rival Superpower » par Barton
Gellman, in The
Washington Post du
11 mars 1992.
[27]
« For deterring potential competitors
from even aspiring to a larger regional or
global role. »
[28]
« Extend the current Pax Americana »
[29]
« A military that is strong and ready to
meet both present and future challenges. »
[30] Rebuilding
America’s Defenses, version française Reconstruire
les défenses de l’Amérique téléchargeable,
traduite par Pierre-Henry Bunel pour
ReOpen911.
[31]
« Able to rapidly deploy and win multiple
simultaneous large-scale wars »
[32]
« A new family of nuclear weapons
designed to address new sets of military
requirements. »
[33]
« The process of transformation […] is
likely to be a long one, absent some
catastrophic and catalyzing event — like a
new Pearl Harbor. »
[34]
« John
Bolton et le désarmement par la guerre », Réseau
Voltaire, 30 novembre 2004.
[35]
« Condoleezza
Rice, toujours "deux fois meilleure que les
autres" », par Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 16 octobre 2008.
[36]
« La
"Guerre des civilisations" », par
Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 4 juin 2004.
[37] The
Israel Lobby and U.S. Foreign Policy par
John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt,
Farrar Straus Giroux. Version française : Le
lobby pro-israélien et la politique
étrangère américaine, La Découverte
(2007).
[38]
« Washington
soucieux de compromettre ses amis », par
Général Guennadi Evstafiev, Réseau
Voltaire, 25 novembre 2005. « Un
ex-cadre de l’AIPAC confirme l’accès du
lobby aux secrets US », Réseau
Voltaire, 4 janvier 2011.
[39]
« Ahmed
Chalabi, parcours d’un aventurier », Réseau
Voltaire, 31 mai 2004.
[40] Soldier :
The Life of Colin Powell, par Karen
DeYoung, Vintage (2007)
[41]
« Separate little government »
[42]
« The JINSA crowd »
[43]
« La
cabale de la Maison-Blanche », par
Lawrence B. Wilkerson, Réseau
Voltaire, 8 novembre 2005.
[44]
« A lot of these guys, including Wurmser,
I looked at as card-carrying members of the
Likud party, as I did with Feith. You
wouldn’t open their wallet and find a card,
but I often wondered if their primary
allegiance was to their own country or to
Israel. That was the thing that troubled me,
because there was so much that they said and
did that looked like it was more reflective
of Israel’s interest than our own. »
[45]
« The most hawkishly pro-Israel voice in
the Administration »
[46] Zionism,
Militarism and the Decline of U.S. Power,
par James Petras, Clarity Press (2008)
[47] Israel
and the Clash of Civilisations Iraq, Iran,
and the Plant to Remake the Middle East,
par Jonathan Cook, Pluto Press (2008).
[48] The
Transparent Cabal : The Neoconservative
Agenda, War in the Middle East and the
National Interest of Israel, par Ihs
Press (2008)
[49] A
Clean Break : A New Strategy for Securing
the Realm, IASPS, 8 juillet 1996. Une version
abrégée est disponible sur le site de
l’IASPS. Le contenu complet du document
est connu par les compte rendus que le Guardian en
fit à l’époque.
[50]
« To engage every possible energy on
rebuilding Zionism, »
[51]
« Our claim to the land — to which we
have clung for hope for 2,000 years — is
legitimate and noble. […] Only the
unconditional acceptance by Arabs of our
rights, especially in their territorial
dimension, ‘peace for peace,’ is a solid
basis for the future. »
[52]
« Everybody has to move, run and grab as
many hilltops as they can to enlarge the
settlements because everything we take now
will stay ours »
[53]
« Les
néo-conservateurs et la politique du "chaos
constructeur" », par Thierry Meyssan,
Réseau Voltaire, 25 juillet 2006.
[54]
Sous la présidence de Richard Perle, le
Defense Policy Board Advisory Committee
comprennait Kenneth Adelman, Richard V.
Allen, Martin Anderson, Gary S. Becker,
Barry M. Blechman, Harold Brown, Eliot
Cohen, Devon Cross, Ronald Fogleman, Thomas
S. Foley, Tillie K. Fowler, Newt Gingrich,
Gerald Hillman, Charles A. Horner, Fred C.
Ikle, David Jeremiah, Henry Kissinger,
William Owens, J. Danforth Quayle, Henry S.
Rowen, James R. Schlesinger, Jack Sheehan,
Kiron Skinner, Walter B. Slocombe, Hal
Sonnenfeldt, Terry Teague, Ruth Wedgwood,
Chris Williams, Pete Wilson et R. James
Woolsey, Jr.
[55] Coping
with Crumbling States : A Western and
Israeli Balance of Power Strategy for the
Levant, IASPS, décembre 1996.
[56]
« The residual unity of the nation is an
illusion projected by extreme repression of
the state. »
[57]
« The
Case for Toppling Saddam. The longer America
waits, the more dangerous he becomes »,
par Benjamin Netanyahu, The
Wall Street Journal, 20 septembre 2002.
[58]
« A dictator who is rapidly expanding his
arsenal of biological and chemical weapons,
who has used these weapons of mass
destruction against his subjects and his
neighbors, and who is feverishly trying to
acquire nuclear weapons. »
[59]
« Ben Laden was involved in the first
attack on the WTC which had as its intention
doing exactly what happened here, which is
the collapse of those towers. He certainly
has to be a prime suspect. But there are
others in the Middle East, and there are at
least two States, Iran and Irak, which
should at least remain on the list as
essential suspects. »
[60]
« It is the day that will change our
lives. It is the day when the war that the
terrorists declared on the US [...] has been
brought home to the U.S. »
[61]
« In language familiar to the Americans
by tapping into themes of American
administrations during the cold war which
apply well to Israel. »
[62]
« Promote Western values and traditions.
Such an approach […] will be well received
in the United States. »
[63]
« Such self-reliance will grant Israel
greater freedom of action and remove a
significant lever of [United States]
pressure used against it in the past. »
[64] An
End to Evil : How to Win the War on Terror,
par Richard Perle et David Frum, Ballantine
Books (2003). Lire : « Le
programme des faucons pour 2004 », par
Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 25 décembre 2003.
[65]
« End this evil before it kills again and
on a genocidal scale. There is no middle way
for Americans : It is victory or holocaust. »
[66]
« Why would Iraq attack America or use
nuclear weapons against us ? I’ll tell you
what I think the real threat is and actually
has been since 1990 : it’s the threat
against Israel. And this is the threat that
dare not speak its name, because the
Europeans don’t care deeply about that
threat, I will tell you frankly. And the
American government doesn’t want to lean too
hard on it rhetorically, because it is not a
popular sell. »
[67]
« No one should doubt that the United
States and Israel share a common enemy. We
are both targets of what you have correctly
called an “Axis of Evil.” Israel is targeted
in part because it is our friend, and in
part because it is an island of liberal,
democratic principles — American principles
— in a sea of tyranny, intolerance, and
hatred. »
[68]
« Today we are all Americans […] For the
bin Ladens of the world, Israel is merely a
sideshow. America is the target. »,
Testimony of former Israeli Prime Minister
Netanyahu before House Government Reform
Committee.
[69]
« We are all Israelis now. »
[70]
« Since September 11th, we Americans have
one thing more in common with Israelis. On
that day America was attacked by suicide
bombers. At that moment every American
understood what it was like to live in
Jerusalem, or Netanya or Haifa. And since
September 11th, Americans now know why we
must fight and win the war on terrorism. »
in Transcript
of remarks at Pro-Israel Rally, par Paul
Wolfowitz, West Front of United States
Capitol, Washington D.C., lundi 15 avril
2002.
[71]
« Since the Sept 11th attack on the US,
Israel’s PR strategy has been to frame all
Palestinian action, violent or not, as
terrorism. To the extent that they can do
that, they’ve repackaged an illegal military
occupation as part of America’s war on
terror » In Peace,
Propaganda and the Promised Land,
documentaire de Sut Jhally et Bathsheba
Ratzkoff (2004)
[72]
« To integrate and leverage history and
communications for the benefit of Israël »
[73] Wexner
Analysis : Israeli Communication Priorities
2013. Version française La
communication israélienne pour 2003 selon la
Fondation Wexner, Traduction Marcel
Charbonnier, Réseau
Voltaire, 4 juillet 2003.
[74]
« The two words that tie Israel to
America » et « two of the most hated
words in the English language right now »
[75]
« For a year — a SOLID YEAR — you should
be invoking the name of Saddam Hussein and
how Israel was always behind American effort
to rid the world of this ruthless dictator
and liberate their people. »
[76]
Greg Felton, The
Host and the Parasite : How Israel’s Fifth
Column Consumed America, Bad Bear Press,
2010, p. 248-9.
[77] The
War Against the Terror Masters : Why It
Happened, Where We Are Now, How We’ll Win,
par Michael Ledeen, St. Martin’s Griffin
(2003).
[78]
« If we destroy the terror masters in
Baghdad, Damascus, Tehran, and Riyadh, we
might have a chance of brokering a durable
peace [in Palestine]. »
[79] Tyranny’s
Ally : America’s Failure to Defeat Saddam
Hussein, par David Wurmser, AEI Press
(1999)
[80] Study
of Revenge : The First World Trade Center
Attack and Saddam Hussein’s War Against
America, par Laurie Mylroie avec une
préface de James Woolsey, AEI Press (2000).
[81]
« An undercover war of terrorism, waged
by Saddam Hussein »
[82]
« A phase in a conflict that began in
August 1990, when Iraq invaded Kuwait, and
that has not ended. »
[83]
« Splendid and wholly convincing »
[84]
« Even if evidence does not link Iraq
directly to the attack, any strategy aiming
at the eradication of terrorism and its
sponsors must include a determined effort to
remove Saddam Hussein from power in Iraq.
Failure to undertake such an effort will
constitute an early and perhaps decisive
surrender in the war on international
terrorism. »
[85]
« Broad linkages »
[86]
Initialement, l’unité était appelée Office
for the Strategic Influence (OSI), cf. « Rumsfeld
cible la France et l’Allemagne », par
Thierry Meyssan, Réseau
Voltaire, 2 janvier 2003. Elle devient
par la suite Office of Special Plans (OSP),
cf. Histoire
secrète du Mossad : de 1951 à nos jours,
par Gordon Thomas, Points, 2007, p. 552-554.
[87]
« Usurp measured and carefully considered
assessments, and through suppression and
distortion of intelligence analysis
promulgate what were in fact falsehoods to
both Congress and the executive office of
the president. » « This was
creatively produced propaganda. »
[88] Syria
Accountability and Lebanese Sovereignty
Restoration Act
[89]
« To halt Syrian support for terrorism,
end its occupation of Lebanon, stop its
development of weapons of mass destruction. »
[90]
« Let’s
Defeat Syria, Not Apease It », par
David Wurmser, The
Wall Street Journal, 25 février 2000. Le
plan initial prévoyait de frapper la Syrie
par le Liban, ce n’est qu’après la
surprenante victoire du Hezbollah en 2006
contre Israël que les néoconservateurs
envisagèrent de recourir à l’OTAN.
[91]
« Syria will slowly bleed to death »
[92] Countdown
to Crisis : The Coming Nuclear Showdown With
Iran, par Kenneth Timmerman, Crown Forum
(2005)
[93]
« The regime of Teheran has a choice to
make. […] If Iran makes the wrong choice,
America will act to protect our interests
and our troops and our Iraqi partners. »
[94]
« The secret cabal got what it wanted :
no negociations with Tehran. »
[95] Iran :
Nuclear Intentions and Capabilities,
National Intelligence Estimates (2007).
Version française : « Iran :
intentions et possibilités nucléaires,
extraits du NIE », Réseau
Voltaire, 17 décembre 2007.
[96]
« Washington
décrète un an de trêve globale », par
Thierry Meyssan,Réseau Voltaire, 3
décembre 2007.« Réactions
internationales à la publication du NIE sur
l’Iran », Réseau
Voltaire, 17 décembre 2007.
[97]
« Put a virtual armada, unannounced, on
Iran’s doorstep »
[98]
« La
Maison-Blanche sacrifiera-t-elle la Ve
flotte pour justifier la destruction
nucléaire de l’Iran ? », par Michael
Salla, Traduction Marcel Charbonnier, Réseau
Voltaire, 18 novembre 2007. Information
confirmée quatre ans plus tard : « Why was a
Navy adviser stripped of her career ? », par
Jeff Stein, The
Washington Post, 21 août 2012
[99]
« The
Saudi Connection », par David Wurmser, The
Weekly Standard, 29 octobre 2001.
[100]
« Discourses on Democracy : Saudi Arabia,
Friend or Foe ? », 6 juin 2003
[101] Hatred’s
Kingdom : How Saudi Arabia Supports the New
Global Terrorism, par Dore Gold, Regnery
Publishing (2004).
[102]
« The kernel of evil, the prime mover,
the most dangerous opponent »
[103]
« Iraq is the tactical pivot. Saudi
Arabia the strategic pivot. Egypt the prize. »
[104] Princes
of Darkness : the Saudi Assault on the West,
par Laurent Murawiec, Rowman & Littlefield
(2005). La version originale rédigée en
français n’a pas été publiée.
[105] La
Face cachée du 11 Septembre, par Éric
Laurent, Plon (2004)
[106]
« The Saudis qualify for their own
membership in the axis of evil »
[107]
« Tell the truth about Saudi Arabia »
[108] Declaration
of War Against the Americans Occupying the
Land of the Two Holy Places
[109]
« He became president, but he didn’t know
why, and on sept 11, he discovered why. »
[110]
« US authorities sought his removal after
confirming the fact that $100,000 were wired
to WTC hijacker Mohamed Atta from Pakistan
by [ISI agent] Ahmed Omar Saïd Sheikh at the
instance of General Mahmud. » in « India
helped FBI trace ISI-terrorist links »,
par Manoj Joshi, Times
of India, 9 octobre 2001.
[111]
« We were talking about terrorism,
specifically terrorism generated from
Afghanistan », cité in « Secret
Hearings hide 911 terrorist links to
Congress/White House », par Tom Flocco, American
Free Press, 8 octobre 2002.
[112] Deadly
Embrace : Pakistan, America, and the Future
of Global Jihad, par Bruce Riedel,
Brookings Institution
[113]
« An astonishing degree of duplicity »,
« the secret patron of global jihad on a
scale almost too dangerous to conceive. We
would need to rethink our entire
relationship with Pakistan and our
understanding of its strategic motives. »
[114]
« World War IV : Why We Fight, Whom We
Fight, How We Fight », colloque organisé par
leCommittee on the Present Danger et la
Foundation for the Defense of Democracies,
Mayflower Hotel (Washington), 29 septembre
2004. En présence de Paul Wolfowitz, John
Kyl, Joseph Lieberman, R. James Woolsey,
Norman Podhoretz, Eliot Cohen, Rachel
Ehrenfeld.
[115]
« How to Win World War IV »
[116]
« World War IV : How It Started, What It
Means, and Why We Have to Win »
[117] World
War IV : The Long Struggle Against
Islamofascism, par Norman Podhoretz,
Vintage (2008).
[118]
« We are up against a truly malignant
force in radical Islamism and in the states
breeding, sheltering, or financing its
terrorist armory. This new enemy has already
attacked us on our own soil — a feat neither
Nazi Germany nor Soviet Russia ever managed
to pull off — and openly announces his
intention to hit us again, only this time
with weapons of infinitely greater and
deadlier power than those used on 9/11. His
objective is not merely to murder as many of
us as possible and to conquer our land. Like
the Nazis and Communists before him, he is
dedicated to the destruction of everything
good for which America stands. »
[119]
« There can be no worthwhile political or
military education about Israel without
profound knowledge of the Bible » in Ben-Gurion,
Prophet of fire, par Dan Kurzman, Simon
and Schuster (1983).
[120]
« This will be our revenge for what they
did to our ancestors in biblical times ».
Cité in The
Ethnic Cleansing of Palestine, par Ilan
Pappé, Oneworld Publications. Version
française : Le
Nettoyage ethnique de la Palestine,
Fayard (2008).
[121] Zionism
in the Age of the Dictators, Lawrence
Hill & Co (1983) et 51
Documents : Zionist Collaboration with the
Nazis, Barricade Books (2009)
[122] Wir
Juden, par Joachim Prinz (1934).
[123]
« Oh, it’s worse than that. This is a
memo that describes how we’re gonna take out
seven countries in five years, starting with
Irak, and then Syria, Lebanon, Libya,
Somalia and Sudan and finishing off with
Iran. »